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FURIE, subst. fém.
A.− [En tant que symbole ou personnification du mal, de la vengeance dans la myth. antique]
1. MYTH. ROMAINE. [Avec une majuscule]
a) Au plur. Divinités infernales au nombre de trois, qui étaient chargées d'exécuter la vengeance divine. Synon. Euménides.On invoque le Chaos, le Styx, le Phlégéton, les Parques, les Furies, divinités infernales (Chateaubr., Martyrs,t. 3, 1810, p. 53).Cf. antiphrase ex. 1 :
1. Gamelin, incapable de faire les frais d'un tableau (...) laissait à peine ébauchée sa vaste toile du Tyran poursuivi aux Enfers par les Furies [it. ds le texte]. Elle couvrait la moitié de l'atelier de figures inachevées et terribles, plus grandes que nature, et d'une multitude de serpents verts dardant chacun deux langues aiguës et recourbées. France, Dieux ont soif,1912, p. 15.
b) Au sing. Chacune de ces divinités. Nuit traversée de rêves stupides, MlleSergent en Furie, des serpents dans ses cheveux roux (Colette, Cl. école,1900, p. 60):
2. ... elle [Junon] montre à Mégère des monceaux de morts, malheureux débris de l'armée des Indiens. La Furie se retire dans un antre, où elle se dépouille de sa figure hideuse et de ses serpens... Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 204.
2. Au fig., cour., fam. Femme donnant (occasionnellement ou habituellement) libre cours à sa colère, à sa rancune, avec une rare violence. C'est une furie. Synon. harpie, mégère.Cette femme, cette furie, dont vingt scènes bruyantes m'avaient donné la plus terrible idée, depuis que je demeurais chez elle (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 96).Il y avait toujours un va-et-vient de filles douteuses, (...) elles parlaient haut, se querellaient : parfois elles en venaient aux coups. Alors, le Christ (...) empoignait chacune des furies par un bras, les jetait dans l'escalier (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 203):
3. ... dès qu'elle aperçut son mari, qu'elle devait attendre depuis la tombée du jour, elle hurla, en s'élançant vers moi : « Ah canaille, je savais bien que vous le ramèneriez soûl! » Ma foi, je me sauvai en courant jusqu'à la gare, et comme je pensais que la furie me poursuivait, je m'enfermai dans les water-closets, car un train ne devait passer qu'une demi-heure plus tard. Voilà pourquoi je ne me suis jamais marié, et pourquoi je ne sors plus jamais de Paris. Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Père Mongilet, 1885, p. 546.
B.− [En tant que sentiment; correspond à fureur B]
1. [Correspond à fureur B 1] Fureur portée à l'extrême, déchaînement de fureur (pour/contre quelqu'un ou quelque chose). L'espèce de furie avec laquelle ils [les jeunes gens] se ruent au plaisir (Balzac, Goriot,1835, p. 173).On les voit [les clercs français] trouver que leur furie nationaliste les grandit, qu'elle sert la civilisation, qu'elle embellit l'humanité (Benda, Trah. clercs,1927, p. 73).
a) En partic. Excès de fureur amoureuse. Ce fut comme une sorte de furie qui s'empara de nous, qui mêla nos baisers, nos corps, nos âmes, dans une étreinte, dans une possession sans fin (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 144).
b) Furie de.[Suivi d'un subst. ou d'un inf., indiquant l'obj. de la furie] Furie du jeu. C'est à vous qu'on doit cet exil? et cette furie de savoir? (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 170).Ce qui nous foutait tout par terre c'était l'autre polichinelle avec sa furie des courses (Céline, Mort à crédit,1936, p. 505).
