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IMPUNÉMENT, adv.
A. −
1. Sans être puni, sans encourir de punition, de châtiment. Synon. en toute impunité.Pouvoir impunément commettre qqc.; tuer impunément. Nous ne voulons pas que de prétendus juges, qui se font un jeu de condamner un innocent et d'acquitter un traître, puissent continuer impunément leurs méfaits (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 465).Depuis longtemps, je suis peinée de certaines persécutions impunément exercées (Frapié, Maternelle,1904, p. 85) :
1. Toutes les lois seraient des lettres mortes; le plus fort aurait toujours raison; en vous mettant la main sur la bouche, il pourrait vous voler et vous égorger impunément dans un coin. Aussi la constitution garantit-elle à chacun, comme droits naturels et civils, la liberté de parler, d'écrire, d'imprimer ses pensées et de les répandre par tous les moyens. Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 411.
2. P. ext.
a) Sans dommage, sans danger (pour soi); sans courir de risque, sans s'exposer à des conséquences fâcheuses. Les paysans russes mangent impunément en beaucoup d'endroits les espèces de champignons vénéneux, les plus dangereuses pour les hommes des pays chauds ou tempérés (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 199).Je sens que je m'en vais : je suis trop vieux pour subir impunément des émotions aussi cruelles (Flaub., Corresp.,1875, p. 248) :
2. L'homme ne supporte pas impunément le mode d'existence et le travail uniforme et stupide imposé aux ouvriers d'usine, aux employés de bureau, à ceux qui doivent assurer la production en masse. Dans l'immensité des villes modernes, il est isolé et perdu. Carrel, L'Homme,1935, p. 327.
b) [L'idée de conséquence fâcheuse peut être, dans certains contextes, atténuée ou absente] Sans résultat (pour soi); sans en ressentir quelque effet, quelque influence. Edmond n'avait tout de même pas traversé impunément cette atmosphère d'ambition qui constituait le cadre de la vie des Barbentane. (...) Edmond avait appris à apprécier la nature des soifs paternelles (Aragon, Beaux-quart.,1936, p. 200).Ce n'est pas impunément que, toute une vie durant, mon esprit s'est exercé à comprendre l'autre. J'y parviens aujourd'hui si bien, que le « point de vue » où il m'est le plus difficile de me maintenir, c'est le mien propre (Gide, Journal,1941, p. 64).
B. −
1. Vieilli. Sans punir, sans se venger. Ce qui me confond, c'est que la Garde Nationale souffre impunément dans son sein des scélérats de cette espèce, qui déshonorent un habit fait pour être respecté (Marat, Pamphlets, Relation fid. affaires Nancy, 1790, p. 252) :
3. ... par respect pour ceux qui m'ont élu, je ne saurais laisser imprimer impunément que la lâcheté d'esprit et le mauvais goût, les seuls contraires du bon goût et du courage d'esprit seront, pour la société des gens de lettres, le moyen de connaître les vrais principes de l'indépendance et du bon goût. Balzac, Corresp.,1839, p. 696.
2. P. ext., rare. Sans faire courir un risque, un danger; sans entraîner des conséquences fâcheuses. Le peuple romain n'était point tel que ses mœurs se corrompissent impunément (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 86).La nature n'est jamais grosse impunément. Les montagnes n'ont jamais accouché d'un rat, ni les orages d'un oiseau, mais de lave et de foudre (Giraudoux, Intermezzo,1933, II, 1, p. 93) :
4. ... le Jura, la Bourgogne, nous envoient des matériaux calcaires d'une résistance considérable, en gros blocs, pouvant être posés impunément en délit... Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 53.
Prononc. et Orth. : [ε ̃pynemɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1553 impuniment « sans encourir, subir de punition » (Ronsard, 5elivre des Odes, Elégie à M. Muret, éd. P. Laumonier, t. 5, p. 230, 101); 1554 impunément (Le Caron, La Claire, 95B, d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 82); 2. 1699 « sans inconvénient, sans risque » (Fénelon, Télémaque, I, éd. A. Cahen, t. 1, p. 8). Pour *impuniement (dér. de impuni, -ie*; suff. -ment2*) devenu impuniment, puis impunéement (cf. 1588, Triomphes de Marie, 326 ro, d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch., t. 45, p. 143), impunément, plus prob. p. anal. avec les adv. où -ément est mis pour -éement (type assurément*; v. Nyrop t. 3, § 608) − que d'apr. la prononc. scol. [impuné] de l'adv. lat. impune « impunément » (FEW t. 4, p. 611a). Fréq. abs. littér. : 487. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 976, b) 738; xxes. : a) 593, b) 484. Bbg. Vaganay (H.). Notes sur la lang. du 16es. R. Philol. fr. 1933, t. 45, p. 143.