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* Dans l'article "DEMI-,, préf."
DEMI-, préf.
I.− Demi- + subst.
A.− [Demi- + subst. désignant une grandeur ou une chose concr. divisibles en parties]Exprime la moitié de ce que désigne la base.
1. Le composé désigne une mesure, une capacité, une monnaie. Outre les mots figurants à la nomenclature du TLF, les dict. enregistrent souvent :
demi-florin , subst. masc.« Pièce de monnaie valant la moitié d'un florin » (attesté dep. 1832, Karr, Sous tilleuls, p. 262)
demi-guinée , subst. fém.« Monnaie anglaise valant la moitié d'une guinée » (attesté dep. 1830, Constant, « Cahier rouge », p. 57)
demi-louis , subst. masc.« Pièce de monnaie française, du système de l'an XI » (attesté depuis 1842, Stendhal, Nouv. inéd., t. 1, p. 193)
demi-main , subst. fém.« Moitié d'une main de papier » (dep. Lar. 19e)
demi-pièce , subst. fém.« Pièce d'étoffe qui n'a que la moitié de la longueur ordinaire » (Besch. 1845); « La moitié d'une pièce de vin » (Pt Lar. 1906)
demi-setier , subst. masc.« Mesure de capacité valant le quart d'une pinte » (attesté dep. le début du xiiies., J. Bodel, Saxons, éd. E. Stengel, II, 6736)
demi-soupir , subst. masc.« Silence équivalent à la moitié d'un soupir » (dep. 1611, Cotgr.)
Rem. À côté de ces unités senties comme unités lex., il existe de nombreuses autres formations; noter ds le Dict. des fréq., C.N.R.S.-T.L.F. (diff. Paris, Didier), I, 1971, avec un nombre d'occurr. égal ou supérieur à 8 : demi-année (9 occurr.), demi-arpent (8), demi-degré (9), demi-kilomètre (10), demi-ligne (10), demi-livre (28), demi-mètre (10), demi-mille (50), demi-milliard (18), demi-million (50), demi-minute (37), demi-mois (9), demi-once (14), demi-page (31), demi-piastre (9), demi-pied (32), demi-pouce (16), demi-seconde (24), demi-tasse (48), demi-verre (25), demi-volume (20).
2. Le composé désigne une chose spécifique formée à partir de la chose désignée par la base. V. à la nomenclature demi-bas, demi-batterie, demi-cercle, etc., et, selon ce type :
demi-bague , subst. fém., techn. Une bague appelée bague de fond, formée de deux demi-bagues (Herdner, Contr. et conduite locomot.,1887, p. 160)
demi-chœur , subst. masc.Les vieillards argiens, appuyés sur de hautes crosses, entrent par le fond et se séparent en deux demi-chœurs, à droite et à gauche (Leconte de Lisle, Poèmes trag.,1886, p. 173)
demi-cintre , subst. masc., archit. Croisées en demi-cintre (Michelet, Journal,1837, p. 222).La base [du] dôme central contient un demi-cintre dans lequel est figuré... un grand sujet religieux (Lenoir, Archit. monast.,1852, p. 287)
demi-droite , subst. fém., math. « Ensemble de points d'une droite situés d'un même côté d'un de ses points, appelé origine » (d'apr. Uv.-Chapman 1956)
demi-fenêtre , subst. fém., archit. Une croisée cintrée ordinaire, accompagnée de deux demi-fenêtres plus basses (Lenoir, Archit. monast.,1852p. 299)
demi-figure , subst. fém., B.-A. Aux extrémités des branches de la croix on aperçoit la mère de Jésus, et deux autres demi-figures (Stendhal, Hist. peint. Ital.,t. 1, 1827, p. 72)
demi-jeu , subst. masc., techn. Chaque jeu [de l'harmonium] est divisé en deux demi-jeux (A. Lavignac, Mus. et music.,1895, p. 110)
demi-soulier , subst. masc., MODES. Elles [quatre vieilles femmes] portaient ridicules à cordons de soie, broches voyantes, demi-souliers à rubans croisés sur le cou-de-pied et noués derrière, au-dessus du talon (Reider, MlleVallantin,1862, p. 43)
B.− [Demi- + subst. désignant une réalité non divisible en parties]
1. Le composé désigne des êtres dont la parenté ou la nature ne provient que de l'un des géniteurs. V. à la nomenclature demi-dieu, demi-frère, demi-sang, demi-sœur.
