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DOLÉANCE, subst. fém.
A.− Vx et littér., au sing. Souffrance, état pénible incitant à se plaindre. À la honte de son inertie et à cet état de comateuse doléance [d'un pénitent] (Huysmans, Cathédr.,1898, p. 105).Édouard... avouait... avoir été domestique... Il lui restait de ce passé... cette espèce de doléance marmiteuse de l'homme de bien qui se tâte l'échine en gémissant (Bloy, Lieux communs,1902, p. 101).
B.− Usuel, gén. au plur. Plainte orale ou écrite exposant un grief, afin d'obtenir réparation, ou seulement de faire connaître un malheur, une infortune. Présenter ses doléances à qqn; écouter, recueillir les doléances de qqn. Synon. réclamation, récrimination.Le propriétaire exprime à haute voix, sur le palier de l'étage, toutes sortes de doléances touchant la consommation d'eau (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 98).J'ai entendu Lucie qui faisait, pour la centième fois, ses doléances à la patronne (Sartre, Nausée,1938, p. 26):
1. Ils [Étienne, Rasseneur et Souvarine] parlaient l'un après l'autre, d'une voix désolée, et les doléances commencèrent. L'ouvrier ne pouvait pas tenir le coup, la révolution n'avait fait qu'aggraver ses misères, ... Zola, Germinal,1885, p. 1256.
2. ... les représentants syndicaux expriment leurs doléances ou leur opposition et font pression, auprès du préfet et auprès des bureaux spécialisés, souvent par l'intermédiaire des élus. Reynaud, Les Syndicats en France,1963, p. 236.
Au sing., rare. Doléance de l'opinion (Chateaubr., Mél. pol.,1816-24, p. 359).La première doléance qui rapprocha Paradis de moi (Barbusse, Feu,1916, p. 22).S'apitoyer sur quelque doléance de son interlocuteur (Blanche, Modèles,1928, p. 147).
Péj., toujours au plur. Plaintes abondantes et continuelles de quelqu'un qui cherche à se faire plaindre. Synon. jérémiades, lamentations.Quand M. Gaston Ganuge commençait sur un ton plaintif des doléances qui n'en finissaient plus − ce que la marquise appelait « les litanies du désespoir » − les invités paraissaient terrifiés (Gyp, Raté,1891, p. 133).
Spéc., HIST. (sous l'Ancien Régime). Présenter ses doléances au roi. A postériori, les cahiers de doléances de 1789 livrent l'expression généralement touchante et naïve de la vénération que ceux qui représentaient alors le peuple (...) éprouvaient pour le faible Louis XVI (P. Goubert, L'Ancien Régime,Les Pouvoirs, Paris, Armand Colin, 1973, p. 27).
Prononc. et Orth. : [dɔleɑ ̃:s]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1321-27 [ms xives.] douliance « tristesse, affliction » (Dial. de St Grég., ms. Evreux, fo2 c ds Gdf.); 1373 doliance « plainte » (Lett. de B. du Guescl., 14 août, chap. de Treg., Arch. des C.-d.-N. ds Gdf. Compl.); 1429 doleances (Cart. de Cysoing, p. 346 ds Gdf. Compl.); 1690 (Fur. : Les cahiers des Etats assemblés contenoient les plaintes et doleances des peuples). Douliance, dér. avec suff. -ance*, du rad. du part. prés. du verbe a. fr. douloir (xes. Jonas ds Bartsch Chrestomathie, no4, 25 : doliants; ca 1170 doillanz, deuillant « souffrant », Erec, éd. M. Roques, 3646, 5929; ce type s'étant maintenu dans les dial., v. FEW t. 3, p. 118 a), le l mouillé étant prob. dû aux formes du subj. dueille, doillions. Doléance par réfection : é d'orig. obsc., peut-être d'apr. créance (croyance, voire même échéance); o (à côté de douleur), résultat de l'hésitation de la prononciation de l'o initial comme dans soleil, fromage, rosée (v. Bourc.2§ 99 hist.). Fréq. abs. littér. : 148. Bbg. Lew. 1960, p. 64, 132.