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DÉDICACE, subst. fém.
A.− Consécration d'un édifice.
1. ANTIQ. Inauguration solennelle, faite par un magistrat, d'un édifice public, une statue, etc. dédiés à une divinité, à un héros, etc. et entraînant le rappel annuel de cette inauguration. Ce temple, (...) fut consacré par Agrippa, le favori d'Auguste, à son ami, ou plutôt à son maître. Cependant ce maître eut la modestie de refuser la dédicace du temple (Staël, Corinne,t. 1, 1807, p. 151).Quinze ans s'étaient écoulés depuis la dédicace du temple (Chateaubr., Martyrs,t. 1, 1810, p. 127).
P. méton. Inscription commémorant la dédicace. Dédicace votive, gravée. Synon. inscription dédicatoire.Nombreuses (...), les dédicaces honorifiques sont souvent le seul vestige des statues que les cités grecques, les collectivités diverses prirent l'habitude de dresser dans les lieux publics pour remercier leurs bienfaiteurs ou honorer les puissants du jour (Encyclop. univ.t. 6, 1972, p. 362).
2. RELIG. CHRÉT. [Sans doute p. anal. avec les précédentes et/ou la consécration du temple de Jérusalem en 165 avant Jésus-Christ par Judas Macchabée et sa commémoration annuelle par le peuple juif] .
a) Acte religieux par lequel un édifice religieux, un autel sont consacrés au culte, et généralement dédiés à cette occasion à une des trois personnes de la Trinité ou à la mémoire d'un(e) saint(e). L'archevêque de Mayence et les autres prélats (...) étaient venus assister à la dédicace des autels (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 288).Finissez votre église, bourgeois [dit Urian]; prenez toute cette mitraille; mais promettez-moi en échange la première âme quelconque qui entrera dans votre église et qui en franchira la porte le jour où les cloches et les carillons en sonneront la dédicace (Hugo, Rhin,1842, p. 68).
Croix de dédicace (appliquée aux pilastres ou aux murs de l'église comme élément intégrant de l'acte) :
1. Des lampes brûlent devant chacun [des pilastres]. Leur lueur incertaine s'accroche aux croix de dédicace, fouille les replis des pierres, puis, lasse, glisse à terre pour y éclairer tout un peuple de chaises silencieuses. Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 237.
P. méton. Cérémonies et fêtes qui accompagnent l'acte de consécration :
2. Celui qui tombe en distraction pendant la dédicace d'une nef, et au tympan sont telles cruches, comme des ouïes, murées pour l'acoustique...; celui qui donne la hiérarchie aux grands offices du langage... Ceux-là sont princes de l'exil et n'ont que faire de mon chant. Saint-John Perse, Exil,1942, p. 227.
b) P. ext.
α) Fête annuelle commémorant la consécration d'une église. Anniversaire de dédicace. − Qu'est-ce que c'est? − La fête patronale de Quiévrain, la dédicace, la ducasse comme on dit chez nous, et qui a lieu le dimanche qui suit le 18 octobre, dimanche prochain autant dire (R. Bazin, Blé,1907, p. 294).
En partic. Fête de la dédicace des églises. Fête commune à toutes les églises de France (dimanche, après l'octave de la Toussaint). 12 novembre − Fête de la dédicace des églises. Évangile de Zachée (Bloy, Journal,1893, p. 96).
β) Consécration d'un édifice quelconque à un personnage et p. méton. inscription qui la commémore. La dédicace écrite sur la fontaine élevée par le dernier électeur de Trèves, près de son palais, dans la ville neuve de Coblentz : Clemens Vinceslaus, elector, vicinis suis (Hugo, Rhin,1842, p. 249).
B.− P. anal [En parlant d'une œuvre écrite, imprimée]
1. Fait de dédier une œuvre à une personne (généralement très connue) par un hommage imprimé en tête de l'ouvrage. Celui (...), [George Washington] que vous avez depuis long-temps honoré de votre estime et de votre bienveillance, (...), vous supplie d'agréer la dédicace de ce foible ouvrage, comme le seul témoignage public qu'il puisse vous offrir de sa vénération (Crèvecœur, Voyage,t. 1, 1801, p. XVII).Mon cher Arsène, Faites-moi le plaisir d'accepter la dédicace de ces petites pages. Quelques-unes ont à vous remercier de l'accueil que vous avez bien voulu leur faire quand vous dirigiez le recueil hospitalier de l'artiste (Murger, Nuits hiver,1861, p. 183).Hier après-midi, insupportable corvée de dédicaces pour le « service de presse » de Hamlet (GideJournal,1946, p. 297).
P. métaph. :
3. Acceptez, je vous prie, Ô chimère fugace, Au moins la dédicace De ma vague vie? ... Laforgue, Poésies complètes,1887, p. 198.
P. ext.
a) Hommage manuscrit et non public d'un livre. De soixante exemplaires, il n'y en aura guère que vingt de distribués. (...). Une grande dame, (...), me fit dire, étant ici, qu'elle en accepterait la dédicace : je me suis excusé sur l'indécence du sujet (Courier, Lettres Fr. et It.,1810, p. 814).Valéry me charge de vous dire que M. Degas a accepté la dédicace de la petite machine intitulée Soirée avec Monsieur Teste (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1896, p. 278).
b) Hommage manuscrit sur une photographie, un disque, etc. Vernouillet. (Il tire des portraits-cartes de sa poche... offrant sa photographie à M. Colombot). − Voilà!... ou plutôt, non, pas encore... je veux y mettre une dédicace (...) de ma main (Labiche, Célimare,1863, II, 9, p. 75).
2. P. méton. Texte de la dédicace; son contenu. La signature est vraiment plus étonnante encore que le texte − et la dédicace (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1891, p. 66).Andrée, pour une pareille dédicace, fondrait de joie : « Il s'est déclaré! » (Montherl., J. filles,1936, p. 1013).
SYNT. Belle, interminable dédicace; dédicace aimable, gentille, excessive, laudative, interminable; écrire, inscrire, mettre une dédicace; la dédicace d'un exemplaire; livre orné d'une dédicace.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. dédication au sens de « consécration » ou « offrande » (le mot retenu par Péguy sera présentation, cf. Tapisserie N.-D., 1913). Péguy va me lire ce soir la Dédication (ou quelque chose comme ça) de la Beauce à Notre-Dame de Chartres (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1913, p. 332).
Prononc. et Orth. : [dedikas]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin xiies. dicaze « consécration d'une église, d'un oratoire » (Dialogue Grégoire, 42 ds T.-L.); 1273-80 dedicasse « fête annuelle commémorant cette consécration » (Fridensreg. Tournai, 530 ds T.-L.); [1613 « hommage qu'un auteur fait de son œuvre à une personne » (Pasquier ds Bl.-W.3-5)]; 1663 (Molière, Epître dédicatoire de la critique de l'École des femmes). Empr. au lat. dedicatio « consécration, inauguration d'un temple, d'un théâtre » en lat. class.; puis en lat. chrét. « consécration d'une église; fête de la dédicace d'une église » et « dédicace d'un livre ». Fréq. abs. littér. : 408. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 353, b) 603; xxes. : a) 1 081, b) 459. Bbg. Bambeck (M.). Galloromanische Lexicalia aus volksprachlichen mittelalterlichen Urkunden. In : [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p. 61. − Harneit (R.). Rom. Jahrb. 1970, t. 21, pp. 236-242.