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DOLENT, ENTE, adj.
A.− Qui est dans un état de souffrance diffuse, de malaise pénible. Synon. (partiels) indisposé, maladif, souffreteux.Il [Baldassare] éprouvait à parer son corps dolent, à accouder sa résignation à la fenêtre en regardant la mer, une joie mélancolique (Proust, Plais. et jours,1896, p. 33).Paul, à certaines heures, me quittait pour s'en aller peindre; mais je n'étais pas si dolent que je ne pusse parfois le rejoindre (Gide, Si le grain,1924, p. 560).J'y parvins enfin, me retrouvai sur le carrelage frais de la chambre, dolente, étourdie (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 64).
Emploi subst. Montez-moi là-haut, fit le dolent qui ne se soutenait plus (La Varende, Heur. humbles,Pèlerins d'Argentan, 1942, p. 34).
P. ext. [En parlant du comportement] Qui exprime la souffrance. Un air, un geste, un regard, un sourire dolent. Elle était plutôt triste et avait murmuré d'une voix dolente : « Je peux pas aller plus vite. J'ai trop d'ouvrage » (G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 272):
1. Mascha et Moravagine formaient un couple paradoxal, lui, minuscule, chétif, bancal, prématurément vieilli, terne, effacé, au visage ossifié, aux manières dolentes, et qu'un rire éclatant venait tout à coup secouer... Cendrars, Moravagine,1926, p. 105.
B.− Qui est affecté par une souffrance morale, ressentie avec une certaine passivité. Synon. abattu, déprimé, languissant.Jacques, ressaisi par la routine, un peu plus triste, plus dolent, reprendrait ses rêveries, ses lectures romantiques (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 110):
2. Les distinctions croulaient, elles se retrouvaient toutes femmes... tombées là de l'inconnu, pour n'être plus que des créatures dolentes, égales par la misère et par la faute. Zola, Fécondité,1899, p. 183.
P. ext. [En parlant du mode de vie] Elle passe ses dolentes journées au milieu des coussins de soie turque (...) de sa chambre à coucher (Lorrain, Âmes automne,1898, p. 40).
C.− Péj. Qui se plaint continuellement ou de manière exagérée. Synon. geignard.Je me montre dolent, geignant, pitoyable (Gide, Journal,1916, p. 782).
D.− Qui souffre (physiquement et/ou moralement), de manière passive ou plaintive :
3. Ah! la dolente humanité, toujours à se battre, à se dévorer, dans les parlements et sur les champs de bataille, quand donc désarmerait-elle pour vivre enfin selon la justice et la raison? Zola, Paris,t. 2, 1898, p. 43.
Spéc. [P. allus. au 1ervers du chant 3 de l'Enfer de Dante (inscription sur la porte d'entrée de l'Enfer) : Per me si va nella città dolente] La Cité dolente (littér.) : l'Enfer (la Cité où vit une humanité dolente). Puis tout à coup l'ombre prit son vol à travers la cité dolente et descendit de sa place jusqu'au fond même de l'enfer (Balzac, Proscrits,1831, p. 37).
P. ext. Le peuple, en échangeant ce nom pour celui de prolétariat, a renoncé à son aspect dolent. Il est devenu force, nombre et parti (Bloch, Dest. S.,1931, p. 114).
P. méton. Il [le bouvier] se remit à chanter un air dolent qui ressemblait à un chant d'église (Sand, Villemer,1861, p. 179).Je me promenais autour de ces pavillons hospitaliers et prometteurs, dolents, retirés, épargnés, et je ne les quittais qu'avec regret (Céline, Voyage,1932, p. 178).
P. métaph. ou au fig. [Appliqué à un inanimé] Qui fait penser à une plainte. Je me promenai au limbe des flots, écoutant leur bruit dolent, familier et doux à mon oreille (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 403).
Rem. On rencontre ds la docum. la forme verbale se dolenter issue de l'adj. dolent ou du subst. ancien dolenté (Guérin 1892). Se plaindre longuement, sans sujet ou sur un ton triste et affligé. Je me dolentais de ne pas avoir de maîtresse (Gautier, Mllede Maupin, t. 1, 1835, p. 118).
Prononc. et Orth. : [dɔlɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1remoitié xes. doliants (Jonas ds Bartsch Chrestomathie t. 4, p. 25, v. doléance); ca 1050 dolente (Alexis, éd. Chr. Storey, 132). Empr. au lat. class.dolens, -entis, part. prés. de dolere « éprouver de la douleur ». Fréq. abs. littér. : 242. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 104, b) 516; xxes. : a) 756, b) 208.
DÉR.
Dolentement, adv.D'une manière dolente, pénible. Je traîne un peu dolentement tout le long du jour et décommande la course à âne dans la vallée des singes (Gide, Carnets Égypte,1939, p. 1066); cf. aussi dolemment A). 1resattest. début xiiies. dolantemant (Li Epistle Saint Bernart a Mont Deu, ms. Verdun 72, fo2 rods Gdf.); xiiies. [ms.] dolentement (Ch. de Troyes, Charrette, éd. W. Foerster, 208, var. ms. T.); de dolent, suff. -ment2*, du fém. analogique dolente, de dolent (Nyrop t. 3, § 611, 10), cf. dolemment, formé sur l'adj. épicène dolent. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 306 (s.v. dolenter [se]).