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ENCHAÎNEMENT, subst. masc.
Action d'enchaîner; état de celui qui (ou de ce qui) est enchaîné.
A.− Action de retenir captif une personne ou un animal au moyen d'une ou de plusieurs chaînes; résultat de cette action.
1. [L'idée de lien matériel ou d'entrave physique domine] Enchaînement des esclaves, des prisonniers :
1. Une cruauté ingénieuse et fantasque avait présidé à l'enchaînement de ces prisonniers. Les uns étaient liés derrière le dos par les coudes; les autres, par les mains élevées au-dessus de la tête, dans la position la plus gênante; ... Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 217.
P. anal. Suite d'éléments ou de personnes rappelant la disposition des anneaux d'une chaîne.
a) [Désignant des choses] L'enchaînement des plaines aux plaines (Giono, Triomphe vie,1941, p. 124).
b) [Désignant des pers.] Toutes ces nubilités de dix à vingt ans formant un anneau de danse, un ondulant et voluptueux enchaînement féminin (Goncourt, Journal,1892, p. 318).
2. P. métaph. ou au fig. [L'idée de lien ou de contrainte morale, affective ou sociale domine]
a) [Sans nuance péj.] Il a fallu pour cela bien des jours, d'événements, de choses, un enchaînement qui nous lie enfin (E. de Guérin, Lettres,1838, p. 160).
b) Péj. La vérité? Où était-elle? Était-ce de subir ces enchaînements ou de les rompre? (Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 196):
2. ... être dès cette vie une force libre, une liberté, se faire Dieu, puissance absolue, vaincre complètement le destin, s'émanciper, s'affranchir, bien certain qu'après cette vie l'enchaînement au monde est à jamais rompu. P. Leroux, De l'Humanité,t. 1, 1840, p. 67.
B.− Série de choses ou de concepts liés entre eux par des rapports de continuité ou de logique.
1. [L'idée de continuité domine] Enchaînement des mots, des phrases, des événements. Ce n'étoit que le commencement d'un enchaînement de malheurs qui devoient se dérouler avec une étonnante rapidité (Fiévée, Dot Suzette,1798, p. 76):
3. ... elle [l'attention] est le plus souvent discursive, sa démarche est réductible à des enchaînements de mots, et le discours, les mots qui nous permettent d'atteindre aisément des objets, atteignent mal les états intérieurs, qui nous demeurent étrangement inconnaissables. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 215.
Avec enchaînement. Il parlait de suite, avec enchaînement, sans jamais s'interrompre (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 5, 1851-62, p. 460).
Spécialement
a) CIN. Enchaînement des images (cf. Cocteau, Foyer artistes, 1947, p. 191 et enchaîné, ée II B 1).
b) DANSE. Figure conventionnelle servant à assurer la continuité entre deux passages chorégraphiques. Des baisers doivent trouver place (...) dans une suite de gestes, s'imposer dans l'enchaînement des figures de la danse (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 91).
c) MUS. Succession de plusieurs accords suivant les lois de l'harmonie. Le système des gammes, des modes et de leur enchaînement harmonique (...) est la conséquence de principes esthétiques, qui ont varié avec le développement progressif de l'humanité (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 340).Ils ne parlaient plus que de sujet et de contre-sujet, d'harmoniques et de sons résultants, d'enchaînements de neuvièmes et de successions de tierces majeures (Rolland, J. Chr.,Foire, 1908, p. 684).
d) THÉATRE, MUSIC-HALL. Suite ininterrompue de scènes; petit intermède servant à faire le lien entre deux numéros, deux tableaux. Othello. L'enchaînement des scènes et la gradation de l'intérêt me remplissent d'admiration (Delacroix, Journal,1855, p. 349).
e) VERSIF. Alternance régulière des rimes féminines et masculines. Un sentiment délicat d'harmonie lui suggère cet enchaînement régulier de rimes féminines et masculines (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 10).
2. [L'idée de rapport logique domine]
a) [Rapport logique de temps] L'enchaînement des jours, des saisons. Ce furent les seules distractions qui rompirent le monotone enchaînement des jours (Maupass., Une Vie,1883, p. 101).
b) Usuel. [Rapport logique de concepts, de notions identiques ou interdépendantes] Enchaînement des causes et des effets, des phénomènes, des idées. Elle avait une remarquable netteté de jugement, jointe à une faculté rare chez les femmes, l'ordre dans l'enchaînement des idées (Sand, Villemer,1861, p. 123):
4. L'histoire ne peut plus être un simple amusement littéraire et s'adresser à l'imagination seule; elle doit aussi parler à la raison de l'homme. Ce n'est pas assez d'être un tableau, il faut qu'elle soit une leçon, et elle ne peut l'être qu'autant qu'elle rapporte les effets aux causes, et présente les faits non pas seulement dans leur succession chronologique, mais dans cet enchaînement qui les explique les uns par les autres, en les engendrant les uns des autres. C'est par là seulement qu'elle peut faire comprendre certains faits, certains systèmes. Cousin, Hist. de la philos. du XVIIIes.,t. 1, 1829, p. 58.
SYNT. a) [Suivis d'un compl. de nom (gén. au plur.)]. Enchaînement des choses, des circonstances (cf. Verne, 500 millions, 1879, p. 36), des faits (cf. Cournot Fond. connaiss., 1851, p. 512), des vérités (cf. Destutt de Tr., Idéol., 1801, p. 15). Être jeune, c'est ignorer les enchaînements de l'histoire ou les nier (Guéhenno, Journal Révol., 1938, p. 157). b) [Suivis d'un adj. (et éventuellement d'un compl. de nom)] Enchaînement logique (cf. Zola, Fécondité, 1899, p. 623), naturel, nécessaire, rationnel, rigoureux. Cet enchaînement universel sur lequel l'homme (...) n'a aucun empire (Maine de Biran, Journal, 1816, p. 148). L'enchaînement régulier des idées (Vigny, Journ. poète, 1834, p. 997).
Spéc., MATH. Ensemble de propositions se déduisant les unes des autres (cf. Bourbaki, Hist. math., 1960, p. 9).
5. ... toute théorie mathématique est un enchaînement de propositions, se déduisant les unes des autres conformément aux règles d'une logique qui, pour l'essentiel, est celle codifiée depuis Aristote sous le nom de « logique formelle », convenablement adaptée aux buts particuliers du mathématicien. Les Gds courants de la pensée mathématique,1948, p. 37.
Rem. Certains dict. enregistrent enchaînure, subst. fém. Synon. vieilli de enchaînement. ,,Ne se dit qu'en termes d'Art, pour désigner un entrelacement d'anneaux, de fils, de cordons`` (Ac. 1878). Attesté ds Ac. 1798-1932.
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃ ʃ εnmɑ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1396 « chaîne » (E. Deschamps, Œuvres, éd. G. Raynaud, VIII, p. 85); 1611 « action d'enchaîner » (Cotgr.); av. 1650 « succession de choses dépendantes les unes des autres » (Vaugelas ds Trév. 1704); 1805 « structure logique d'un exposé, d'un raisonnement » (Destutt de Tr., Idéol., Logique, p. 112). Dér. du rad. de enchaîner; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér. : 580. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 827, b) 754; xxes. : a) 530, b) 1 038. Bbg. Gohin 1903, p. 307 (s.v. enchaînure).