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LIT, subst. masc.
I.
A. −
1. Meuble composé principalement d'un cadre rigide de métal ou de bois supportant des parties souples (sommier, matelas) et garni de draps, de couvertures ou d'autres pièces protégeant du froid, sur lequel on s'étend, principalement pour dormir, se reposer. Synon. couche (poét.), dodo (enfantin), grabat, pageot (arg.), pieu (pop.), plumard (pop.), plume (pop.), pucier (pop.).Lit bien chaud; lit étroit. « Madame » dit Daniel, « auriez-vous une chambre à deux lits pour cette nuit? » (Martin du G., Thib., Cah. gris, 1922, p. 650).Un lit à rideaux de coton blanc (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 299).En attendant l'heure d'aller dormir deux par deux dans des lits moites, au fond de tristes chambres (Nizan, Conspir.,1938, p. 11):
1. Le lit était mou, enfonçant, mais mal équilibré, rompu par la gymnastique des passants. Carmen, en chemise, se glissait à côté de lui. Il sentit le parfum fort de ses épaules rondes. Déjà, il était prêt à tomber dans le sommeil noir. Aragon, Beaux quart.,1936, p. 359.
Petit lit. Lit d'enfant. Dans la première de ces deux chambres se tenaient les enfants. On y voyait deux petits lits en bois blanc et un berceau (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 311).
Au lit (aller, se mettre, être ou verbes de la même classe sémantique). (Se coucher, être couché) dans un lit. [Mme Bovary] continuait à lire fort tranquillement, comme si la lecture l'eût amusée. Mais Charles, qui était au lit, l'appelait pour se coucher (Flaub., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 5):
2. Ils couchaient toujours ensemble, dans le même lit, dans la profondeur noire de l'alcôve. Ils se mettaient au lit, silencieux, Alexis tourné vers le mur, Henriette vers la table de nuit. Il disait pardon, quand il lui arrivait de frôler Henriette, comme à une dame dans le tramway. Triolet, Prem. accroc,1945, p. 174.
Au lit (avec un énoncé désignant une activité quelconque). Annie ne s'endormait jamais avant deux ou trois heures du matin, elle avait l'habitude de lire au lit (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 249).À huit heures, Julie, la plus petite et la plus noiraude des deux bonnes, lui apportait son café au lit (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 15).
Sortir (sauter, bondir, etc.) du lit, hors du lit. Se lever. Papa est parti... Il a sauté du lit, il a mis toutes les affaires dans la malle, il a descendu la malle sur une voiture... Il est parti (Zola, Assommoir,1877, p. 393).
Au saut du lit. Au lever. Au saut du lit elle a passé une vieille robe noire (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 41).
Subst. masc. Saut de lit. Vêtement qu'on met au lever. Mon saut de lit bâille sur une chemise froissée (Colette, Entrave,1913, p. 40).
Faire le lit. Installer sur le matelas les draps, les couvertures.
Faire un lit en portefeuille. Faire un lit en repliant le drap de dessous de telle manière qu'on ne puisse pénétrer. Si l'on n'a pas mis votre lit en portefeuille, et si l'on n'a pas glissé une assiette pleine de purée entre vos deux draps (Larbaud, F. Marquez,1911, p. 144).
Lit défait. Lit dont la literie est en désordre. Derrière elles, (...) Emphatique comme un trône de mélodrame Et plein d'odeurs, le lit, défait, s'ouvrait dans l'ombre (Verlaine, Œuvres compl., t. 2, Parall., 1889, p. 130).
Dresser un lit. Installer un lit et l'équiper de ce qui est nécessaire. On proposa d'y coucher Paul et Gérard et de dresser un lit pour Élisabeth dans la salle de bains contiguë (Cocteau, Enf. terr.,1929, p. 71).
Bois* de lit, dessus* de lit, descente* de lit, manteau* de lit.
