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EXCESSIF, IVE, adj.
A.− [En parlant d'une chose considérée sous l'angle qualitatif et au regard d'une norme morale, soc. ou esthétique]
1. [Gén. avec une idée de jugement défavorable] Qui dépasse la mesure, le degré convenable par sa force, son intensité ou sa violence. Sentiment, amour excessif. Il n'est qu'un pas de l'enjouement excessif à la folie (Dusaulx, Voy. Barège,t. 2, 1796, p. 110).Vos désirs excessifs, vos intempérances, vos joies qui tuent, vos douleurs qui font trop vivre (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 39).On a raillé le goût excessif des impressionnistes pour le violet. Or, ce violet est une invention (Mauclair, Maîtres impressionn.,1904, p. 30):
1. ... pour avoir retiré sa ceinture, on l'a mis, selon l'usage, en pénitence, cinq minutes contre le mur de la cour, face au marronnier, en lui disant : « Tu vas rester là tout seul, personne ne s'occupe plus de toi. » Punition excessive parce que l'enfant était nouveau. Pendant quelques instants il a connu l'infini désespoir de l'abandon total. Frapié, Maternelle,1904, p. 163.
Loc. verbale. Il est excessif de + verbe à l'inf. ou que + complétive.Il est exagéré. Avouez aussi qu'il est un peu excessif de dire que le Christ n'est pas dans le catholicisme (Claudel, Corresp.[avec Gide], 1899-1926, p. 207).Il serait excessif que dans une âme humaine, où cohabitent les vices et les vertus les plus contraires, seul le mot « allemand » et le mot « français » se refusent à composer (Giraudoux, Siegfried,1928, IV, 3, p. 172).
2. P. exagér. [Gén. en position pré-nominale; sans idée de jugement défavorable, d'excès] Très grand, extrême. Pourriez-vous prier votre cher abbé Gazzera (...) de me procurer une brochure publiée à Rome sur l'exécution de Béatrix Cenci (...) J'en ai le plus excessif besoin (Balzac, Corresp.,1836, p. 172).Les tableaux d'Hobbema authentiques sont venus d'une excessive rareté (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 148):
2. ... il y avait à cette époque à Strigonie en Hongrie, deux honnêtes et pieux époux, dont la fille unique, encore toute enfant, venait de mourir. Le père et la mère ressentirent de cette mort une douleur excessive. Après avoir beaucoup pleuré et gémi, ils se couchèrent, mais ne purent s'empêcher de parler encore pendant une partie de la nuit de leur malheur. Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 318.
Rem. On rencontre ds la docum. de nombreuses attest. de excessif marquant le très haut degré modifié par un compar. ou un superl., usage que condamnent les puristes. Un dégoût horrible et la plus excessive amertume (Bloy, Journal, 1900, p. 384). Je tombai contre cette porte, en proie au plus excessif désespoir et restai longtemps pleurant et sanglotant dans la nuit (Gide, Porte étr., 1909, p. 579).
B.− P. ext.
1. [En parlant d'une pers.] Qui pousse les choses à l'excès, qui est incapable de nuances et/ou de modération. Il devenait blagueur, excessif : le Parisien dans ce qu'il a de pire (Benjamin, Gaspard,1915, p. 87):
3. Vous ne changerez jamais. Ni la foi, ni la charité, ni François d'Assise n'y feront rien. Vous resterez l'homme violent, excessif, intransigeant, que vous avez toujours été. C'est ce qui me fait peur pour vous, Monsieur le comte. Aymé, Clérambard,1950, IV, 10, p. 246.
Rem. On rencontre ds la docum. une attest. du subst. excessivité au sens de « caractère d'une personne excessive ». Les caractères typiques de l'adolescent. Il les avait tous : fougue, excessivité, pudeur, audace et timidité, (...) l'horreur des demi-mesures (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 931).
Excessif dans qqc.L'un fougueux, bondissant, excessif dans ses impétuosités (M. de Guérin, Journal,1833, p. 161).Elle avait beaucoup de défauts : elle était injuste, de parti pris, excessive dans ses sympathies et antipathies (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 312).
2. [En parlant d'un comportement] Qui dénote un caractère ou un sentiment excessif. Des mots excessifs, imprudents, et qui certes n'étaient faits ni pour être prononcés, ni pour être imprimés (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 379).Un éloge excessif (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 29).
Rem. On rencontre ds la docum. plusieurs emplois subst. à valeur de neutre. Ce qui dépasse la mesure. (Quasi-)synon. excès. Quelle absence de personnalité, de tempérament! chez tous, quelle peur bourgeoise de l'excessif, de l'idée de demain! (Goncourt, Journal, 1865, p. 169). Au moral, il garde de l'enfant la puissance d'illusion, le goût de l'énorme, de l'excessif et du merveilleux, l'impossibilité de résister à ses désirs (France, Vie fleur, 1922, p. 342).
C.− [En parlant d'une chose considérée sous l'angle quantitatif] Qui dépasse une moyenne ou une quantité considérée comme optimale.
[Le subst. qualifié est un terme abstr.] Longueur, hauteur excessive de qqc. Le taux excessif et même déraisonnable de leurs douanes (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 236).L'excessive élévation des bas-côtés [du duomo] ôte à cette église le caractère de sombre et mystérieuse pesanteur de Notre-Dame-de-Paris (Michelet, Journal,1835, p. 211):
4. « ... Lachaume devient vraiment trop cher; ses prix sont excessifs, savez-vous, ses prix je les trouve inconvenants! » ajoutait-elle en riant. Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 603.
[Le subst. qualifié désigne une réalité concr.] Le froid était excessif, la pluie très-abondante et la brume des plus épaisses (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 135).Le travail excessif dont on le surcharge [l'esclave] abrége ses jours, et oblige son maître à des remplacements coûteux (Say, Écon. pol.,1832, p. 226).
[Le subst. qualifié désigne un processus] Des pâturages ont (...) été détruits par un déboisement excessif (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 183).Les radiations (...) vont détruire les parties de la glande trop active et diminuer la sécrétion excessive d'hormone (QuilletMéd.1965, p. 477):
5. Contrairement à l'enseignement, la géographie appliquée paraît donc constituer surtout une carrière masculine (de là, une possibilité de contre-poids à l'excessive féminisation de nos effectifs étudiants). Colloque géogr. appl.,1962, p. 147.
Prononc. et Orth. : [εksεsif] ou [e-], fém. [-i:v]. Cf. é-1. Mais aussi, également, p. harmonis. vocalique [εksesif] (cf. Pt Rob. et pour le lang. cour. Warn. 1968) ou [ekse-] (Cf. Martinet-Walter 1973). Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Début xives. « qui excède la règle, la mesure convenable » chose excessive (Jean Chapuis, Le Trésor, éd. Méon, 432); 2. 1587 « en parlant d'une pers. » (Lanoue, 76 ds Littré). Empr. au lat. médiév. excessivus de même sens, ca 1254 ds Latham. Fréq. abs. littér. : 1 606. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 382, b) 1 984; xxes. : a) 2 162, b) 2 433. Bbg. Gohin 1903, p. 291. − Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. de Philol. fr. 1915-16, t. 29, p. 148.