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MISÈRE1, subst. fém.
A. −
1. Vx, littér. Condition pénible de nature physique, matérielle ou morale, susceptible d'inspirer la pitié. Synon. détresse, infortune, malheur.Il [l'homme] apprit à distinguer les plantes utiles des nuisibles, à combattre les élémens, à saisir une proie, à défendre sa vie; et il allégea sa misère (Volney,Ruines,1791, p.43):
1. Si misérable qu'il se connût, il se connaissait pourtant supérieur à ceux-là qui avaient préféré la plume d'oie de l'écrivain à la palme du martyr. Car dans sa misère la plus grande, il portait encore le germe de la vie, au lieu que les autres, dans leur grandeur, portaient le germe de la mort. Psichari,Voy. centur.,1914, p.54.
[Sous forme d'exclam.] Misère! Misère de moi Et, bien malgré moi, misère du bon Dieu! Je suis nommé maire au premier tour de scrutin, avec une écrasante majorité!! (Gide,Corresp.[avec Valéry], 1896, p.264).Est-ce que je pouvais me douter qu'un jour... Misère de misère... D'autant qu'on ne sait jamais avec ces galopins (Bernanos,M. Ouine,1943, p.1399).
2. RELIG. État de faiblesse de l'être humain. Ce dialogue est un véritable poëme lyrique entre le prêtre et le cathécumène; le premier, plein de jours et d'expérience, gémissant sur la misère de l'homme (Chateaubr.,Génie,t.2, 1803, p.303).L'histoire du Christ est la preuve expérimentale que la misère humaine est irréductible (S. Weil,Pesanteur,1943, p.123):
2. Le Christ de Pascal n'a pas su racheter le monde, lequel, s'il en fallait croire les Pensées, attesterait, aujourd'hui encore, par une misère sans nom, soit le venin tenace de la blessure originelle, soit la nécessité persistante d'un «Réparateur». Bremond,Hist. sent. relig.,t.4, 1920, p.399.
3. Ce qui rend une condition pénible, difficile:
3. À lire la description de cette maison légendaire, on pourrait croire que les menues et grandes misères de la vie lui étaient épargnées par l'effet d'une bénédiction nominale, et ce serait une erreur. Duhamel,Suzanne,1941, p.126.
Loc., région. (Ouest, Canada). Avoir de la misère à. Avoir de la peine à. Ils ont chaviré un des canots à la descente en sautant un rapide et nous avons eu de la misère à repêcher les pelleteries (Hémon,M. Chapdelaine,1916, p.84).Sans misère. Sans difficulté. Parlez-moi d'un thé assez fort qu'il porte la hache, sans misère (Guèvremont,Survenant,1945, p.12).
Le plus souvent au plur.
(Petites) misères. Ennuis de santé, douleurs physiques. Toutes ces misères de santé sont un des plus grands chagrins de la vie (Gobineau,Corresp.[avec Tocqueville], 1854, p.221).Vous ne savez pas quelles misères nous avons subies, nous sommes tous malades (Sand,Hist. vie,t.2, 1855, p.218).L'hystérie, la suggestion, tout le cortège des misères nerveuses (Curel,Nouv. idole,1899, i, 6, p.182).
Lit de misère. ,,Lit où l'on étend une femme qui va accoucher ou un malade`` (Lar. 19e).
Souffrances morales. Ajoutez à nos misères morales les massacres de la Pologne, la guerre d'Amérique, etc. (Flaub.,Corresp.,1863, p.112).Ceux qui voyagent sans repos, ceux qui errent solitaires (...) ceux-là connaissent la périodicité, le retour normal des crises de misère morale, la maladie de l'isolement (Colette,Music-hall,1913, p.99).
Faire des misères à qqn. Causer des ennuis à quelqu'un. − Vous avez donc fait des misères au jeune vicomte? − Non, dit-elle en jetant un regard à la dérobée sur Rodolphe (Murger,Scènes vie boh.,1851, p.290).
Région. (Belgique). Chercher misère à qqn. ,,Faire des misères à quelqu'un`` (Baet. 1971, p.397). Att. aussi en Lyonnais.
B. −
1. Extrême pauvreté. Synon. besoin, dèche (pop.), mouise (pop.), pénurie; anton. aisance, luxe, richesse.Tomber, vivre dans la misère; réduire qqn à la misère; plonger qqn dans la misère; sortir qqn de la misère. Son but [à l'héroïsme moderne], qui est la découverte du vrai et la diminution de la misère universelle (Lemaitre,Contemp.,1885, p.62).La misère prolétarienne a cessé, pour un temps, d'être cette évidence massive, flagrante, universelle, qui avait assiégé notre jeunesse de sa clameur et de son objurgation (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p.173):
4. Marius depuis cinq ans avait vécu dans la pauvreté, dans le dénuement, dans la détresse même, mais il s'aperçut qu'il n'avait point connu la vraie misère (...) qui n'a vu que la misère de l'homme n'a rien vu, il faut voir la misère de la femme; qui n'a vu que la misère de la femme n'a rien vu, il faut voir la misère de l'enfant. Hugo,Misér.,t.1, 1862, p.882.