SYNT. Lit dur, moëlleux, mou, souple; grand lit, lit étroit, immense; bon, mauvais lit, lit confortable, défoncé, douillet; lit (bien) chaud, frais, glacé, humide, moite, parfumé, tiède; chaleur, douceur, fraîcheur, odeur du lit; bout, bord, chevet, fond, milieu, pied, tête du lit; se mettre, s'enfoncer, se glisser, se pelotonner dans le lit, au fond, au creux, au milieu du lit; s'allonger, se jeter, se reposer, s'endormir sur le lit; mettre, poser qqc. sur le lit.
2. Lit + adj. ou compl. déterminatif
a) Lit + compl. exprimant un trait caractéristique
Lit +adj.
Lit bas. Sorte de canapé, de divan. Étendez les lits bas, couchez-vous sur le flanc gauche, déshabillez les femmes, elles rugissent d'attente, c'est l'heure! (Flaub., Tentation,1849, p. 258).Dans une petite chambre fraîche où la dame attendait, accoudée sur un lit bas (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 91).
Lit clos. Lit isolé complètement par des panneaux de bois, avec sur l'un des côtés des portes coulissantes. Synon. lit breton.L'un coucherait dans le même lit clos que Thomas, vers le panneau, l'autre coucherait par terre, sur des voiles (Queffélec, Recteur,1944, p. 209).
Lits jumeaux (v. jumeau II A 1 a).
Lit mécanique. Lit destiné à un malade et muni d'un dispositif permettant de régler l'inclinaison du sommier, de changer la literie sans avoir à déplacer le malade. Vous savez sans doute la chute du pape; il va mieux, mais je ne crois pas qu'il vive longtemps. Je lui ai envoyé un lit mécanique pour se soulever (Chateaubr., Congrès Vérone, t. 2, 1838).
Lit pliant. La lingerie était encombrée par un lit pliant, ouvert et défait (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 786).
Lit + compl. circonstanciel ou subst. adjoint
Lit-armoire, lit en armoire. Synon. de lit clos.Une immense cheminée en occupait le fond, et des lits en armoire s'étageaient sur les côtés (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 96).Occupants des lits-armoires (Richepin, Flamboche,1895, p. 205).
Rem. Noter aussi chez Pourrat a) Lit-coffre. Les deux lits-coffres, avec l'horloge entre eux, tenaient le fond de la salle (Gaspard, 1925, p. 201). b) Lit-placard. On fut obligé de la coucher en hâte dans un des lits-placards de la salle (Gaspard, 1922, p. 104).
Lit-bateau, lit à, en bateau. Lit dont la forme rappelle celle d'une coque de bateau et les couchettes des cabines de navire. [Une chambre] toute meublée en acajou avec un lit-bateau et des rideaux de calicot rouge (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 496).Les petits lits en bateau qui ont l'air d'avoir été trouvés sur le Nil et d'où on s'attend à voir sortir Moïse (Proust, Guermantes 2,1921, p. 519).Ce lit à bateau qui sent la paille fraîche de maïs et le vieux bois de chêne (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 40).
Lit(-)cage. Lit métallique pliant. Même un lit cage! (Dabit, Hôtel, 129, p. 93).La petite turne avec son lit-cage et un calendrier des postes et télégraphes était sinistre à la lueur d'une lampe Pigeon (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 295).
Lits gigognes. ,,Ensemble de deux lits dont l'un, une fois replié, se glisse sous l'autre`` (Lar. Lang. fr.).
Lits-sacs (vieilli). Sac de couchage. Les lits-sacs en peau de renne qui doivent servir aux excursions (Charcot, Expéd. antarct. fr.,1906, p. 114).
Lit à baldaquin*. Son poudreux lit à baldaquin! (Bertrand, Gaspard,1841, p. 131).
Lit à ciel*. Un lit à ciel dont les pentes en drap tremblaient comme si elles allaient tomber, achevées par les vers (Balzac, E. Grandet,1834, p. 75).
