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INSTITUTION, subst. fém.
I.
A. Action d'instituer (v. ce mot I), d'établir; résultat de cette action.
1. [En parlant d'une chose] Institution d'un ordre religieux, d'un régime politique; institution des jeux olympiques, d'une fête nationale; institution de relations commerciales entre deux pays. Tel est le but de l'établissement des banques de dépôts : la plupart ont ajouté quelques opérations à celles qui découlaient de l'objet principal de leur institution (Say, Écon. pol.,1832, p. 304).Toute complicité se scelle aussitôt par l'institution d'un vocabulaire réservé (Valéry, Variété II,1929, p. 100).L'institution en Afrique du Nord d'un pouvoir central français (...) était en contradiction flagrante avec la position affichée par Roosevelt et ses ministres (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 109):
1. ... il en est du ton des sons comme de leur durée. Il est d'autant plus remarquable que l'on se rapproche davantage de l'institution du langage. Plus les langues sont près de leur origine, plus elles sont accentuées et chantantes; comme elles sont plus mesurées et cadencées. Destutt de Tr., Idéol. 2,1803, p. 330.
P. méton. État dans lequel se trouve une chose au moment de son institution. Le bal masqué de l'Opéra, tel qu'il est aujourd'hui, n'a dévié de son institution que dans les moyens et dans les formes : le but est le même (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 71):
2.... le mariage eut toujours un caractère sacré (...). Le souvenir, partout conservé, de son institution primitive apprit aux hommes qu'à Dieu seul appartient le pouvoir de former le lien mystérieux, indissoluble, qui doit unir l'époux à l'épouse... Lamennais, Religion,1825, p. 71.
Ramener une chose à son institution. ,,En faire revivre les principes`` (Littré).
D'institution. Qui ne s'est pas établi naturellement, mais a été institué par les hommes. Ce qui est d'institution est sujet à changement (Littré) :
3. Au temps de la chevalerie comme dans tous les temps, il y eut des ambitions, des guerres civiles, des révoltes, des ruses, des trahisons; nul n'acceptait aisément les liens de nature ou d'institution... Alain, Propos,1922, p. 363.
[Avec un adj. précisant l'orig.] Lorsqu'il s'agit de déclarer d'institution nationale le projet de constitution qui alors triompha, les passions étaient (...) aussi excitées que possible (Gobineau, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 105).Tout ce qui est d'institution ou de coutume païenne dans une société soi-disant chrétienne, me révoltait (...) profondément (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 353):
4. C'est ce mot qu'il nous cite d'une Anglaise : « Que les passions sont d'institution divine et que les vertus et les vices sont d'institution humaine, de création sociale. » Goncourt, Journal,1860, p. 752.
2. DR. [En parlant d'une pers.]
a) Institution contractuelle. ,,Donation qui a pour objet tout ou partie des biens que le donateur laissera à son décès`` (Barr. 1974) :
5. L'institution contractuelle n'est permise par le Code civil, sous le nom de donation de biens à venir, que par contrat de mariage au profit des époux ou des enfants à naître du mariage. Cap.1936.
b) Institution d'héritier. Action de désigner un héritier par testament. V. Code civil, 1804, art. 967, p. 176.
c) DR. CANON. Institution (canonique). ,,Acte par lequel un supérieur ecclésiastique met un clerc en possession d'un office et de la juridiction qui y est attachée`` (Lar. 20e). Bulle d'institution canonique. Institution d'un curé (v. Lamennais ds L'Avenir, 1831, p. 186). Institution d'un évêque (v. Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 748).
Acte par lequel un supérieur ecclésiastique reconnaît officiellement l'existence d'une communauté religieuse, d'un établissement à caractère religieux :
6. Napoléon ne pensa pas à relever le monopole de la faculté de théologie. Il eût fallu pour cela demander à la cour de Rome une institution canonique dont le gouvernement impérial ne se souciait pas. Renan, Souv. enf.,1883, p. 210.
B. − P. méton. Ce qui est institué.
1. Organisme public ou privé, régime légal ou social, établi pour répondre à quelque besoin déterminé d'une société donnée. Institution de bienfaisance, charitable; institutions militaires, politiques, religieuses; institutions nationales, internationales. C'est une louable, une pieuse, une sainte institution (Ac.1835-1935).L'Académie est l'objet de bien des risées (...). Mais c'est l'Académie, on a beau dire, l'Académie française, (...) institution respectable et au fond respectée (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Biogr. [Leconte de Lisle], 1896, p. 292).Le ménage était assurément des plus unis, en dépit des cyniques propos du docteur qui tenait le mariage pour « une institution ridicule » (Gide, Geneviève,1936, p. 1389).Quelque plaisir que je pourrais personnellement avoir à me trouver dans un congrès des membres des comités de libération (...) je ne saurais reconnaître, par ma présence, une institution qui n'est pas prévue par la loi (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 320):
7. À la fin du quatrième et au commencement du cinquième siècle, le christianisme n'était plus simplement une croyance individuelle, c'était une institution : il s'était constitué; il avait son gouvernement, un corps du clergé, une hiérarchie déterminée pour les différentes fonctions du clergé, des revenus, des moyens d'action indépendans... Guizot, Hist. civilisation, leçon 2, 1828, p. 22.
