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FANTASTIQUE, adj. et subst.
A.− Vieux
1. [En parlant d'une pers.] Qui donne libre cours à son imagination, se forge des chimères. Un assez grand nombre (...) de rêveurs fantastiques se promettaient, (...) l'égalité des biens, ou le suffrage universel (Guizot, Hist. civilisation,Leçon no13, 1828, p. 21).
P. méton. [En parlant de l'activité imaginaire d'une pers.] Qui n'est qu'une construction de l'imagination, n'a aucun fondement dans la réalité. Desseins, projets fantastiques. Synon. imaginaire.Je détruis, par le raisonnement, les idées fantastiques qu'on s'est faites du ciel, et je cherche à montrer où est vraiment le ciel (P. Leroux, Humanité,t. 1, 1840, p. V).Une justice fantastique sortie de l'imagination des utopistes (Sorel, Réfl. violence,1908, p. 339):
1. L'imagination combine les idées conservées des objets simples, non selon leurs rapports réels qui forment les êtres existans, mais dans leurs rapports possibles ou supposés tels, dont résultent des êtres ou absens, ou chimériques, ou même fantastiques et contradictoires... Senancour, Rêveries,1799, p. 145.
2. [En parlant d'un être vivant, d'un inanimé concr.]
a) Dont l'existence est purement imaginaire, constitue une invention. Synon. fictif.Je suis dans la ferme persuasion que l'île Grande est, comme l'île Pepis, une terre fantastique; le rapport de La Roche qui prétend y avoir vu de grands arbres, est dénué de toute vraisemblance (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 43).Il fallait (...) mentir, inventer des histoires sur un sous-chef qui n'existait pas, sur un garçon de bureau fantastique (A. Daudet, Trente ans Paris,1888, p. 34).
b) Qui est visible, mais sans consistance réelle. Si elle [l'eau] les eût réfléchies comme la lumière, les formes des arbres et des terres qui bordent ses rivages eussent apparu à sa surface, (...) l'illusion se fût confondue sans cesse avec la réalité. Les oiseaux eussent voltigé en vain autour d'un saule fantastique pour y faire leurs nids, et les bœufs se fussent heurtés contre un saule réel (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 199).Beaucoup (...) supposaient que le corps de Jésus avait été fantastique, que toute sa vie matérielle (...) ne fut qu'une apparence (Renan, Évangiles,1877, p. 421).
B.− Usuel
1. Qui appartient au surnaturel, qui est créé par l'imagination. Apparition, vision fantastique; monstres, ombres fantastiques. Synon. extraordinaire, irréel, merveilleux.Toute sa vie il avait été atrocement poltron, et quand il était ivre surtout, il était assailli par les revenants, (...) par le monde fantastique des superstitions du pays (Sand, Hist. vie,t. 1, 1855, p. 282).Nous ne savons pas ce qu'il y a dans les choses, mais nous avons découvert que les diables, lutins et farfadets n'y sont pas. Que ces êtres fantastiques soient possibles ou non, cela dépasse notre portée (Alain, Propos,1932, p. 1104):
2. ... le penseur le plus positif est prêt à jurer qu'il y a là-bas, dans ces ombres, sous quelque bocage fantastique, un être surnaturel et solitaire, une fée quelconque... Hugo, Rhin,1842, p. 141.
SYNT. Animaux, bêtes, figures, oiseaux, personnages, terreurs fantastiques.
Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Ce qui est surnaturel. Synon. féerique, irréel, surnaturel.Sans être précisément un vampire, une goule, un homme artificiel (...) il [un personnage mystérieux] participait, au dire des gens amis du fantastique, de toutes ces natures anthropomorphes (Balzac, Sarrasine,1831, p. 396).Moi qui, dès l'enfance, fus pourtant fermé au fantastique, à l'étrange, qui ne pouvais souffrir les histoires de nains et de fées (Mauriac, Mém. intér.,1950, p. 27):
3. Vous ne trouvez pas, monsieur, que la nuit est bien vide et d'un noir bien vulgaire depuis qu'elle n'a plus d'apparitions. On se dit : « Plus de fantastique, plus de croyances étranges, tout l'inexpliqué est explicable. Le surnaturel baisse comme un lac qu'un canal épuise; la science, de jour en jour, recule les limites du merveilleux ». Maupassant, Contes et nouv.,t. 2, Peur, 1884, p. 958.
2. Qui paraît imaginaire, surnaturel. Apparence, aspect, effet fantastique; formes, reflets, rochers fantastiques. La présence de M. de Monte-Cristo chez elle à une pareille heure, son entrée mystérieuse, fantastique, inexplicable, par un mur, semblaient des impossibilités à la raison ébranlée de Valentine (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 558).J'ai toujours aimé les voyages à l'heure crépusculaire. C'est le moment où la nature se déforme et devient fantastique (Hugo, Fr. et Belg.,1885, p. 157).
