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* Dans l'article "JALOUSIE, 1, subst. fém."
JALOUSIE 1, subst. fém.
A. − Littér. Attachement vif et inquiet (pour ce qui tient à cœur). Il avait chez lui un tour, où il s'amusait à tourner des ronds de serviette dont il encombrait sa maison, avec la jalousie d'un artiste et l'égoïsme d'un bourgeois (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 86):
1. [La rive espagnole] est triste et dépouillée, de sable ou de roche nue, faite seulement pour ceux qui aiment la mer avec jalousie et constance, pour elle-même. T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 64.
B. −
1. Amour, amitié très exclusif qui prend ombrage de tout attachement de l'autre à un nouvel objet et de ses attachements anciens. Elle souffrait surtout d'une jalousie inapaisable contre cette femme inconnue qui lui avait ravi son fils (Maupass., Une vie,1883, p. 241).La jeune fille redoutait surtout la jalousie maternelle de Thérèse : « La petite me connaît bien mieux que sa mère (...) » Anne avait tort d'être gênée. Thérèse, à ce moment de sa vie, se sentait détachée de sa fille (Mauriac, Th. Desqueyroux,1927, p. 236):
2. J'aimais Sophie et j'en étais doublement jalouse : jalouse parce qu'elle me préférait Isabelle, jalouse parce que Isabelle me la préférait. J'eus quelques jours de grand chagrin. Mais la jalousie en amitié n'est point mon mal, je la méprise et m'en défends assez bien. Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 156.
PSYCHOL. Désir de possession exclusive de l'autre. Vers trois ans, survient la « crise de personnalité » (...). La personnalité crève brusquement sa chrysalide : la jalousie, qui a fait son apparition vers le neuvième mois, s'exacerbe; l'enfant s'accroche à sa mère : c'est le plein moment du complexe d'Œdipe (Mounier, Traité caract.,1946, p. 540).
2. En partic. [Dans la relation amoureuse] Irritation et chagrin éprouvés par crainte ou certitude de l'infidélité de l'être aimé. J'aimais encore, sage lecteur; j'étais dans l'égarement, dans la jalousie, dans la douleur de l'infidélité, de l'abandon (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 157).Je me rendais compte que l'absence, tout en favorisant comme je le savais déjà, la cristallisation de l'amour, endort pour un temps la jalousie (Maurois, Climats,1928, p. 83):
3. ... ma vie a été rongée par une passion mauvaise : la jalousie. Jamais je n'ai tenu une femme aimée dans mes bras, sans voir se dresser entre elle et moi le spectre de ceux qui l'avaient possédée, et lorsque la pauvre créature fermait les yeux, je me disais : c'est pour ne pas me voir et se souvenir à son aise de ceux qu'elle a aimés autrefois. Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 299.
4. Mais aussitôt sa jalousie, comme si elle était l'ombre de son amour, se complétait du double de ce nouveau sourire qu'elle lui avait adressé le soir même − et qui, inverse maintenant, raillait Swann et se chargeait d'amour pour un autre, − de cette inclinaison de sa tête mais renversée vers d'autres lèvres et, données à un autre, de toutes les marques de tendresse qu'elle avait eues pour lui. Proust, Swann,1913, p. 276.
SYNT. Jalousie féroce, inavouée; jalousie de femme, de mari; accès de, amour et, cause de, colère et, démon de la, fureurs de, scènes de, tourments de jalousie; drame de la jalousie; dévoré de jalousie.
C. − Peine et irritation éprouvées par le désir de possession de biens (matériels ou immatériels) que d'autres détiennent; désir pour soi, du bien ou du bonheur d'autrui. Synon. envie (v. ce mot B).Lisbeth Fischer (...) était loin d'être belle comme sa cousine; aussi avait-elle été prodigieusement jalouse d'Adeline. La jalousie formait la base de ce caractère plein d'excentricités (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 28).Il est beau, intelligent, génial... Quand Morot verra ses derniers tableaux! Ils vont tous crever de jalousie... (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 171).Ce fut vraiment ce que les éditeurs d'aujourd'hui, dans leur patois, appelleraient un grand lancement, à faire pâlir de jalousie tous les confrères de Jean-Jacques (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 66):
5. Partout où on laissait les juifs exercer librement leurs talents naturels, une réussite trop fréquente excitait les jalousies et venait exaspérer les rancunes qu'on avait cru éteindre par des mesures libérales. Tharaud, An prochain,1924, p. 90.
Faire jalousie à qqn (vx). Inspirer de la jalousie à quelqu'un. (Ds Littré et Rob.).
Jalousie de métier. Rivalité entre personnes dans l'exercice d'une profession. Il [le président] se plaignait de sa cour. Les jurés, suivant lui, étaient détestables, le jury était une institution anglaise dont il était important de se délivrer au plus vite. « Ceci est jalousie de métier, » pensa Leuwen (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1836, p. 145).
En partic.
Sentiment de crainte d'avoir à perdre ou à partager avec autrui un avantage dont on aimerait garder la propriété exclusive. La ville qu'il avait conquise de haute lutte sur les Turcs, dont il avait subtilement éliminé les Grecs et qu'il avait dû, pour finir, disputer à la jalousie du comte de Toulouse (Grousset, Croisades,1939, p. 51).
ART MILIT., vx. Inquiétude que donne un État par sa force, sa puissance; en partic., inquiétude que donne un ennemi en menaçant certains points. (Dict. xixes.).
SYNT. Jalousie secrète, basse jalousie, mesquines jalousies; jalousies et haines, envie et jalousie; exciter la jalousie.
REM. 1.
Jalouseté, subst. fém.,région. et pop. Synon.Jacqueline : Allez-vous-en si vous continuez ainsi! − C'est ma jalouseté, dit-il avec une confusion qu'il exagérait (La Varende,Homme aux gants,1943,p. 312).
2.
Jalousite, subst. fém.,hapax. Attaques de jalousite aiguë, coup sur coup, soupçons, scènes, etc. (Bourget, Physiol. amour mod.,1890, p. 162).
Prononc. et Orth. : [ʒaluzi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1181-91 jalosie « sentiment d'inquiétude que l'on éprouve à l'égard de la fidélité de la personne aimée » (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 813); 2. mil. xiiies. gelosie « attachement farouche à un bien, à un avantage » (Macchabées, éd. E. Goerlich, 2, 26); 3. 1501 jalousie « envie, dépit que l'on éprouve à l'égard de ce qu'un autre obtient ou possède » (Chastel de joyeuse destinee ds Jardin de plaisance, XLV). Dér. de jaloux*, -ouse; suff. -ie*. Bbg. Hope 1971, p. 149, 203. - Vidos 1939, p. 26, 48, 80, 454, 455, 480.