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NUE, subst. fém.
A. − Gén. au sing., vieilli, poét. ou littér.
1. Synon. de nuage.
a) Nuage, généralement élevé dans le ciel; ensemble des nuages. Nue sombre, petite, sereine; déchirer, traverser la (les) nue(s). Songes d'été, assoupis dès l'aube sur les nues diaphanes, désirs ailés, soupirs qui valent l'univers (Quinet, Ahasvérus, 1833, 3ejournée, p.216).Là-bas, sous la nue qui traînait en franges, couleur de ces bourres au tronc de sapins, un pâle éclairage faisait les monts du Forez blancs comme après quelque neige (Pourrat, Gaspard, 1922, p.133):
1. Aussi, pendant les soirs d'hiver, la nuit venue, Surtout quand du croissant une ouateuse nue Emmaillotte la corne en un flot de vapeur, Personne, −non pas même Eisenbach le ministre, − N'ose passer devant ce repaire sinistre Sans trembler et blêmir de peur. Gautier, Albertus, 1833, p.127.
b) P. anal. [Gén. suivi d'un compl. de nom] V. nuage B 2.Une nue d'odeur, de senteur. La première voiture automobile n'est pas loin, roulant sur sa petite nue de poussière vers une plage (Colette, Naiss. jour, 1928, p.10).Sa compagne ravissante [du matou] étale (...) son ventre où point, dans une nue de poil bleuâtre, une seule tétine rose (Colette, Naiss. jour, 1928, p.22).
c) Au fig. V. nuage C 2.Tout à coup, entre le soleil et la vie, passe je ne sais quelle nue d'une froideur mortelle. L'angoisse générale naît (Valéry, Variété IV, 1938, p.69).
2. P. méton. Le ciel, l'atmosphère, nuageuse ou non. Fendre la (les) nue(s). Il lui venait maintenant [à Figure], à les voir [les étoiles] traverser la nue d'une soudaine lueur, un sentiment pénible (Carco, Équipe, 1919, p.195):
2. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Rimbaud, Poés., 1871, p.76.
B. − Au plur., dans qq. loc. verb. fig.
1. Vieilli
a) Aller aux nues. Avoir droit aux honneurs les plus grands. Si tous les rôles étaient tenus comme celui de Florentin, la pièce irait aux nues (A. France, Hist. comique, 1903, 74).
b) Monter, sauter aux nues. Être dans une vive colère, dans un état excessif d'excitation ou d'indignation. (Dict. xixeet xxes.).
2. Moderne
a) Être, se perdre dans les nues. Synon. être dans la lune*, dans les nuages (v. nuage C 1).Votre grande âme est un peu trop dans les nues, vous oubliez le grand mot de notre siècle, l'argent (Stendhal, Mém. touriste, t.2, 1838, p.226).
b) Tomber des nues
[Le suj. désigne une pers.] Manifester une grande surprise à propos d'un événement inattendu. Je tombe des nues; je ne connais rien au caractère des hommes (Stendhal, Chartreuse, 1938, p.131):
3. catherine: Ah! son entreprise est très-bien déguisée... Autrement j'aurais déjà coupé court à ses petites manoeuvres. octavie: Je tombe des nues. catherine: Tombez-en, mais à l'avenir ne lui prêtez plus la main... Augier, Lions, 1870, VI, p.164.
[Le suj. désigne un inanimé] Survenir à l'improviste, contre toute attente. Synon. tomber du ciel*.Quoi! si demain vous étiez riche et heureuse, si une immense fortune vous tombait des nues, vous aimeriez encore le jeune homme pauvre qui vous aurait plu durant vos jours de détresse? (Balzac, Goriot, 1835, p.177).Il s'étonnait de cette notoriété soudaine qui lui tombait des nues (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p.1091).
c) Élever, porter aux nues; mettre qqn ou qqc. aux nues. Lui attribuer des mérites excessifs, le surestimer. Le public de province (...) adopte peu la passion du roi des Français, le juste-milieu: il vous met aux nues ou vous plonge dans la fange (Balzac, Muse départ., 1844, p.94).Les jeunes grammairiens qui l'entourent portent aux nues sa simplicité savante, sa phrase aussi rouée qu'une ingénue de théâtre, les détours de sa dialectique, l'immensité de son savoir (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p.280).
Emploi pronom. S'élever au sommet de la gloire. Un danseur qui, en Italie, s'était élevé jusqu'aux nues, vient débuter à Paris, (Berlioz, Grotesques, 1859, p.40).
Prononc. et Orth.: [ny]. Homon. nu. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. 1. a) Début du xiies. «nuage» (St Brendan, éd. I. Short et Br. Merrilees, 214); b) α) 1176-84 Dieu qui est desour la nue «Dieu est au-dessus de la nue» (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 2070); β) ca 1220 sous la nüe «sous le ciel, en ce monde» (Amadas et Ydoine, 1742 ds T.-L.); 2. a) α) 1538 mettre quelqu'un jusques aux nues «louer avec excès» (Est. d'apr. FEW t.7, p.218b); 1759 mettre aux nues «id.» (Voltaire, Lettre à Mmedu Deffant, 5 janv. ds Littré); β) 1739 porter aux nues «id.» (Marivaux, Les Sincères, p.472); b) tomber des nues α) 1647 «arriver à l'improviste» (Corneille, Heraclius, II, 1); β) 1666-67 «être extrêmement surpris» (La Fontaine, Contes, II, 8 ds OEuvres, éd. H. Régnier, t. 4, p.353). D'un lat. pop. *nuba, altération du lat. class. nubes «nuage; essaim; multitude; obscurité, voile (fig.)» qui survit dans l'a. prov. niu «nuage» (1remoitié du xiiies. ds Rayn. t.4, p.307; ca 1300 ds Lévy Prov.) et le port. nuvem «id.». Nue a été remplacé, dans l'usage commun, par nuage et ne subsiste que dans qq. loc. verb. Fréq. abs. littér.: 731. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 897, b) 1182; xxes.: a) 1293, b) 927. Bbg. Quem. DDL t. 13, 20.