2. Le composé désigne un produit qui n'est pas pur, qui présente un état intermédiaire entre deux corps, deux substances, etc. V. à la nomenclature demi-castor, demi-métal, et p. ex. :
demi-cristal , subst. masc.Le demi-cristal est un verre correspondant par sa composition à un mélange d'un verre à base de chaux et d'un cristal (Wurtz, Dict. chim., tome 1, 2evol., 1870, p. 669). En appos. Vase demi-cristal (Catal. jouets [Trois-Quartiers], 1936)
demi-drap , subst. masc.Les demi-draps légers, les cheviottes, les quadrillés écossais ou rayés (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 781)
demi-feutre , subst. masc.« Feutre composé de poils d'animaux et de laine » (Lar. encyclop.)
demi-produit , subst. masc.« Produit industriel intermédiaire entre la nature première et le produit fini » (d'apr. Cida 1973; attesté ds Lar. Lang. fr.)
3. Le composé désigne quelque chose d'intermédiaire entre deux états, deux notions antithétiques, p. ex. :
Autour des mots désignant l'ombre et la lumière. V. à la nomenclature demi-jour, demi-teinte, demi-ton, et, le Dict. des fréq., op. cit. (fréq. ≤ 8) : demi-clarté (12 occurr.), demi-lumière (12), demi-nuit (126), demi-obscurité (80), demi-ombre (8), demi-ténèbre (37).
Autour des mots exprimant la vérité et le mensonge. V. à la nomenclature demi-aveu, demi-confidence, et, ibid. (fréq. ≤ 8) : demi-mensonge (9 occurr.), demi-vérité (9).
Autour des mots désignant l'état de conscience ou d'inconscience. V. à la nomenclature demi-sommeil, et, ibid. : demi-conscience (15 occurr.), demi-délire (10), demi-ivresse (14), demi-rêve (11).
Ce type de formation est un véritable procédé stylistique, très expressif lorsque le subst. de base désigne une réalité absolue, excluant la possibilité de « degrés » :
demi-désordre. Julie commençait à se déshabiller... Chaverny contemplait sa femme dans ce demi-désordre si favorable à la beauté (Mérimée, Double mépr.,1833, p. 13)
demi-embonpoint. Baccarat avait vingt-deux ans; sa taille avait acquis cette rondeur élégante, ce demi-embonpoint que n'ont jamais les jeunes filles (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 100)
demi-foi. Delacroix eût été le plus grand peintre du temps et eût dépassé Géricault, s'il eût eu comme homme la sincérité qu'il avait comme artiste. Mais il n'avait qu'une demi-foi. Son pinceau disait oui, ses opinions disaient non (Hugo, Corresp.,1864, p. 468)
demi-honte. Quand la femme avoue cette ignorance avec ces mines, ces sourires, ces demi-hontes, et ce petit air gauche (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 231)
demi-hostilité. La France est déjà dans une demi-hostilité avec les Turcs (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 454)
demi-persiflage. Villemain a une sorte de demi-persiflage qui flotte entre la fadeur et l'ironie (Vigny, Journal poète,1841, p. 1149)
demi-projet. Il s'endormit au jour sur cette belle pensée, et avec le demi-projet de demander (Stendhal, L. Leuwen,t. 1, 1836, p. 347)
demi-suicide. Dans tous les cas, il tuera une partie de lui-même; mais pour ces demi-suicides, pour ces immenses résignations, il faut encore une force rare (Vigny, Chatterton,1835, p. 237)
4. Le composé désigne une pers. Souvent demi- fonctionne comme un diminutif et a une fonction dépréciative.
a) La base est un adj. substantivé. V. à la nomenclature demi-mondaine, demi-pensionnaire, demi-vierge et :
demi-artiste. Maintenus par l'inflexibilité des circonstances, ils eussent été de grands hommes. Ces demi-artistes sont d'ailleurs charmants (Balzac, Cous. Bette,1847, p. 202)
demi-élégante. Placé au spectacle derrière une de ces demi-élégantes (Jouy, Hermite,t. 4, 1813, p. 279)
demi-habiles. Les « demi-habiles » qui sont dans l'entre-deux et qui font les entendus (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 364)
demi-intellectuels. Aussi ces faux hommes de lettres, ces demi-intellectuels (Proust, Guermantes 2,1921, p. 448)
demi-inconnue. Lorsqu'on s'adresse à une inconnue ou demi-inconnue qui vous plaît (Montherl., J. filles,1936, p. 1037)
demi-muet. Des cris étranglés de demi-muets (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 253)
demi-savant. On n'en était déjà plus en effet au règne des fabliaux naïfs et de la chevalerie errante. Cette ignorance de demi-savant, (...), se dissipait par degrés (Sainte-Beuve, Poésies,1829, p. 263)
demi-sincère. Un de ces demi-sincères, qui séduisent d'autant plus adroitement qu'ils ne sont pas loin de croire, lorsque le désir parle, à la vérité de leur passion, de leurs promesses (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 256)
b) La base est un subst. « pur » :
demi-femme. Les ouvriers de Genève vont chez les filles; la demi-femme n'est pas encore inventée (Michelet, Journal,1856, p. 306)
demi-homme. [Quasimodo] sorte de demi-homme instinctif et sauvage (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 191).Un être purement critique n'est qu'un demi-homme, et même n'est-il pas la meilleure moitié (Amiel, Journal,1866, p. 94)
demi-monsieur. L'individu, le malfaiteur présumé, (...) un beau gars, ma foi, un demi-monsieur, bondit vers la sortie [de la chambre] et disparut dans l'escalier (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Colporteur, 1893, p. 1172)
Rem. Des composés formés à partir de subst. de l'inanimé peuvent aussi au fig. désigner, toujours péjorativement, des pers. V. à la nomenclature demi-castor, demi-portion, demi-sel, demi-solde et demi-vertu (L'un de nous a été amoureux d'une demi-vertu bien huit jours, et l'autre, trois jours d'une putain à dix francs [Goncourt, Journal, 1864, p. 81]).
