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INCENDIAIRE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − Qui provoque un incendie.
1. [Le subst. désigne une pers.] Des régiments entiers, conduits par leurs officiers, se joignirent aux ouvriers incendiaires (...) et s'en furent prendre aux docks des tonnes de pétrole pour en arroser le feu (France, Île ping.,1908, p. 416).
2. [Le subst. désigne une matière, un objet] Destiné à allumer un incendie. Il était entré comme chimiste dans le complot des bombes incendiaires; et on l'avait surpris portant de la poudre qu'il allait essayer à Montmartre (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 40).Un amas d'engins destructeurs : bonbonnes de pétrole, mèches incendiaires, gargousses de dynamite (Bourget, Actes suivent,1926, p. 17):
1. Beaucoup ont pu constater, et même de trop près, les effrayants effets des obus incendiaires, surtout en 1914, alors que les villages offraient encore quelque chose à brûler. Au troisième coup, tout flambait comme un bol de punch. Alain, Propos,1923, p. 536.
B. − P. anal.
1. [Avec la couleur, l'éclat des flammes] De teinte vive, soutenue. Les verts laiteux, les blancs, les bleus incendiaires (Laforgue, Poés.,1887, p. 29).Des bicyclettes filaient entre les groupes − des gars aux foulards incendiaires, des filles en corsages tendres (Genevoix, Rroû,1931, p. 227).
2. [Avec les brûlures provoquées par le feu; en parlant d'un aliment, d'un médicament] Qui irrite, produit une sensation de brûlure. Si le tempérament est sec, et que les humeurs soient encore desséchées par des remèdes incendiaires (...) la fièvre sera de la nature des quartes (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 6).N'ayant pas de beurre, et ne pouvant supporter la graisse, l'huile nauséeuse et les procédés incendiaires de la cuisine indigène, nous vivions de viande fort maigre, de poisson et de légumes (Sand, Hiver à Majorque,1842, p. 151).
C. − Au fig.
1. [En parlant d'une pers. (gén. d'une femme), de son comportement] Propre à inspirer la passion, le désir amoureux. Une blonde incendiaire. La soubrette (...) voyant un beau seigneur si bien nippé, lui avait décoché une œillade incendiaire et un sourire vainqueur (Gautier, Fracasse,1863, p. 66).Il dessinait avec une allure étonnante les postures incendiaires, les somnolences accablées des filles à l'affût (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 160).
2. [En parlant de manifestations de l'esprit (p. ex. écrits, propos)] Susceptible de provoquer des troubles, des bouleversements sociaux, propre à exciter les esprits. Article, discours, pamphlet incendiaire. Il (...) développait audacieusement des thèses socialistes; on écoutait avec une indulgence amusée ces propos incendiaires (Vogüé, Morts,1899, p. 42).Il lisait beaucoup, écrivait un peu des livres doucement incendiaires, tenait − (à ce qu'on prétendait) − les fils de mouvements anarchistes (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 969):
2. ... les premiers auteurs des troubles (...) se regardent comme des hommes modérés, parce qu'ils n'ont pas participé au cinq octobre; mais l'un oublie qu'il a un des premiers prêché une doctrine incendiaire dans une grande province, un autre qu'il a le premier tenté de dégrader le monarque... Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1591.
[P. méton]. On nous livrera (...) tous les écrivains incendiaires (Marat, Pamphlets, Affreux réveil, 1790, p. 238).Allés au café Tison, beau nom pour un café, cet incendiaire quartier général de la jeunesse (Barb. d'Aurev., Memor. 1,1836, p. 53).
II. − Substantif
A. − Celui, celle qui provoque délibérément un incendie. Synon. pyromane.Arrêter, juger un incendiaire. Tout ce pays est dans la terreur. La bande d'incendiaires qui désole depuis deux mois la Normandie a reflué de nos côtés (Lamennais, Lettres Cottu,1830, p. 215).La petite-fille de Rostopchine (...) me dit que son grand-père, l'incendiaire, fit brûler Moscou dans la fureur où il était contre Kutusoff qui lui avait promis qu'il défendrait la ville (Barrès, Cahiers, t. 1, 1896, p. 118).
P. métaph. C'est la comète. C'est l'immense incendiaire du ciel. L'astre marche, grandit, secoue une chevelure de pourpre, devient énorme (Hugo, Homme qui rit, t. 3, 1869, p. 91).
B. − Au fig. Celui, celle qui enflamme les esprits, propage des idées révolutionnaires, subversives. L'avocat général (...) se tourna contre Franklin (...); il l'insulta pendant près d'une heure (...) le présentant comme l'incendiaire qui attisait le feu entre les deux pays (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 7, 1852, p. 163).La vraie mystique ne brûle pas, elle éclaire. − Pourtant, dit-il en riant aussi, les prophètes ont toujours été des incendiaires (Abellio, Pacifiques,1946, p. 415).
Prononc. et Orth. : [ε ̃sɑ ̃djε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Subst. xiiies. « personne qui allume volontairement un incendie » (Casus totius juris, ms. Angers 390, fo68a ds Gdf. Compl.). B. Adj. 1. xives. [ms.] « propre à causer l'incendie » (Flave Vegece, IV, 8, ibid.); 2. 1777 « propre à enflammer les esprits, à allumer la révolte » (Voltaire, Dialogue d'Evhémère, XXVIII, 2 ds Littré). 3. 1830 « qui éveille les désirs amoureux » (L'Héritier, Suppl. Mém. Vidocq, t. 2, p. 78). Empr. au lat. de l'époque impérialeincendiarius « d'incendie; incendiaire (adj. et subst.) ». Fréq. abs. littér. : 153. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 320.