Lit à miroirs. Lit entouré et surplombé de miroirs, destiné aux ébats amoureux. [MmeHume-tout allait] recevoir, dans la somptueuse niche voisine, au fond du grand lit à miroirs, son invincible lion (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 373).
Lit à quenouilles. Lit dont le dais est soutenu par des colonnes aux quatre coins du châlit. Le lit de Raboliot et de Sandrine, un lit à quenouilles encourtiné (Genevoix, Raboliot,1925, p. 57).
Lit de bout. Lit dont le chevet seul touche la muraille, les trois autres faces restant libres, autour duquel on peut circuler (d'apr. Havard t. 3 1889).
Lit de milieu. Lit dont le chevet est au milieu de la muraille principale d'une pièce. Elle acheta des meubles, un lit de milieu, une armoire, des chaises (Dabit, Hôtel,1929, p. 187).
Lit de sangle(s). Lit constitué d'un châssis pliant supportant des sangles ou une toile. Synon. lit pliant.Amélie coucherait sur un lit de sangle (Zola, Nana,1880, p. 1246).
b) Lit + adj. ou compl. exprimant la fonction ou la destination du lit
Lit funéraire ou funèbre. Lit sur lequel repose, est exposé un mort. La simple croix de buis, un vieux drap mortuaire, Furent les seuls apprêts de son lit funéraire (Brizeux, Marie,1840, p. 106).Sur ce lit funèbre, la mort (...) l'avait couchée sous l'apparence d'une jeune fille (Proust, Guermantes 2,1921, p. 345).
Lit de camp. Petit lit démontable et portatif permettant de camper ou d'installer un couchage provisoire. Un soupirail, un lit de camp, un cruchon d'eau avec une miche de pain (Jouve, Scène capit.,1935, p. 75).
Lit d'hôpital. Ainsi, sur mon lit d'hôpital je m'agite en propos stériles (Verlaine, Dans les limbes,1894, p. 108).
Lit de jour (vieilli). Synon. de lit de repos.Ma mère se jetait, en soupirant, sur un vieux lit de jour de siamoise flambée (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 110).
Lit de mort. Lit où est exposé un mort. Samuel alla le voir sur son lit de mort. M. Feuillebois y reposait, allongé, immense (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 218).
Lit de parade. Lit qui sert à décorer. J'eus le temps à peine de me jeter dans l'alcôve d'un grand lit de parade qui ne servait à personne, fortifié d'une balustrade de prince et fermé, heureusement plus qu'à demi, par des rideaux semés d'abeilles (Vigny, Serv. grand. milit.,1835, p. 156).Lit sur lequel on expose le corps ou le mannequin d'un mort. [On avait fait de Philippe-le-Bon] une représentation de sa figure, qui gisait sur un lit de parade, vêtue de tous les ornemens royaux (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 372).
Lit de repos (vieilli). Lit bas, sorte de chaise longue pour se reposer pendant la journée. Synon. méridienne.Madeleine à demi renversée, comme elle l'eût été sur un lit de repos, froissait par un geste nerveux un énorme bouquet de violettes (Fromentin, Dominique,1863, p. 239).
Lit de justice (hist.). Lit d'apparat sur lequel s'installait le Roi dans les audiences publiques du Parlement.
P. méton. Séance du Parlement. Devant cette opposition opiniâtre, il fallut revenir aux lits de justice, à l'exil des parlements, aux arrestations de parlementaires : le Gouvernement était ramené aux procédés du règne de Louis XV (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 22).
c) Lit de + subst. désignant un affect.Lieu où l'on subit ce que désigne le compl. Vous ne réussirez à rien sans Dieu. Vous vous tournez et retournez sur votre lit d'angoisse : quel soulagement avez-vous trouvé? (Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 257).Ayant compris que la meilleure façon de s'endormir dans une tiédeur heureuse est encore de se faire soi-même un lit de béatitude (Zola, Ventre Paris,1873, p. 648).