[Avec subst. désignant un sentiment poussé au paroxysme] Raoul Nathan se précipita sur Lucien avec une furie d'amitié, lui prit les mains et les lui serra (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 442).L'enfant, à qui il faisait voir un écu, le saisit des deux mains avec une furie de joie (Barrès, Jard. Bérén.,1891, p. 23):
4. D'abord, ce fut superbe, les hommes qui tombaient n'arrêtaient pas l'élan des autres, on parcourut près de cinq cents mètres avec une véritable furie de courage. Zola, Débâcle,1892, p. 351.
2. [Correspond à fureur B 2] Colère intense, aux effets souvent démesurés. Entrer, être, se mettre en furie. Il lui dit, d'une voix étranglée de furie : − Sortez, impudent coquin! Je vous chasse! (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 188).Cf. âcreté ex. 10.
a) P. méton., au plur. Accès de fureur démesurée. Il [le Capitaine] pourrait entrer en des furies et faire des esclandres dont souffrirait ma réputation (Gautier, Fracasse,1863, p. 272).
b) P. ext. Déchaînement de fureur meurtrière dans un engagement armé, une lutte, etc. Ces deux lignes [de combattants] devaient essuyer la première furie du combat et émousser les épées romaines (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 44).Les deux adversaires se saisirent corps à corps, s'enlacèrent comme deux serpents et se frappèrent avec furie (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 54):
5. Rien ne put lui [à Quasimodo] arracher un mouvement. Ni son sang qui ne cessait de couler, ni les coups qui redoublaient de furie, ni la colère du tourmenteur qui s'excitait lui-même et s'enivrait de l'exécution. Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 267.
En partic., vx. La furie française. [Trad. de l'expr. ital. née au xves. furia francese] . Impétuosité proverbiale des troupes françaises dans la première attaque. (Dict. xixeet xxes.; cf. Rob. ex. de Chateaubr.).
c) P. anal. Déchaînement d'une extrême violence.
[Le compl. éventuel désigne un animal] Sais-tu que l'amitié, dans cet heureux moment, m'a donné d'un lion la force et la furie? (Florian, Fables,1792, p. 92).Le superbe animal [un cheval] bondissait avec une incroyable furie, se cabrait, pirouettait, se dressait sur ses jarrets d'acier (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 194).
[Le compl. éventuel désigne un phénomène naturel] La furie de la vague bouillonnante qui userait le granit, ferait voler le rocher (Michelet, Insecte,1857, p. 36).La nuit tombait sur la tempête, enveloppant d'ombre l'océan affolé, et tout le fracas des éléments en furie (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Ivrogne, 1884, p. 929).Le vent souffle avec une sorte de furie désespérée dans un ciel d'un bleu pur et glacial (Green, Journal,1944, p. 91).
Prononc. : [fyʀi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) xves. « fureur vive qui se manifeste avec éclat » (O. Basselin, Vaux-de-Vire, éd. P.-L. Jacob LXI); b) 1635 « impétuosité d'action » (Mair., Sophon., IV, 5 ds Littré); c) 1668 « passion excessive » (Boileau, Satires, éd. A. Cahen, VIII, 240); d) 1668 « agitation violente (ici en parlant d'éléments naturels) » (La Fontaine, Fables, éd. H. Regnier, livre I, 22, 25); 2. 1640 (par allusion aux divinités infernales les Furies) « femme violente, emportée » (Corneille, Cinna, IV, 1). Empr. au lat. class. Furia, gén. au plur., désignant les trois Furies, déesses symbolisant la vengeance (cf. xives. [ms.] Bercheure, fo23 vods Littré); puis « une femme emportée »; en lat. imp. signifie « délire, égarement »; furie a remplacé les formes pop. fuire. 1remoitié xiies. (Psautier Cambridge, p. 268, 7 ds T.-L.); fure (ca 1165, B. de Ste-Maure, Troie, 26393, ibid.). Fréq. abs. littér. : 574. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 832, b) 1 182; xxes. : a) 763, b) 638. Bbg. Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1915/16, t. 29, p. 231. − Kohlm. 1901, p. 21. − Quem. DDL t. 15.