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FILS, subst. masc.
I.− Être humain de sexe masculin, considéré par rapport à son père et/ou sa mère. Fils adoptif, aîné, légitime, naturel, posthume. Mon cher ami, j'ai la grande joie de vous annoncer la naissance de mon fils Pierre qui est survenue le 23 (Claudel, Corresp.[avec Gide], 1908, p. 85).Fils unique et sans camarade, je n'imaginais pas que mon isolement pût finir (Sartre, Mots,1964, p. 150):
1. Mais oui, ces liens de père à fils, de fils à père, − si dérisoire qu'il soit d'y seulement penser quand on songe à ce qu'ont été nos rapports − ces liens uniques, à nuls autres comparables, ils existaient bel et bien au fond de chacun de nous! Martin du G., Thib.,Mort père, 1929, p. 1344.
A.− [Rapport d'ascendance naturelle]
1. [Ascendance directe]
a) Emplois partic. Le fils + nom patronymique. Le fils de. On racontait qu'une de ces dernières années, le fils Menier avait frété un yacht (Goncourt, Journal,1888, p. 774).Nom patronymique + (père et) fils (gén. pour différencier deux écrivains, deux personnalités).Imaginez les jouissances du pauvre paysan parvenu, quand il entendait sa charmante Césarine (...) quand il l'admirait lui lisant Racine père et fils, lui en expliquant les beautés (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 52).Nom patronymique + et fils (pour désigner une raison sociale).Édité par George Routledge et fils, de Londres, M. Walter Crane a été importé en France par la librairie Hachette (Huysmans, Art mod.,1883, p. 211).Fils de personne. Homme qui n'a pas subi l'influence de son père. J'étais orphelin de père. Fils de personne, je fus ma propre cause (Sartre, Mots,1964p. 91).Fils de veuve. Garçon orphelin de père (gén. l'aîné de la famille) considéré comme soutien de famille. À vingt-quatre ans, − comme fils de veuve, il avait été dispensé du service militaire (R. Bazin, Blé,1907, p. 60).Le fils à/ de mon père (pop., en parlant de soi-même) (cf. Musette, Cagayous chauffeur,1909, p. 8).
Loc. verb. Être bon fils. Avoir du respect pour ses parents; remplir ses devoirs envers eux. Je dois ma première visite à mon père. (...) − C'est juste, Dantès, c'est juste. Je sais que vous êtes bon fils (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 10).
b) Expr. et proverbes. Tel père, tel fils. Le fils a les mêmes qualités, les mêmes défauts que son père. Être le (digne) fils de son père. Avoir les mêmes qualités ou défauts que lui; p. ext., fam. avoir égard à son père, se respecter soi-même. Quand on est le fils de son père on n'a pas le droit de détruire le produit de la création et du travail humains (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 365).Le fils est innocent des fautes de son père (cf. Ponsard, Honn. arg.,1853, III, 1, p. 61).
Expr. injurieuse. Fils de chien, de garce, de putain. Meurs donc, fils de chien, puisque tu le veux! (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 170).L'occasion est trop belle de ratatiner quelques fils de garce qui se sont sucrés pendant que nous crevions de faim! (Camus, État de siège,1948, p. 283).
c) RELIGION
α) [Gén. avec une majuscule] Jésus-Christ.
[Considéré dans sa nature divine] Fils de Dieu, de l'Éternel; Fils de l'homme. Nous venons de Judée, où le fils de Dieu est mort et ressuscité (France, Balthazar, Laeta acilia, 1889, p. 104):
2. Entre la Croix et Pâques, il y a trente-six heures pendant lesquelles Jésus va profiter de ce congé que lui donne son corps abandonné et de cette distance momentanée entre l'âme et la chair qui est le privilège d'Adam, le stipendium peccati, ce salaire du péché que le Fils de l'homme a loyalement gagné à la sueur de son front. Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 215.
[Considéré par rapport à la Trinité] Emploi abs. La seconde personne de la Trinité. Père, Fils et Saint-Esprit ne font de même qu'une seule personne! (Flaub., Tentation,1874, p. 121).
En partic. [Dans une formule sacramentale ou dans celle du signe de croix] « Je te baptise, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il » (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, En wagon, 1885, p. 63).
[Considéré dans sa vie terrestre; sans majuscule] : fils du charpentier.