Lit de douleur, de souffrance. Elle est alitée depuis dix ans, en proie à un mal incurable. Je l'ai vue sur son lit de tourment. Son fin visage est si pâle qu'il se détache à peine du mur blanc (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 274):
3. ... elle se jeta sur le lit de misère avec autant d'aisance que sur la prairie de Vanves, et elle attendait l'opérateur. Le silence était grand; l'homme était armé de ciseaux recourbés; il taillait dans la chair vive; on n'entendait que le bruit sonore de l'instrument... Janin, Âne mort,1829, p. 131.
À son lit de mort, sur son lit de mort. Au moment de l'agonie. J'ai adddoré [sic] un homme qui est décédé en me faisant jurer à son lit de mort de ne jamais... (Colette, Cl. école,1900, p. 174).
Au lit de la mort (vieilli). Je ne sais si cette confiance en la vie, chez Talma, au lit de la mort, a arrêté le zèle de M. Dupuytren, mais Talma est mort tout seul (Delécluze, Journal,1826, p. 354).
d) Lit + subst.Le mot composé désigne un lit ayant la fonction que précise le second subst.
Lit-canapé. Les draps sales de son lit-canapé (France, Le Chat maigre,1879, p. 168).
Lit-divan. Le large lit-divan avait un couvre-lit de ce même satin bleu (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 81).
Lit-fauteuil. ,,Lit pliant pouvant servir de fauteuil`` (Lar. Lang. fr.).
Lit-sofa. Assise au bord du lit-sofa, elle enlevait ses bas (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 104).
Rem. On dit aussi canapé-lit, divan-lit.
En partic., vieilli. Lit-salon ou salon-lit. ,,Compartiment d'une voiture de voyageurs comportant des lits qu'on relève le jour (...) pour disposer d'un compartiment-salon`` (Lar. Lang. fr.). Retour à Paris. Nous avons pris deux salons-lits (Goncourt, Journal,1885, p. 495).
3. Loc. et expr. fig.
Faire (préparer, etc.) le lit de. Créer soi-même, par son action, les conditions de la réalisation d'une chose qui n'est pas souhaitable. Mais nous étions pourtant quelques-uns à penser cela; quelques rares inopérants. « Vous faites le lit de Hitler. Vous rendez Hitler nécessaire, attendu, inévitable... » (Gide, Journal,1949, p. 339).Le fait est là : le voluptueux prépare le lit de l'incroyant (Green, Journal,1945, p. 248).
Proverbe. Comme on fait son lit, on se couche. On subit nécessairement les conséquences de ses actes. Les uns ont tout perdu au jeu, ou à la bourse, et se sont tués; les autres sont morts de noce, tout simplement. Que voulez-vous? Ma foi, tant pis pour eux : comme on fait son lit, on se couche (Larbaud, F. Marquez,1911, p. 214).
Faire son lit de, dans (gén. péj.). S'installer avec plaisir dans. Synon. Se complaire, se vautrer.Jamais il ne l'aurait jugée capable [la France] de descendre à ce point, d'être cette France sourde, dure, endormie et lâche, qui faisait son lit dans la honte et dans l'iniquité (Zola, Vérité,1902, p. 142):
4. Toi qui, forte comme un troupeau De démons, vins, folle et parée, De mon esprit humilié Faire ton lit et ton domaine... Baudel., Fl. du Mal,1861, p. 53.
Lit de roses (au fig.). [P. allus. aux Sybarites] Vie agréable, facile. [Mallet du Pan] se méfia à l'instant de cette monarchie délabrée et dissolue, où, sur des lits de roses et tout en partant pour l'Opéra, on se flattait qu'il n'y avait qu'à promulguer quelques principes abstraits pour s'assurer l'affranchissement universel et la félicité du monde (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 4, 1851, p. 479).
[Est fréq. surtout dans des phrases négatives exprimant par litote une vie ou une situation difficile] N'être pas sur un lit de roses. [Mon ami] me blâma de mon découragement et voulut me prouver que les révolutions ne sont point des lits de roses (Sand, Pte Fadette,1849, p. II).
