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PASSIONNER, verbe trans.
A. − [Corresp. à passion C]
1. Vx ou littér. [Corresp. à passion C 1] Qqc./qqn passionne qqn.Inspirer de la passion, un intérêt puissant et exclusif chez quelqu'un. Synon. enflammer, enthousiasmer, exalter.Les idées qui passionnent mes contemporains me laissent absolument froid (Delacroix, Journal, 1853, p.12).Les seuls problèmes qui, en fin de compte, passionnent les hommes. Christianisme, métaphysique, origine de l'univers, destination suprême, rôle de l'humanité (Massis, Jugements, 1923, p.14).
Empl. pronom. Il se passionnait pour l'égalité des hommes, pour les idées modernes, pour les revendications des pauvres, des écrasés, des souffrants (Maupass., Mont-Oriol, 1887, p.19).
2. En partic. [Corresp. à passion C 2]
a) Vx. [Corresp. à passion C 2 a] Qqn passionne qqn.Donner de l'amour, faire devenir amoureux:
1. ... si, à la vérité, sous quelque habit que ce fût, une jeune fille m'eût vivement ému, sous l'aspect de celle-ci elle devait m'enflammer, me passionner sans mesure. C'est ce qui ne manqua pas d'arriver, en sorte que je me trouvai subitement épris de cette jeune Antigone. Toepffer, Nouv. genev., 1839, p.105.
Rare. Qqn passionne qqc.Donner à quelque chose le caractère de la passion amoureuse. L'amitié est le lien de deux âmes pareilles (...) je ne vous défends pas de passionner cette amitié, de la troubler par la voix de l'amour (Balzac, Mém. jeunes mariées, 1842, p.216).
b) [Corresp. à passion C 2 b] Qqc./qqn passionne qqc.Rendre intense le caractère de quelque chose. Synon. exacerber.C'est en passionnant le sentiment national (...) que les «militaristes» ont enlevé le vote (Jaurès, Armée nouv., 1911, pp.21-22).
c) [Corresp. à passion C 2 c β ] Qqc./qqn passionne qqc.Empreindre de passion; mettre de l'ardeur, de la chaleur, de la fièvre, du lyrisme dans. Synon. animer, enflammer.Passionner ses écrits, un discours. Écoutez du pigeon, épris de sa maîtresse, Le doux roucoulement exprimer sa tendresse; Il approche, il s'éloigne, il revient mille fois, Arrange son maintien, passionne sa voix (Delille, Trois règnes nature, 1808, p.208).
Absol., rare. [En parlant d'un moyen d'expression artist.] Qqc. passionne.Faire s'enflammer, faire vibrer. Alors, tandis que les musiques passionnaient en force, (...) un orage de voix patoises jaillit (D'Esparbès, Roi, 1901, p.43).
Empl. pronom. Qqc. se passionne:
2. Elle avait une jolie voix, et elle lui chantait les airs qu'elle aimait; mais, dès que son chant se passionnait un peu: Non! non! s'écriait le mari en bouffonnant, pas tant d'âme, ma chère, ou je m'évanouis! Feuillet, Hist. Paris., 1881, p.24.
d) [Corresp. à passion C 2 d] Qqc./qqn passionne qqn.Éveiller un très vif intérêt, un goût extrême pour. Synon. captiver, emballer (fam.), enthousiasmer, fasciner.Conversation, récit, spectacle qui passionne. Cette odeur sucrée des cotonnades bleues neuves, est-ce qu'elle me passionne, ou bien si elle me donne envie de vomir? (Colette, Cl. Paris, 1901, p.38).
B. − P. ext. [Corresp. à passion D]
1. Empl. pronom. Qqn se passionne de qqc. (vx), qqn se passionne pour qqc.S'intéresser vivement à. Synon. s'emballer (fam.), s'engouer, s'enthousiasmer, s'enticher, raffoler, se toquer (fam.); anton. détester, abhorrer.Mon ami, au lieu de se révolter contre ma barbarie, se passionna pour elle (Chateaubr., Mém., t.1, 1848, p.482).Spectacles, l'Odéon, Français... Je me passionnais pour tout. Toutes mes facultés étaient ardentes (Dupanloup, Journal, 1876, p.3).Il s'attacha à l'ethnographie; bientôt, il se passionna pour elle (Marin, Ét. ethn., 1954, p.17).
