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GAVER, verbe trans.
A. − Gaver une volaille. La faire manger de force et abondamment pour l'engraisser. Pauvres bêtes cependant [les oies] : élevées pour être gavées, gavées pour être converties en « confits » et en « pâtés » (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 42).On les gave [les oies] de gruau d'orge, de millet, de farine détrempée (Gdes heures cuis. fr., Éluard Valette, 1964, p. 244) :
1. Cadine avait près d'elle une casserole, pleine d'eau et de grains; elle s'emplissait la bouche, prenait les pigeons un à un, leur soufflait une gorgée dans le bec. Et eux, se débattaient, étouffant, retombant au fond des coffres, l'œil blanc, ivres de cette nourriture avalée de force. − Ces innocents! murmura Claude. − Tant pis pour eux! dit Cadine, qui avait fini. Ils sont meilleurs, quand on les a bien gavés... Zola, Ventre Paris,1873, p. 871.
Rem. On relève un emploi (rare) de gaver avec un compl. désignant un animal autre qu'une volaille : [Les feuilles de maïs] sèches et conservées, servent l'hiver pour économiser le foin à gaver les bœufs à la main (Pesquidoux, op. cit., p. 198).
B. − P. anal. Gaver qqn de qqc.
1. [Le compl. prép. désigne un aliment] Gorger, rassasier. Gérard (...) voulait au moins se concilier son personnel et le gavait des vivres de la veille (Radiguet, Bal,1923, p. 42).Mes moyens me permettaient tout juste de me payer le plat du jour mais il me gavait avec autorité de barquettes aux fraises (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 312).
Emploi pronom. réfl. On se gavait de raisin depuis l'aube, le gosier poissé de sucre, la panse enflée et ronde comme une tonne (Zola, Terre,1887, p. 352).Bien que ses artères eussent dû lui imposer un régime de restrictions, elle se gavait de viandes rouges (Mauriac, Génitrix,1923, p. 376).
[Avec effacement du compl. prép.] Manger avec excès. Vous mangez des truffes, vous mangez des bottes d'asperges à quarante francs au mois de janvier, des petits pois, vous vous gavez (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 943).
2. Au fig. Emplir, combler. Mes parents prétendaient faire de moi un pasteur. On m'a chauffé pour ça, gavé de préceptes pieux en vue d'obtenir une dilatation de la foi, si j'ose dire (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1231).Ne t'encombre plus la mémoire, il faut oublier tout ce dont nous avons eu la bêtise de la gaver (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 187).L'enfant gavé de bonheur qui s'ennuyait sur son perchoir (Sartre, Mots,1964, p. 150).
Emploi pronom. réfl. J'ai passé quarante-huit heures au lit, à me gaver de silence, de solitude, de paresse (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 339) :
2. ... le pauvre diable, de mine si plate, eût découragé jadis la hargne de toute autre compagne que la sienne; mais il prenait du ventre. La volupté, la jubilation du plaisir, loin de l'apaiser, lui faisait cette graisse neuve, et, dans la nécessité de tenir secrète sa joie d'avare, il s'en gavait, n'en perdant rien en paroles vaines, la digérant tout entière. Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 100.
C. − AÉRON. Gaver un moteur. Provoquer sa suralimentation en l'équipant de compresseurs (d'apr. Rob., Lexis 1975).
Prononc. et Orth. : [gave], (il) gave [ga:v]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. 1642 « se gorger de nourriture » (Oudin); spéc. 1865 « engraisser des animaux » (Littré); 2. fig. 1852 (Hugo, Châtim., p. 331). Dér. avec dés. -er de l'a. pic. gave « jabot, gosier » (dep. le xiiies. ds DEAF) (gave1*), var. dial. de joe (joue*) (cf. DEAF). Fréq. abs. littér. : 153.