Lit de Procuste. [P. réf. au supplice pratiqué par le brigand de la mythologie grecque qui, couchant ses victimes sur un petit lit quand elles étaient de grande taille, sur un grand lit quand elles étaient petites, les ramenait à la dimension du lit soit en coupant les pieds aux grandes, soit en étirant les membres aux petites] Cadre contraignant, qui mutile. Il y a plusieurs types d'hommes, il y a le type mystique, comme il y a le type positiviste. L'enseignement de l'État ne peut pas être donné à ces formes diverses. Il doit être rigide. Il est le lit de Procuste (Barrès, Cahiers, t. 8, 1909, p. 3):
5. D'autres pouvaient ciseler un épisode ou découper une anecdote en trois actes; mais il s'écartelait, lui, sur ces lits de Procuste! Il n'était pas l'homme d'un sonnet. Écrire sans mesures conventionnelles, sans digues! Martin du G., Devenir,1909, p. 125.
4. Partie fixe, cadre du lit. Synon. Châlit, bois de lit (v. bois II C 2 a).Un lit de/en bois, de/en chêne, de/en fer; un lit métallique.
5. Lit de plume. Enveloppe remplie de plume. Synon. couette.Cette étroite couchette, deux planches sur un châssis de fer, une paillasse et un lit de plume (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 196).Les lits de plume, autrefois d'une belle apparence bombée, maintenant mollement secoués, s'affaissaient au milieu (Guèvremont, Survenant,1945, p. 21).
6. P. anal. Couche de matières souples et meubles sur laquelle on s'étend. Lit de feuillage, de fougère, de mousse. L'enfant chérie, accotée par les racines antiques, sur un lit d'aiguilles de pin, belle comme un ange, déjà au paradis (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 132).
B. − P. méton.
1. Synon. de coucher (subst. masc.), repos.Elle avait donné ordre qu'on traitât très bien les voyageurs qui demanderaient à voir le château; et elle leur offrait le lit et la table; enfin la vieille hospitalité féodale (Barb. d'Aurev., Memor. A... B...1864, p. 439):
6. ... quelque chose en moi, comme un papillon, venait se brûler à cette lumière. Ce n'était pas le feu dans la nuit campagnarde, qui parle de la soupe et du lit, c'était plutôt une lumière sur l'eau, qui ensorcelle un gouffre et conjure l'irréparable. Gracq, Beau tén.,1945, p. 82.
2.
a) Activité sexuelle. Acheter aux enchères une négresse pour le lit ou la cuisine (Tharaud, Fez,1930, p. 343).Un homme ne peut supporter une femme qui souffre, à moins qu'il ne la console par le lit (Montherl., Demain,1949, I, 1, p. 701).
b) Loc. verb.
Au lit (se mettre, être, etc.). Se coucher pour faire l'amour. Synon. baiser, coucher.Il le mena dans sa chambre, où ils se mirent au lit. Elle en sortit avant l'heure du lever. Mais le joli homme ne lui garda pas le secret (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 103).Et comme ils remplaçaient aux champs le chef de famille mobilisé, il leur arriva tout naturellement de le remplacer au lit (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 197).
Au lit. Dans l'accomplissement de l'acte sexuel. − Toi!... il faut qu'un jour nous couchions ensemble, tu dois être amusant au lit... (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 189).− Elle est bien. − Au lit, dit Pinette, elle est formidable. Tu ne peux même pas t'imaginer (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 77).
Avoir, mettre qqn au lit, dans son lit. Avoir des relations sexuelles avec quelqu'un. Napoléon avait reçu dans son lit, à Milan, une Italienne de seize années, belle comme le jour; au milieu de la nuit il la renvoya, de même qu'il aurait fait jeter par la fenêtre un bouquet de fleurs (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 374).Duvillard, qu'elle sevrait depuis six semaines, s'efforçait de rire, comptait quand même qu'il la mettrait au lit, s'il attendait patiemment (Zola, Paris, t. 1, 1897, p. 273).
