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DÉJOUER, verbe trans.
A.− Faire échouer un projet, une entreprise.
1. [Le compl. d'obj. direct est abstr. et désigne le projet ou l'opération destinée à servir le projet de qqn] Déjouer des calculs, un complot, une machination, une ruse. La fortune a déjoué ses desseins (DG). Sa véritable maîtresse aux décisions impossibles à prévoir, aux ruses difficiles à déjouer (Proust, Swann,1913, p. 153):
1. ... il aimait l'intrigue comme un jeu, même quand le but ne l'intéressait pas, et secondait Madame d'Arbigny dans le désir qu'elle avait de s'unir à moi, quitte à déjouer ce projet si l'occasion de servir le sien se présentait. Mmede Staël, Corinne,t. 2, 1807, p. 263.
2. [Le compl. d'obj. direct est concr. et désigne l'attribut, l'instrument d'un individu destiné à le servir dans ses desseins] Déjouer les rossignols des amants et des voleurs (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 201).Le poignet de Venant (...) déjoua le pouce qui cherchait le nerf sensible (Guèvremont, Survenant,1945, p. 225).
3. Rare. [Le compl. d'obj. direct désigne une pers.] Mettre qqn en échec dans ses actes, ses paroles ou ses desseins. Jean Valjean (...) déjoua l'espion en gardant le silence (Hugo, Mis.,t. 1, 1862, p. 566):
2. − D'où savez-vous ça? − Oh! je l'ai toujours su. Je me mis à rire. « Vous mentez! vous l'avez lu dans un livre, cette nuit sans doute pendant que je dormais. Sans ça vous me l'auriez dit hier, dans le car. » Il eut l'air penaud; « c'est quand même drôle, même dans les petites choses, vous me déjouez toujours. » Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 427.
B.− P. ext. Tromper, mettre en défaut. Au chef-lieu, il se perdait, car il déjouait toute surveillance (Colette, Sido,1929, p. 139).
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. déjouable. Qui peut être déjoué. Ce pouvoir de mentir impunément, à volonté, à l'infini, pouvoir essentiellement déjouable, auprès de l'invincible pouvoir de vouloir (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 259).
Prononc. et Orth. : [deʒwe], (je) déjoue [deʒu]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1121 se dejuër « se réjouir, se distraire » (Ph. de Thaun, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1369) − xives. ([G. de St-André], Liv. du bon Jeh. ds Littré); b) 1694 « (d'un pavillon) voltiger, jouer au gré du vent » (Corneille); 2. a) xiiies. « déconcerter, décontenancer » (N. de Margival, Panthère d'amour, éd. A. Todd, 2328) − 1354-76 (Modus et Ratio, 139, 16 ds T.-L.); b) 1792 « faire échec à quelque chose » (Marat, Pamphlets, Marat, l'ami du peuple, p. 306 : déjouer les menées des intrigants). Dér. de jouer*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 237 (déjoué : 77). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 377, b) 284; xxes. : a) 282, b) 360. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, pp. 27-28.