β) [P. réf. à la parabole de l'enfant prodigue. Évangile de St Luc, 15] Fils prodigue*.
d) P. ext. [Terme d'affection, d'amitié] D'Épernon (...). − Le roi m'appelle son fils. Ruggieri. − Ce titre, son amitié seule te le donne (Dumas père, Henri III,1829, I, 3, p. 127).
e) P. anal.
Petit mâle d'un animal. Musette nourrissait (...) un monstre à robe cendrée, (...) un fils de chien de chasse qui tirait comme un veau sur les tétines délicates (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 81).
Pousse ou rejet d'une plante, d'une cellule vivante. La division de la substance chromatique entre les deux noyaux fils (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 1, 1931, p. 79).
f) P. métaph. L'été vermeil, Prodigue de trésors, brillant fils du soleil (Chénier, Bucoliques,1794, p. 188).Un papillon flotta, fils de la canicule (Jammes, Géorgiques,1911, p. 59).
2. [Ascendance éloignée, voire très lointaine] Descendant.
a) [Par rapport à une même famille, aux générations] Petit-fils*, arrière-petit-fils*; beau-fils* (s.v.). Il enseignait dans son école la piété, l'escrime et l'équitation aux jeunes fils des antiques familles (France, Île ping.,1908, p. 198).De père en fils, on essayait d'y protéger la vie contre l'hostilité de la nature ou celles d'autres hommes (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 172).
b) [Par rapport à la genèse, aux origines de l'homme] Oui, tous les hommes sont fils d'un même père (Benda, Trahis. clercs,1927, p. 111).
c) [Par rapport à une communauté, à une race] Celle-là même [la blessure] qui marque prématurément les fils d'Israël (Massis, Jugements,1924, p. 224).Il est, par contre, des fils de la plus errante des races qui ne rêvent que d'un domaine, d'une maison de famille (Mounier, Traité caract.,1946, p. 83).
Fils de France. Fils légitime du roi de France. Il apprit du duc Alexandre la négociation du mariage de Catherine [de Médicis] avec un fils de France (Balzac, Cath. de Médicis,Introd., 1843, p. 26).
Littér. Fils de saint Louis. Descendant de St Louis. Un fils de saint Louis, dernier rejeton de la branche aînée (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 36).
B.− P. anal.
1. [Ascendance, tutelle morale, spirituelle] Être humain placé sous la tutelle, la protection d'un maître, d'une institution, d'une entité mythique ou symbolique.
a) Littér. et poét.
Fils de + subst. désignant une divinité mythologique, source d'inspiration, ou un symbole.Les fils d'Apollon. Les poètes. Fils de Bélial (p. allus. à la Bible). Les méchants. Mort au parti royal! Point d'alliance avec les fils de Bélial! (Hugo, Cromw.,1827, p. 77).Fils de l'enfer. Diable. Je ne suis pas plus le fils de l'enfer que vous n'êtes le fils de votre chambre (Soulié, Mém. diable,t. 1, 1837, p. 15).Les fils de l'harmonie. Les musiciens. Quelques fils de l'harmonie rangés au bas d'un large rideau, exécutoient des airs tristes qu'on n'écoutoit pas (Chateaubr., Natchez,1826, p. 207).Les fils de Mars. Les guerriers. Les fils de Mercure. Les voleurs, les escrocs. Nous voilà [les six voleurs et moi] de nouveau occupés de fêter Bacchus. Les fils de Mercure boivent sec et dru (Vidocq, Mém.,t. 3, 1828-29, p. 132).Fils des Muses. Les écrivains, les poètes. Les fils des Muses, les plus nobles et les plus reconnaissants des hommes (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 661).
Fils de + subst. désignant une entité personnifiée.Peut-être suis-je heureux, moi, d'être un fils de la chance (Cocteau, Machine infer.,1934, p. 125).
b) RELIGION
Fidèle chrétien par rapport à sa foi. Je suis le fils soumis de l'Église catholique, apostolique et romaine (Péladan, Vice supr.,1884, p. 109).
En appellatif. [Dans la bouche d'un prêtre] Mon fils, mes fils.
Fils de. Religieux de (l'ordre de). Un des plus suaves élèves de Jehan Fouquet s'est représenté, ceint de la cordelière des fils de Saint François (France, Bonnard,1881, p. 463).