Faire lit commun. Avoir des relations sexuelles dans le cadre d'une vie commune. Faisant avec sa femme lit commun, coucherie patriarcale, avec le grand fils à leurs pieds en travers, sur un lit de sangle! (Goncourt, Journal,1865, p. 186).
Partager son lit avec. Même sens :
7. ... Sartre resta quarante ans sans adresser la parole à sa femme; à table, il s'exprimait par signes, elle finit par l'appeler « mon pensionnaire ». Il partageait son lit, pourtant, et, de temps à autre, sans un mot, l'engrossait... Sartre, Mots,1964, p. 8.
Faire lit à part. Ne pas, ne plus avoir de relations sexuelles. [Pour les messieurs] fidèles aux idées vulgaires à la mode (...) le parfait contentement [de Lamiel] ne pouvait se concilier avec lit à part (Stendhal, Lamiel,1842, p. 197).
Être né d'un premier, d'un second, d'un même lit. Être né d'un premier, d'un second mariage, d'un même mariage :
8. Le partage de la moitié ou des trois quarts dévolus aux frères ou sœurs (...) s'opère entre eux par égales portions, s'ils sont de lits différens, la division se fait par moitié entre les deux lignes paternelle et maternelle du défunt... Code civil,1804, art. 752, p. 138.
3. Alitement. Quelques jours de fièvre et de lit (Martin du G., Souv. autobiogr. et littér.,1947, p. cxxx).
Se mettre, être, rester au lit. Se coucher, rester couché parce qu'on est malade. Synon. s'aliter, être alité.Dès qu'il y a émeute, il est au lit, il est malade! (Scribe, Bertrand,1833, III, 3, p. 176).
Garder le lit. Ne pas quitter le lit. Elle était très lasse, très déprimée. Je lui ai ordonné de garder le lit (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 180).
4. Lieu où l'on dort habituellement. Synon. chez-soi, domicile.Et l'ouvrier courbé qui regagne son lit (Baudel., Fl. du Mal,1857, p. 164).
Dormir (coucher) dans son lit. Dormir chez soi. [Paris] où nous n'osions plus coucher dans notre lit, où sans cesse il fallait changer de domicile [à cause de la traque de la Gestapo] (Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 402).
Mourir dans son lit. Mourir de mort naturelle chez soi. Depuis quatre générations, tous ses ancêtres ont été pendus ou décapités; pas un n'est mort dans son lit (About, Roi mont.,1857, p. 224).
5. Place, possibilité d'accueil pour un malade dans un hôpital. Un hôpital de cent vingts lits qui vient d'être fondé (Goncourt, Journal,1895, p. 746).
II. − P. anal.
A. −
1. Couche d'une matière meuble qui recouvre une surface. La terrasse de l'auberge donnait sur une route, très large, que la poussière couvrait d'un lit épais (Estaunié, Sil. camp.,1925, p. 145).
2. Couche d'une matière particulière sur laquelle repose quelque chose. Le poisson était couché pour la nuit sur des lits de glace (Zola, Ventre Paris,1873, p. 729).
En partic.
ART CULIN. Garniture sur laquelle repose un mets. Quand le gigot paraît au milieu de la table, Fleurant l'ail, et couché sur un lit respectable De joyeux haricots (Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 149).
TECHNOL. Assise (de quelque chose). Lit de mortier, de ciment, de pierre; lit de mastic (d'apr. Noël 1968). Distinguer, dans la blancheur des lits de mortier, la tranche des briques superposées (Genevoix, Raboliot,1925, p. 55).
3. MAÇONN. Surface horizontale supérieure ou inférieure d'une pierre, d'après la position qu'elle occupe dans la carrière. Anton. délit. (v. délit2). (Ds Noël 1968).
4. Par lits. Par couches, mises l'une sur l'autre d'une substance ou d'objets de même nature. Ces fibres sont courtes et se recouvrent par lits superposés comme les tuiles d'un toit (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 613).Des poulets morts et plumés, s'alignaient dans des caisses, par lits profonds (Zola, Terre,1887, p. 169).
