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ICONOCLASTE, subst. et adj.
A. − HIST. RELIG.
1. (Celui) qui est partisan de l'iconoclasme. Parti, querelle des iconoclastes; iconoclastes byzantins. Les prêtres avoient rassemblé au collège de l'orthodoxie, la plus belle bibliothèque du monde (...). Ce collège fut dévasté par les empereurs iconoclastes (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 10).Les iconoclastes. Tout un siècle effroyable du Bas-Empire, la plus tragique de toutes les histoires (Bloy, Journal,1897, p. 258).
Emploi adj. Qui ressortit à l'iconoclasme. Hérésie, persécution iconoclaste. L'empereur Léon l'Isaurien (...) lança ses édits iconoclastes, sous le prétexte que les images détournaient de leur véritable voie les hommages dus au Créateur (Lenoir, Archit. monast.,1852, p. 111).La violente réaction iconoclaste du ixesiècle, qui faillit expurger l'art religieux de toute figuration (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 132).
2. P. ext.
a) (Celui) qui, pour des motifs de pureté religieuse, proscrit le culte des images, la représentation plastique du divin. Les Romains, dit Plutarque, n'élevèrent point de statue aux dieux jusqu'à l'an 170 de Rome. Toutes les nations héroïques, Perses, Romains, Germains (...), furent long-temps iconoclastes (Michelet, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 31).
Emploi adj. Fureur iconoclaste. Cette vieille et mythique cathédrale des évêques de Bâle (...) le zèle iconoclaste de Luther en a fait un prêche (Lorrain, Sens. et souv.,1895, p. 271).
b) (Celui) qui, par haine religieuse, détruit ou profane des objets ou des édifices sacrés. Quinet en veut à Robespierre d'avoir par son décret du 6 décembre 1793 arrêté le mouvement de dévastation des églises, le mouvement des iconoclastes hébertistes (Barrès, Cahiers, t. 9, 1911, p. 189).Elle [une statue] fait beaucoup de miracles dont le principal est d'avoir échappé aux iconoclastes de la dernière guerre civile (1936-1939) (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 36).
B. − Au fig. (Personne) qui s'oppose à toute tradition (d'ordre littéraire, artistique, politique ou autre), qui refuse un culte établi; qui se livre à des destructions gratuites, sous prétexte de modernisme. C'est un ennemi de Watteau, un ennemi de Raphaël, un ennemi acharné du luxe, des beaux-arts et des belles-lettres, iconoclaste juré, bourreau de Vénus et d'Apollon! (Baudel., Salon,1846, p. 191).Aux enfantements vaniteux de notre radicalisme iconoclaste, on est tenté de citer le proverbe : « Beaucoup de bruit et peu de farine » (Amiel, Journal,1866, p. 533).La joie entre toutes iconoclaste et cruelle d'écraser une faiblesse et de briser une tige (Lorrain, Phocas,1901, p. 363) :
− Quant au buste, tu me feras plaisir si tu m'en débarrasses. L'endiablé Fontanet ne se le fit pas dire deux fois. Il monta sur une chaise et, tirant Blaise Pascal par la base qu'il pouvait seule atteindre, le fit tomber sur le plancher où il se brisa en morceaux avec un bruit horrible. L'académie poussa des hourras en l'honneur de l'iconoclaste. A. France, Vie fleur,1922, p. 426.
REM.
Iconoclastique, adj.Relatif à l'iconoclastie (infra dér.). Fureur iconoclastique. (Ds Lexis 1975).
Prononc. et Orth. : [ikɔnɔklast]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. [1557 d'apr. Bl.-W.3-5et Pt Rob.] 1605 (Le Loyer, Hist. des Spectres, VI, 7 ds Hug.). Composé du gr. ε ι ̓ κ ο ́ ν α, v. icône1et d'un dér. de κ λ α ́ ω « briser », cf. la forme lat. iconoclastae (1596 ds NED) et iconoclastes (1610 ds Latham). Fréq. abs. littér. : 52.
DÉR.
Iconoclastie, subst. fém.Fait d'être iconoclaste (notamment au sens A); destruction des images religieuses. Le mépris ou l'horreur des chrétiens modernes pour toutes les manifestations d'un art supérieur est intolérable et paraît même une autre sorte d'iconoclastie plus démoniaque (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 170).Incroyable misère des moralistes abstracteurs qui (...) imposent par le glaive l'idole verbale biblique ou coranique à l'exclusion des autres (...)! L'iconoclastie révèle une méconnaissance étrange des conditions et des moyens et même de l'essence du spiritualisme supérieur (Faure, Espr. formes,1927, p. 244).Au fig. Et pour imaginer un nouvel art, il faut briser l'art ancien. Et ainsi l'art nouveau semble une sorte d'iconoclastie (Schwob, Monelle,1894, p. 16).[ikɔnɔklasti]. 1reattest. av. 1868 (Bürger, Salons de 1861 à 1868, t. 1, p. 234 ds Littré Suppl. 1877), de iconoclaste (supra rem.), suff. -ie*.
BBG. Quem. DDL t. 13 (s.v. iconoclastique).