Le Fils aîné de l'Église. ,,Qualification donnée au roi de France`` (Ac. 1835-1932).
c) Disciple par rapport à un maître, à un enseignement. Toi, vieux gaulois et fils du bon Villon (Banville, Odes funamb.,1859, p. 283).Fils de l'Université et des Taine et des Renan et des Michelet, je m'adresse aux fils de l'Université. Cela peut être utile (Barrès, Cahiers,t. 9, 1911, p. 18).L'élève de Philip. Son élève, en effet : son second, son fils spirituel (Martin du G., Thib.,La Consult., 1928, p. 1063).
d) Au fig. Œuvre par rapport à son créateur. Il [Canova] a passé plusieurs années à retoucher ce tableau, fils heureusement unique de sa vieillesse (Sand, Lettres voy.,1837, p. 32).
2. [Rapport d'origine, de provenance] Fils de.Personne native, issue de.
a) Domaine géogr.Il est le fils de la terre lorraine et de l'océan breton (Barrès, Cahiers,t. 12, 1919, p. 27).
Littér., au fig. Fils de la mer (synon. de marin), de la terre (synon. de paysan). Fils de la mer! Qu'as-tu vu? Entends-moi! Réponds-moi! (Claudel, Chr. Colomb,1929, p. 1150).
P. anal. et au fig. Le fleuve prend sa vie aux sources du mystère. Il est le fils des monts déserts et des glaciers (Samain, Chariot,1900, p. 224).Mes petits singes devenaient tristes (...) ces fils blonds du Capricorne (Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 21).
b) Domaine soc.A-t-il vu beaucoup de fils de chiffonniers nommés ambassadeurs? (Méard, Rêv. païen,1876, p. 170).Ce petit Anglais, ce fils de riche (Mauriac, Asmodée,1938, IV, 13, p. 176).Je suis fils de bourgeois. Je lutte contre ma classe de toutes mes forces (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 175).
Emplois partic. Fils de (bonne) famille. Garçon issu d'une famille riche. Je suis un fils de bonne famille, mon père possédait même une écurie de course mais voilà... (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 163).Fils à papa. Garçon avantagé par la fortune de ses parents. MmeSéverine, qui ne badine pas sur le chapitre de la morale, nous traita de « fils à papa » (L. Daudet, Dev. douleur,1931, p. 255).Fils de patron. Dans la carrière médicale, garçon, homme avantagé par le rang qu'occupe son père. Le fils est encore ce que l'on appelle en médecine un fils de patron (Duhamel, Maîtres,1937, p. 137).Fils d'archevêque (arg. naval). Élève privilégié par la situation élevée de son père. « Une promotion (à l'École navale) aussi forte (...) ne se justifiait que par le [lire la] nécessité de faire une position à quelque fils d'archevêque » (Mot d'ordre, 1887) (Fustier, Suppl. dict. Delvau,1889, p. 537).
Loc. verb. fig. Être le fils de ses œuvres. Ne devoir sa réussite qu'à ses propres qualités. Le peuple qui riait des blasons, s'habitua à se croire uniquement fils de ses œuvres; le peuple se trompa, il a ses ancêtres tout comme les rois (Sand, Hist. vie,t. 1, 1855, p. 29).Fils légitime de mes œuvres. Je me relève aussi facilement que je tombe (Renard, Journal,1899, p. 527).
3. Appellatif, fam. [Terme d'affection, d'amitié] . Réjouissez-vous, mes chers fils et mes chères filles (Barrès, Colline insp.,1913, p. 140).
Rem. En appellatif, la docum. atteste la forme région. ou vieillie mon fi. Le vieux commençait ses jérémiades : − Ça ne peut pas durer longtemps comme ça, mon fi (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 54).
C.− Au fig. Chose qui résulte d'une autre, est engendrée par elle. (Quasi-)synon. conséquence, produit, résultat.Les succès sont toujours les vrais fils de l'audace (Laya, Ami loix,1793, II, 2, p. 30).
II.− Être humain de sexe masculin. Accoucher d'un fils. Synon. garçon, homme (en emploi abs.).
Vx, fam. [En appellatif] Vous êtes cent contre un! Pardieu! Le bel effroi! Fils, cent maravédis valent-ils une piastre? (Hugo, Légende,t. 1, 1859, p. 289).