GÉOL. Assises successives d'un même dépôt. Une succession de lits forment une strate ou une couche (George1970).
5. Au fig., rare. Champ :
9. Nos pensers courent à l'action sur des pistes osseuses. L'éclair m'ouvre le lit de plus vastes desseins. L'orage en vain déplace les bornes de l'absence. Saint-John Perse, Exil,1942, p. 231.
Au lit d'honneur (vx). Au champ d'honneur [Le Prince Prozorowski] est mort sinon au lit d'honneur, au moins dans un lit honorable, sur la rive droite du Danube, où il s'est fait porter pour avoir le plaisir de mourir sur les terres turques (J. de Maistre,Corresp.,1809,p. 289).
B. −
1. Chenal d'écoulement (d'un cours d'eau, d'un glacier p. ex.). On reprend le même chemin et on suit le lit à sec de la vallée principale (Barrès, Cahiers, t. II, 1913, p. 10).Il faut passer par les bas-fonds, suivre des lits de torrents enchevêtrés de viornes et de ronces (Giono, Colline,1929, p. 48):
10. ... les lits des rivières, des fleuves, des mers mêmes, varient dans leur forme, leur profondeur, et insensiblement se déplacent... Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 78.
Lit majeur. Partie adjacente au chenal, inondée en cas de crue (d'apr. Hydrol. 1978).
Lit mineur. Lit occupé en permanence, délimité par les berges (d'apr. Hydrol. 1978).
2.
a) Lit de la marée, du courant. Lieu où l'écoulement de la marée, où un cours d'eau a le plus de force et de vitesse :
11. ... nous tombâmes bientôt sur un fond de cinquante brasses, où le courant paraissait modéré. Jusque-là nous avions traversé dans ce canal des lits de marée plus forts que ceux du four ou du raz de Brest... Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 92.
b) Lit(du vent). Direction dans laquelle souffle le vent. Le séminariste, à la barre, pendant que Salaün aidait à la manœuvre, ramenait à chaque coup de houle le bateau dans le lit du vent (Chevrillon, La Bretagne d'hier II,1925, p. 11).
Trajet habituel d'un flux atmosphérique de perturbation. Le lit de l'alizé (d'apr. George 1970).
3. Au fig., rare. Les excès de la Terreur, le despotisme de Bonaparte, avaient fait rebrousser les idées; mais sitôt que les obstacles qu'on leur avait opposés furent détruits, elles affluèrent dans le lit qu'elles devaient à la fois suivre et creuser (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 533).
Prononc. et Orth. : [li]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 « meuble destiné au coucher » (Alexis, 12, a ds T.-L.); b) 1318 lit « dais sous lequel se tient le roi lors d'une séance du Parlement » (Ordonnance de Philippe V, 17 nov. ds Ord. des Rois de France, t. 1, p. 676); 1377 lit de justice « id. » (Gace de La Buigne, Roman des Deduis, éd. Å Blomqvist, 5315); d'où ca 1470 « séance solennelle au Parlement » (Georges Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 429); c) 1486 « union conjugale » (Bout., Somme rur., I, fo117 ds Gdf. Compl.); 2. a) 1200 vénérie (Garin le Lorrain, éd. J.A. Vallerie, 10290); b) ca 1265 « canal d'un cours d'eau » (Brunet Latin, Trésor, éd. F.J. Carmody, I, 122); c) 1573 mar. lis du vent (Dupuys); 3. 1306 « couche horizontale » (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 370). Du lat. lectus « lit » et fig. « union conjugale ». Fréq. abs. littér. : 15 383. Fréq. rel. littér. : xives. : a) 18 134, b) 24 593; xxe: a) 27 183, b) 20 416. Bbg. Archit. 1972, pp. 107, 216. - Pauli 1921, p. 69. - Quem. DDL t. 16. - Sculpt. 1978, p. 511.