Misère noire. Le coron tombait à la misère noire (Zola,Germinal,1885, p.1354).
Misère dorée*.
MÉD. Misère physiologique. ,,État d'amaigrissement extrême par dénutrition générale`` (Carr.-Dess. Psych. 1976).
Locutions
avec valeur d'adj. De misère. Misérable. Maurice de Fleury vient me voir, au moment de partir pour contracter un mariage de misère à Bordeaux (Goncourt,Journal,1888, p.750).Nous avons toujours tout payé en monnaie de misère (Camus,État de siège,1948, 3epart., p.276).
Crier, pleurer misère. Se plaindre. Sa femme est venue crier misère chez moi lundi dernier (Flaub.,Corresp.,1865, p.24).Elle est gentille, maman Coupeau, de pleurer misère partout! (Zola,Assommoir,1877, p.522).
2. P. méton., littér. Ensemble des miséreux. La misère invente et la propriété recueille (Proudhon ds Lar. Lang. fr.).
3. Au fig. Indigence dans le domaine de l'esprit. Tout alla bien jusqu'au dessert, la misère des propos ne gênant personne (Maupass.,Contes et nouv.,t.1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.326).Au cours de ce siècle (...) on n'a pas vu une période d'une misère intellectuelle comparable à celle que pour l'instant nous vivons (Barrès,Cahiers,t.1, 1897, p.158):
5. C'est cette pauvreté, cette misère spirituelle et cette richesse temporelle qui a tout fait, qui a fait le mal. Péguy,Notre jeunesse,1910, p.136.
C. − Caractère de ce qui est digne de mépris, et p. méton., chose de peu d'importance. Synon. bagatelle, broutille (pop.), foutaise (pop.), futilité, vétille.L'éternelle misère de tout. La question argent n'est-elle pas une misère, un rien dans ces grands rouages préparés? (Balzac,Contrat mar.,1835, p.356).Je viens seulement parler à (...) Kean d'une affaire de théâtre, une misère, rien du tout (Dumas père, Kean,1836, iii, tabl. 3, 9, p.147).Misères que le papier, l'encre, le verbe, la cadence. Ces riens plus durables que l'essentiel (Valéry,Tel quel I,1941, p.203).
REM.
-misère, élém. de compos.V. cache-misère, pleure-misère, traîne-misère.
Prononc. et Orth.: [mizε:ʀ]. Ac. 1694 et 1718: -se-; 1740: -sé-; dep. 1762: -sè-. Étymol. et Hist. 1. a) 1remoitié du xiies. miserie «malheur, disgrâce, état malheureux» (Psautier Oxford, 39, 2 ds T.-L.); ca 1165 misere (Benoît de Ste-Maure, Troie, 25073, ibid.); b) 1690 collier de misère (Fur); c) 1849 misère de moi! (Flaub., Tentation, p.481); 2. a) début xives. «souffrances physiques» (Guillaume de Saint-Pathus, Miracles de Saint Louis, éd. Percival B. Fay, LII, 39); b) 1798 lit de misère (Ac.); 1868 faire des misères à qqn (Littré); 3. ca 1460 «la faiblesse et le néant de l'homme» (Chastellain, Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t.1, p.2); 4. a) 1611 «extrême pauvreté, privation des choses nécessaires à la vie» (Cotgr.); b) 1676 crier misère (Mmede Sévigné, Lettre à Mmede Grignan, 21 juin ds Lettres de Mmede Sévigné, éd. Ad. Régnier, t.4, p.498); 5. av. 1710 «les gens qui sont dans la misère» (Fléchier, Aiguillon ds Littré); 6. a) 1677 «action, chose moralement petite» (Mmede Sévigné, op. cit., 22 oct., éd. citée, t.5, p.374); b) av. 1719 «bagatelle, chose de peu d'importance» (Mmede Maintenon, Lettre à M. d'Aubigné ds Littré). Empr. au lat. miseria «malheur, adversité, souci, peine», dér. de miser «misérable, malheureux». Fréq. abs. littér.: 6902. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9558, b) 11598; xxes.: a) 12185, b) 7653. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.344. _ Quem. DDL t.1, 2, 6.