Péj., vx. Beau fils. Jeune homme qui parade, se fait remarquer par des dépenses, des excès. Faire le beau fils. C'était [Frédéric Marest] d'après les renseignements obtenus par la police de l'Étude, un beau fils de vingt-trois ans (Balzac, Début vie,1842, p. 440).
P. iron. [P. allus. à Marot] Au demeurant, le meilleur fils du monde (cf. France, Rabelais,1909, p. 85).
REM.
Filliot, filliotte, fillot, fillotte, filiot, filiotte, subst.,vieux, appellatif. Mon fils, ma fille. Bourgeois, vint dire la servante (...) votre cheval a mangé l'avoine. − Eh bien! attelle-le, la filliotte (Ponson du Terr., Rocambole,t. 5, 1859, p. 111).Dis-donc, filiot! (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 352).Toi, mon garçon! toi, mon fillot! s'écria le vieillard (Fabre, Norine,1889, p. 34).
Prononc. et Orth. : [fis]. l purement graph., supprimé partout ailleurs dès le xiiies., n'a été conservé que dans aulx (plur. de ail), fils, pouls ainsi que dans l'orth. archaïsante de mots du type de aulne et famille (aune), faulx (faux), faulde (faude). Cf. Bub. 1935, § 113. On rappelle qu'à partir du xiiies. et jusqu'au xvies. l's final s'efface progressivement devant consonne, mais qu'il se fait toujours sentir comme sonore [z] devant voyelle et comme sourde [s] en finale absolue. À partir du xviiies. il s'efface en finale absolue, ne subsistant que dans le cas de liaison étroite devant voyelle (sous forme de [z]). L'on prononce très régulièrement [fi] dans un fils ou dans le fils prodigue. La restauration de l's dans ce type de mots (fils, ours) date du xviiies. (cf. Bourc. 1967, § 160). Elle s'explique dans le cas de fils par une prononc. affective d'un mot souvent empl. au vocatif (cf. Domergue ds Bub. 1935, § 217). L'anc. prononc. du xviies. [fi] est encore recommandée ,,quand le mot ne termine pas la phrase`` (donc devant consonne dans le cours d'une phrase : votre fils nous a déçus [finuzadesy]) ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Land. 1834, Gattel 1841. Ils rejoignent ainsi l'anc. système où s est prononcé sonore devant voyelle, sourd à la pause, mais s'efface devant consonne dans la phrase. Mais d'apr. Littré l'habitude de prononcer [fis] à la pause aussi bien que devant consonne est une mauvaise prononc. Après Littré, la prononc. [fi] est considérée comme vieillie ds DG, Mart. Comment prononce, 1913, pp. 302-303, ds Rouss.-Lacl. 1927, p. 169, ds Nyrop Phonét. 1951, § 172 et 254 qui cite un passage de Monsieur Bergeret à Paris d'Anatole France : ,,Mademoiselle Lalouette avait d'excellentes manières... Elle parlait bien. Elle avait gardé la vieille prononciation. Elle disait (...) Un fi.`` Cette prononc. est considérée comme provinciale ds Barbeau-Rodhe 1930. Elle s'est conservée plus longtemps (bien qu'elle ait aussi disparu là aujourd'hui) dans des expr. relig. du type au nom du fils ou le fils de l'homme. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Ac. 1798-1878 souligne : ,,On ne prononce point l'l``. Ac. 1932 ajoute : ,,Et on fait sentir l's``. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié du xes. fils « être humain du sexe masculin considéré par rapport à son père et/ou sa mère » (Saint Léger, éd. J. Linskill, 16); 2. fin xes. fils Deu « Jésus-Christ » (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 180); 3. 1remoitié du xiies. « humanité, hommes considérés par rapport à leur ascendance » (Psautier d'Oxford, éd. F. Michel, IV, 4 : li fil des humes). Du lat. class. filius « fils, enfant »; « descendants » en b. lat. La forme actuelle représente l'anc. cas sujet conservé en raison de son emploi fréq. comme vocatif et prob. aussi pour éviter la confusion avec fil. Fréq. abs. littér. : 21 757. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 37 340, b) 35 961; xxes. : a) 30 102, b) 23 292. Bbg. Johnson (Ph.). Huon de Bordeaux et la sém. de l'enfes. Z. rom. Philol. 1975, t. 91, p. 72. − Kuznecon (A.M.). On the typology of the semantic field of kinship terms. Linguistics. La Haye. 1974, no125, pp. 8-9.