Fam., p. plaisant. Élever sa paresse à la hauteur d'une institution; le vol est dans le pays une véritable institution. Le tourne-broche est comme le pouls ronflant de la vie provinciale. L'appétit y est une institution; le repas, une cérémonie bienheureuse; la digestion, une solennité (Goncourt, Journal,1857, p. 384).Ces dîners du mardi étaient devenus une véritable institution. Les convives s'y retrouvaient, comme à un devoir, juste à sept heures sonnant (Zola, Page amour,1878, p. 821).Le chantage est une sainte institution, nécessaire au maintien des mœurs (Gide, Caves,1914, p. 859):
8. Rien n'aurait pu la décider à interrompre, un seul moment, le saint office du ménage, cette sacro-sainte institution, qui prend chez tant de femmes la place de tous les autres devoirs moraux et sociaux. Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 240.
P. anal. [En parlant d'une pers.] Pour le petit peuple de la capitale il [Beaconsfield] était devenu une institution (Maurois, Disraëli,1927, p. 318):
9. La fille de cuisine était une personne morale, une institution permanente à qui des attributions invariables assuraient une sorte de continuité et d'identité, à travers la succession des formes passagères en lesquelles elle s'incarnait, car nous n'eûmes jamais la même deux ans de suite. Proust, Swann,1913, p. 80.
2. En partic., au plur. Ensemble des structures politiques et sociales établies par la loi ou la coutume et qui régissent un État donné. Les institutions athéniennes; les institutions de la France; institutions démocratiques, monarchiques; permanence, progrès, réforme des institutions. Les révolutions seules savent détruire les institutions depuis longtemps condamnées (Renan, Avenir sc.,1890, p. 328):
10. Les ducs viennent de se dire que tout de même il y avait lieu de donner une constitution, de consentir à des institutions. Chez nous, pensez à ce qu'il y aurait de légistes, de journaux proposant des institutions. Là-bas [en Allemagne] pas un journal, pas un juriste ne discute quelle chambre, quelles attributions, pas un ne s'avise d'en parler. Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 142.
II.
A. − Vx. Action d'instruire, d'éduquer quelqu'un; résultat de cette action. Synon. usuel éducation.L'institution de la jeunesse est d'une grande importance dans l'État (Ac.1835, 1878).
B. − P. méton. Établissement privé destiné à l'instruction et à l'éducation des enfants et des jeunes gens. Institution libre ou religieuse; institution de jeunes filles; diriger, établir, ouvrir, tenir une institution. Institution des Aveugles, des Sourds-Muets (Ac.1835-1935).Quand nous eûmes l'un quatorze ans et l'autre quinze, il nous mit en pension, à prix réduit, à l'institution ecclésiastique d'Yvetot (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Surprise, 1882, p. 15).À l'égard d'Antoinette, MmeJeannin eût voulu qu'elle entrât dans une institution d'enseignement, pour y donner des leçons (Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 866):
11. Il y a [à l'institution Roustignac] des maîtres de comptabilité, de tenue de livres et d'histoire naturelle. Les mathématiques y sont en honneur : l'institution a fait recevoir quinze élèves sur seize à l'École polytechnique, dix-huit à l'École navale, douze à l'École normale. Reybaud, J. Paturot,1842, p. 417.
Vx. Chef d'institution. Maître de pension. M. Haffreingue chef d'institution à Boulogne. À la tête d'un pensionnat jouissant depuis longtemps et à justes titres d'une grande réputation dans tout le département du Nord, M. Haffreingue se voit à la veille de perdre le fruit de ses longs et pénibles travaux par la création d'un collège à Boulogne (Lamart., Corresp.,1835, p. 119).
Prononc. : [ε ̃stitysjɔ ̃]. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. « ce qui est institué, règle » (Sermons St Bernard, 112, 25 ds T.-L.); spéc. 1790 institutions « ensemble des structures fondamentales d'organisation sociale » (Moniteur universel, III, 91); 2. 1537 institution « action d'instituer quelqu'un en une situation » (Janv., Ste-Chap. de Dij., cart. 13, A. Côte-d'Or ds Gdf. Compl.); 3. 1552 « éducation » (Rabelais, Quart Livre, Épître liminaire, éd. R. Marichal, p. 4); 1680 (Rich. : Institution. Lieu à Paris où les Pères de l'Oratoire instruisent les novices). Empr. au lat.institutio, -onis « disposition, arrangement », « instruction, éducation », « principe, système » formé sur le supin institutum, v. institut. Fréq. abs. littér. : 3 002. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 186, b) 4 390; xxes. : a) 2 749, b) 2 629. Bbg. Launay (M.). Le Vocab. pol. de J.-J. Rousseau. Genève, Paris, 1977, pp. 121-122. - Vardar Soc. pol. 1973 [1970], pp. 253-254.