P. ext. Dont la réalité, pourtant fondée, dépasse l'imagination par une certaine démesure. Synon. extraordinaire, fabuleux, faramineux (fam.), incroyable, mirifique, prodigieux.L'aisance fantastique du baron de Rothschild (Banville, Odes funam.,1859, p. 163).Quelle effronterie fantastique!... (...) c'était une réflexion inouïe!... absolument inédite (Céline, Mort à crédit,1936, p. 502).
4. ... nous vîmes l'immense et fantastique atelier du tissage : deux cents métiers, cent ouvriers. Cette variété infinie de mouvements sous une action commune est une des plus saisissantes choses que j'aie jamais vues. Cela ne peut ni s'imaginer, ni se rêver. Michelet, Journal,1842, p. 475.
3. En partic., littér. et B.-A.
a) Emploi adj. [En parlant d'un auteur, d'un artiste; p. méton. de leur œuvre] Qui met en scène, présente des êtres irréels, des phénomènes surnaturels. Auteur, cinéma, conte, écrivain, histoire, œuvre, peinture, récit fantastique. Chez un Allemand, le conte de fées serait plus fantastique, plus féerique de tout point, non corrigé par la raison (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 1, 1861, p. 311).J'ai reçu les dessins fantastiques qui m'ont diverti (Flaub., Corresp.,1872, p. 355).Jaloux m'a prêté « Ferelith », roman fantastique de Lord Kilmarnoch (...). C'est l'histoire d'une femme à qui un fantôme fait un enfant (Green, Journal,1936, p. 50).
b) Emploi subst. Genre littéraire, artistique, caractérisé par l'évocation de thèmes surnaturels; p. méton. évocation du surnaturel dans une œuvre, chez un auteur. Le fantastique, qui lui semblait autrefois un si vaste royaume du continent poétique, ne lui en apparut que comme une province; il comprit qu'on ne fera jamais rien de beau en inventant des animaux qui ne sont pas, des plantes qui n'existent point, en donnant des ailes à un cheval, des queues de poisson à des corps de femmes (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 241).Son fantastique [de Goya] ne vient pas des albums de caprices italiens, mais du fond de la peur des hommes (Malraux, Voix sil.,1951, p. 97):
5. Quand on pense aux innombrables trouvailles de Nosferatu, au carrosse noir dans la montagne, au pont des fantômes, aux chevaux qui s'ébrouent à l'aube, dans la prairie, au glissement du bateau noir qui porte le vampire sur les eaux du canal désert, on est tenté de croire que les metteurs en scène ont perdu le sens du fantastique et que Murnau était seul à savoir faire un film de ce genre. Green, Journal,1932, p. 110.
Prononc. et Orth. : [fɑ ̃tastik]. Ds Ac. 1694-1932. Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 2 1787 rappellent que quelques-uns usent de la graph. étymol. phantastique qu'ils jugent arch. (cf. fantôme). Étymol. et Hist. A. Adj. 2emoitié xives. [ms.] « qui est créé par l'imagination, qui n'existe pas dans la réalité » (Légende doree, Maz. 1729, fol. 32bds Gdf. Compl.); 1392 (A. N. JJ 144, pièce 128 : home lunatic ou par aucuns intervalles fantastic). B. Subst. 1536 « fou insensé » (Calvin, Inst. I, p. 27 ds Hug.); 1738 « ce qui n'existe que dans l'imagination » (Piron, Métromanie, II, 8 ds Littré); 1821 genre littér. (Nodier, Smarra, p. 10 : L'Odyssée d'Homère est du fantastique sérieux). Empr. au b. lat. phantasticus « imaginaire, irréel », gr. φ α ν τ α σ τ ι κ ο ́ ς. Fréq. abs. littér. : 1 172. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 644, b) 2 254; xxes. : a) 1 957, b) 1 195.
DÉR.
Fantastiquement, adv.a) [Correspond à fantastique A 2] De façon prodigieuse, extraordinaire. Synon. extraordinairement, fabuleusement, incroyablement.Ma conception s'est fantastiquement élargie (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1891, p. 122).Les insectes, si formidablement outillés pour l'attaque et si fantastiquement cuirassés (Maeterlinck, Intellig. fleurs,1907, p. 185).b) [Correspond à fantastique B] D'une manière étrange, surnaturelle. Ô la rivière dans la rue! Fantastiquement apparue (Verlaine, Œuvres compl.,t. 1, Romances sans par., 1874, p. 55).Or, la lune qui point tout juste en ce moment, Semble s'y regarder si fantastiquement [dans l'étang], Que l'on dirait, (...) Une tête de mort éclairée en dedans (Rollinat, Névroses,1883, p. 326).[fɑ ̃tastikmɑ ̃]. Cf. fantôme. 1reattest. xves. [ms.] « d'une manière fantastique » (Evrart de Conty, Prob. d'Aristote, BN 210, fo211a); de fantastique, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 17.
BBG. − Gall. 1955, p. 494. − Lew. 1960, p. 20, 251. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 298. − Roques (G.). La Lexicogr. et l'alchim. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 455.