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DÉCHAÎNER, verbe trans.
A.− Rare, vieilli. [Le suj. désigne une pers.] Retirer ses chaînes à une personne ou à un animal. Synon. désenchaîner.Quand ce fut fini, elle déchaîna la chienne (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Vendetta, 1883, p. 120):
1. ... après avoir pris hauteur et calculé la position du navire, Phileas Fogg fit venir Passepartout, et il lui donna l'ordre d'aller chercher le capitaine Speedy. C'était comme si on eût commandé à ce brave garçon d'aller déchaîner un tigre... Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 198.
P. métaph. Un jour un homme au large et froid cerveau Déchaîne les chiens de la guerre (Barbier, Iambes,1840, p. 258).
B.− Au fig., usuel
1. Péj. [Le compl. désigne une pers.] Libérer les forces combatives d'un individu, l'exciter, l'irriter. On ne pacifie pas d'un coup ce qu'on a si longtemps déchaîné (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 163):
2. Désormais l'homme n'a plus d'autre loi que son bon plaisir, plus d'autre décalogue que l'estime qu'il fait de ses propres forces, la confiance qu'il met en soi-même, la violence de ses passions. Napoléon, qui a tant travaillé à enchaîner les hommes, a, en réalité, déchaîné l'homme. Bloch, Destin du Siècle,1931, p. 251.
Déchaîner contre.Et l'on déchaîne contre lui l'opinion publique (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 448).
Emploi pronom. [Le suj. désigne une pers.] Se mettre dans un état d'agitation immodérée, s'emporter avec violence souvent après une longue retenue. Sans parler d'Henriette qui se déchaîne comme une furie, toute en gestes, en paroles, avec de longues tirades (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 346).
Se déchaîner contre/sur qqn.Comme je souffre! Qu'ils me tourmentent! Ils sont tous déchaînés contre moi (Flaub., Tentation,1849, p. 404).
2. [Suivi d'un compl. d'obj. dir. abstr.]
a) Donner libre cours à une force latente ou à un sentiment contenu, d'ordre individuel ou collectif. Déchaîner le rire, le tumulte, l'enthousiasme, les passions. Ce bon ivrogne et ce cadet de Gascogne sont naturels. Ils déchaînent la sympathie (Barrès, Cahiers,t. 5, 1906-07, p. 161):
3. Il passait par des roulades, d'un air à l'autre, à peu près immobile, n'avançant la tête qu'au refrain. Alors il battait la mesure, déchaînait le tumulte, et tandis qu'il chantait encore je le voyais sourire si toutes les voix couvraient enfin le bruit de ferraille que faisait le train. Guéhenno, Journal d'un homme de 40 ans,1934, p. 152.
Spéc., péj. Déclencher avec force un événement généralement défavorable. Quand elle [la bourgeoisie] aura déchaîné les événements, quand elle aura ouvert la crise (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. XVII).Déchaîner une nouvelle guerre (Green, Journal,1946, p. 64).
Emploi pronom. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Toutes les passions s'étaient déchaînées, balayant les hommes et les choses (Zola, Travail,t. 2, 1901, p. 121).
b) [Le compl. désigne un élément de la nature] Libérer brusquement et avec violence une force naturelle. Déchaîner les vents, la tempête. [Cette force] qui déchaîne les vents, soulève les mers ou calme les tempêtes (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 6):
4. L'hiver vint, l'ouragan que la saison déchaîne, S'engouffrant une nuit dans les branches du chêne, Et le combattant, seul, sans frère et sans appui, Le balaya de terre et son ombre avec lui; ... Lamartine, Jocelyn,1836, p. 751.
Emploi pronom. Se manifester dans toute sa violence. La tempête se déchaîne, les vents sifflent, les vagues grondent et les voiles sont déchirées (Staël, De Allemagne,t. 2, 1810, p. 146).
Prononc. et Orth. : [deʃ εne], [deʃene], (je) déchaîne [deʃ εn]; Passy 1914 : [ε:] en syll. finale. Enq. : (il) déchaîne /deʃen/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. deschaener « délivrer des chaînes » (Aliscans, éd. Wienbeck, Hartnacke, Rasch, 1718); 2. av. 1475 deschainé (d'une personne) « qui n'est plus lié par une obligation, qui se laisse aller à ses passions » (G. Chastellain, Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 254, 24). Dér. de chaîne*; préf. dé-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 501. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 268, b) 499; xxes. : a) 1 010, b) 1 024. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 358, 361.