2. Qqc./qqn passionne qqc.Donner beaucoup d'intérêt à. Passionner un air. Il donnait un intérêt, une âme, une vie aux éléments les plus arides. Il arrivait à passionner la grammaire et l'arithmétique, les rendait pour ses élèves intéressantes comme des contes. Et il était vraiment l'instituteur-né (Zola, Vérité, 1902, p.43).Tirant de sa prodigieuse mémoire une multitude de faits curieux et d'amusantes historiettes, animant l'histoire et passionnant l'archéologie (A. France, Hist. comique, 1903, p.192).
C. − [Corresp. à passion E 1] Qqc./qqn passionne qqc.Susciter des réactions passionnées, de l'agressivité, de l'emportement, avec souvent du manque d'objectivité et du parti pris. Passionner un débat. Dix minutes après, un autre jeune homme (...) éleva la voix en passionnant une discussion politique (Balzac, Pts bourg., 1850, p.48).Les intérêts, enflammés par les événements, achevant de passionner les esprits, l'antagonisme religieux, politique, social, de la tradition et du rationalisme diviserait moralement la France nouvelle plus encore que l'ancienne (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.591).
Empl. pronom. S'emporter, faire preuve de passion partisane, manifester de la prévention, des opinions tranchées:
3. ... les conseillers municipaux (...) se passionnent lors des débats financiers pour quelques centaines de francs de subvention à telle ou telle association locale. Pour le reste du budget communal, ils sont sans réaction et expriment un vote sur des projets de plusieurs millions, sans savoir et sans comprendre. Fonteneau, Conseil munic., 1965, p.102.
Prononc. et Orth.: [pasjɔne], [pɑ-]. Martinet-Walter 1973 [a], [ɑ] (13/4). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. Faire souffrir 1. ca 1223 paissïoné de paissïon «tourmenté de souffrances physiques» ici, en parlant des damnés en enfer (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. F. Koenig, II Dout. 34, 774, t.4, p.470); 2. id. trans. «faire souffrir, tourmenter moralement» (Id., ibid., Li Salu Nostre Dame, II Sal 35, I, 365, t.4, p.561: Ave dame. Tes cuers mout fu passïonés Quant veïs que tes fius fu a passïon nés); 3equart xves. soi passionner de aucun «s'inquiéter de quelqu'un» (Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.2, p.186). B. 1. a) Rendre passionné, susciter, engendrer des réactions passionnées fin xves. passionné de «plein de colère, furieux de» (Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t.1, p.6, 18); 1559 soi passionner «se laisser emporter par la passion» (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Fabius Maximus, § XXIII, éd. G. Walter, t.1, p.392); 1579 un passionné subst. masc. (P. de Larivey, Les escolliers, III, 4, éd. Anc. théâtre fr., t.6, p.138); b) av. 1577 «inspiré par la passion» calomnies passionnées (B. de Monluc, Commentaires, éd. P. Courteault, I, p.83); 2. 1554 passionner apres «s'éprendre, tomber amoureux de» (Ronsard, Le Bocage, XI, 12 ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.6, p.56); 1588 vers passionnés (Ollenix du Mont-Sacré, Sec. liv. des Berg. de Julliette, fol. 29 vods Gdf. Compl.); 1607 passionné de «fortement épris de (quelqu'un)» (H. d'Urfé, L'Astrée, 1repart., IV, éd. H. Vaganay, t.1, p.108); 3. 1580 se passionner de «s'intéresser avec passion à, être captivé par (quelque chose)» (Montaigne, Essais, I, XXXIX ds OEuvres, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.242); 1588 trans. (Id., ibid., III, IX, p.997); 1857 passionnant «qui captive» (Gobineau, Corresp. [avec Tocqueville], p.282); 4. 1675 «donner un caractère, un tour animé» (Bouhours, Rem. ds Littré: Passionner se dit depuis quelques années pour réciter avec ardeur, mettre de la passion dans ses paroles:... elle passionne tous les airs). Dér. de passion*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 590. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 463, b) 650; xxes.: a) 1512, b) 855. Bbg. Gohin 1903, p.291.