c) À, en + demi- + subst.V. à la nomenclature les composés où le groupe prépositionnel représente la totalité ou une très forte proportion des occurrences du composé en demi- : (à) demi-hauteur, (à) demi-mot, à demi-voix; également avec des adj./adv. : à demi-bas, à demi-haut; avec en : en demi-cercle, en demi-lune.
Rem. La tendance très nette de la langue est de préférer à mi- : à mi-chemin, à mi-course, à mi-pente, etc. V. sous les art. comment à demi-hauteur et à demi-voix ont reculé face à à mi-hauteur, à mi-voix.
II.− Demi- + adj.
A.− Fonctionne comme une var. de à demi, à moitié. V. à la nomenclature demi-clos, demi-circulaire, demi-pensionnaire, et ds le Dict. des fréq., op. cit. (fréq. 8) : demi-barbare (12), demi-caché (8), demi-chrétien (8), demi-couché (9), demi-fermé (19), demi-membraneux (9), demi-mort (69), demi-nerveux (8), demi-nu (181), demi-obscur (11), demi-ouvert (9), demi-plein (10), demi-sauvage (26), demi-souriant (8), demi-transparent (15), demi-voilé (15), demi-vêtu (8).
Rem. Dans cet emploi, demi- est concurrencé par mi-. V. la rem. sous demi-clos.
B.− Demi- exprime une qualité, un état intermédiaire entre deux contraires. Le composé est souvent substantivé. V. à la nomenclature demi-double, demi-dur, demi-fin, demi-gros, demi-long, demi-rond et :
demi-blanc. Les opérations du blanchiment [du lin] ne sont pas toujours poussées à fond; on obtient ainsi : les demi-blancs, les trois quarts blancs, les grands blancs (Blanquet, Technol. habill.,1948, p. 108)
demi-doux. V. s.v. demi-dur
demi-fixe. Les chaudières tubulaires transportables prennent le nom de chaudières demi-fixes lorsqu'elles ne sont pas montées sur roues (Ser, Phys. industr.,t. 2, 1890, p. 54)
demi-gras. Entre les types extrêmes... se trouvent des houilles intermédiaires qu'on appelle demi-gras, quart-gras (Ser, Phys. industr.,t. 1, 1890, p. 57)
Productivité et vitalité. − Une bonne proportion des mots figurant à la nomenclature est ant. au xviies. xiies. : demi-aune, demi-heure; xiiies. : demi-dieu, demi-jour; xives. : demi-cercle, demi-frère, demi-journée; xves. demi-douzaine, demi-sœur; xvies. : demi-brosse, demi-circulaire, demi-lune, demi-mesure, demi-mot, demi-tour. Dans la suite, la vitalité de demi- ne se dément pas. Pour la concurrence à demi-/à mi- v. sous les entrées demi-hauteur (à), demi-voix (à); pour la concurr. demi-/mi- + adj., v. demi-clos.
Prononc. Cf. demi, e. Étymol. et Hist. − De l'adj. demi, ie. Les premiers composés apparaissent au xiies. L'examen des ex. de T.-L. montre que la flexion de demi est la règle jusqu'au xives. Avant, on ne trouve qu'une attest. de demi invar., devant adj. : lors menbres demei nuz (Sermons de St Bernard, xiies.). Après, demi fléchi est le cas le plus fréq., mais on trouve aussi des ex. avec demi invar. : demi louvee, demi louee, demi lieuee (Baudoin de Sebourc, 1360-70), demy journee (Voyage à Jérusalem, 1395). C'est Vaugelas, appuyé par Th. Corneille et l'Ac., qui a posé la règle de l'invariabilité de demi- élément de compos. On trouve encore, cependant, de nombreux cas d'accord au xviiesiècle. Bbg. Hasselrot 20es. 1972, p. 101.