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MERCANTILISME, subst. masc.
A. − HIST., ÉCON. POL. ,,Ensemble des doctrines systématisant les politiques économiques adoptées par les États européens aux xvieet xviiesiècles`` (Phél. 1975). Jusque là [au XVIIIes.] la pensée économique a été orientée par le mercantilisme, c'est-à-dire par une doctrine selon laquelle la prospérité des nations repose sur la possession des métaux précieux (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 29):
1. Le mercantilisme postule (...) le dynamisme économique, la volonté d'expansion extérieure et de concurrence internationale à partir de solides bases nationales, l'aspiration à la croissance, et débouche sur l'interventionnisme de l'État. Encyclop. univ. t. 10 1971, p. 803.
B. − Péjoratif
1. Âpreté au gain dans l'exercie du commerce, tendance à rechercher un gain ou un avantage matériel dans toute activité. Mercantilisme littéraire. Dans ces temps de mercantilisme où tant d'Esaüs vendraient la poésie pour un plat de lentilles! (Verlaine, Œuvres posth., t. 2, Baudel., 1865, p. 22).En avons-nous assez vu!... La gabegie politique, les abus d'autorité, le mercantilisme partout! (Martin du G.,J. Barois, 1913, p.465):
2. ... d'ailleurs, «il avait toujours eu un fonds de religion», et (avec l'alliage de mercantilisme et d'ingénuité qui lui était naturel), pour faire son salut et sa fortune, il s'était mis dans le commerce des objets religieux. Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 246.
2. Caractère mercantile de quelqu'un, de quelque chose. Le mercantilisme incomparable de la dévotion à saint Antoine (Bloy, Journal, 1902, p. 139).
Prononc. et Orth.: [mε ʀkɑ ̃tilism̭]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1811 «âpreté au gain» (Prince de Ligne, Fragments de l'hist. de ma vie, t. 2, p. 270 ds Quem. DDL t. 15). Dér. de mercantile*; suff. -isme*. Fréq. abs. littér.: 16.
DÉR.
Mercantiliste, adj. et subst.a) Caractéristique du mercantilisme (v. ce mot A). Politique, système mercantiliste. Le protectionnisme [est] justifié depuis la fin du XVIesiècle par la doctrine mercantiliste (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 365).C'est surtout Colbert qui a précisé et institutionnalisé les idées mercantilistes (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1968, p. 154).b) (Celui, celle) qui est partisan du mercantilisme (v. ce mot A), qui le pratique. Les mercantilistes savaient aussi bien que nous que l'or et l'argent ne sont pas la richesse, mais l'instrument tout-puissant des échanges (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 22).L'état mercantiliste lance des injonctions et tente de réaliser autoritairement un projet qui n'est pas encore servi par une analyse rationnelle et de bons outils statistiques (Univers écon. et soc., 1960, p. 4-4). [mε ʀkɑ ̃tilist]. 1reattest. 1846 (Proudhon, loc. cit.); de mercantilisme par substitution de suff. (-iste*).
BBG.Baldensperger (F.). Notes lexicol. R. Philol. fr.et Litt. 1927, t. 39, p. 61. _ Dub. Pol. 1962, p. 342 (s.v. mercantiliste).