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CURÉ, subst. masc.
A.− Prêtre canoniquement chargé du service spirituel et de l'administration d'une paroisse, sous l'autorité de l'évêque. Le nouveau curé, un curé jovial; le curé de ma paroisse; le sermon du curé; appeler le curé, déjeuner chez le curé. La mère de Pierrette apporta un grand verre d'eau froide à monsieur le curé (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 94).Il dit des choses terribles avec la figure innocente d'un curé de campagne (Green, Journal,1934, p. 209):
1. − Tu es un drôle de corps, m'a-t-il dit, enfin. Un plus nigaud, on n'en trouverait pas dans tout le diocèse, sûr! (...) Il faut que Monseigneur ait vraiment grand besoin de curés pour te mettre une paroisse dans les mains! Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1101.
Rem. Dans l'usage, curé et desservant sont souvent considérés comme synon. (cf. desservant). Au sens strict, d'après le droit canon, le terme desservant est réservé au prêtre chargé d'une paroisse à titre transitoire ou intérimaire, le terme curé à celui qui est titulaire de la charge.
[Avec une nuance péj.] Le prêtre en tant qu'allié ou rival des autorités civiles. Le curé lui racontait ses démêlés avec le maire (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 137).S'il faut en croire le commissaire de police, le patron et le curé mettent en péril la tranquillité des états (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 69).
P. anal. D'ailleurs un médecin, c'est l'instruction, c'est la science..., ce n'est pas un homme. C'est le curé du républicain (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 72).
Arg. Curé de campagne. ,,Femme à tout faire`` (France 1907).
SYNT. Mon, votre curé; l'ancien curé; un jeune, vieux curé; un bon, brave, digne, pauvre, respectable, vénérable curé; un curé bienveillant, libertin, populaire; un curé défroqué; curé-archiprêtre, curé-doyen; votre confrère le curé de... Curé de (s.-ent. la paroisse de) la Madeleine, la basilique; curé de banlieue, de ville, de/du village; les curés du diocèse, du doyenné, du voisinage. Le doyen des curés; l'aumonière, le casuel du curé; l'allocution, le prône, les remontrances, la visite (pastorale) du curé; servante du curé, les paroissiens du curé. Aller chercher, faire venir, mander, recevoir, rencontrer le curé; faire bénir par le curé.
Maison de curé. Synon. presbytère.Elle [la maison de Gondran] a l'allure d'une bonne grosse maison de curé, avec ses contreforts trapus, sa porte ronde et basse (Giono, Colline,1929, p. 17).
Jardin de curé. Modestement elle parla du petit jardin de curé qu'elle avait derrière (Proust, Sodome,1922, p. 813).L'enclos lui-même a tout juste le charme d'un jardin de curé (T'Serstevens, Itinér. espagnol,1933, p. 104):
2. On nous a permis encore de voir le jardin [de Gœthe], assez grand, mais planté pour l'utilité plus que pour l'agrément − ce qu'on appelle chez nous un jardin de curé. G. de Nerval, Lorely,1852, p. 96.
Fleurs de curé. Nous n'avons dans nos plates-bandes que (...) des lis (...) des pentecôtes (...) des roses trémières (...) des jalousies (...) des œillets (...) enfin ce qu'on appelle des fleurs de curé (Feuillet, Morte,1886, p. 32).
Passer devant le maire et le curé. Se marier civilement et religieusement (cf. Aragon, Beaux-quart., 1936, p. 81).
Loc. proverbiale fig.
Mieux vaut mutiler Dieu que fâcher son curé (Hugo Âne, 1880, p. 281).
C'est Gros-Jean qui en remontre à son curé (cf. Barrès, Colline insp., 1913, p. 275).[En parlant d'un ignorant voulant instruire qqn qui en sait plus que lui en la matière] .
B.− P. ext., avec nuance fam. et parfois péj.
1. Tout prêtre, qu'il soit ou non curé. Curé en civil, apprenti-curé (séminariste); soutane, souliers, chapeau de curé; boniments de curé. Synon. pop. et péj. curaillon, cureton, ratichon.Un militaire c'est le sabre, un curé c'est le goupillon (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 198).Mais c'est vrai, vous pouvez pas apprécier, vous êtes pas curé, vous êtes flic (Queneau, Zazie,1959, p. 103):
3. Elle était portée sur la dévotion. C'est peut-être pour ça que son fils s'est fait curé. Du reste, il y a toujours eu des curés dans la famille, des curés ou des bonnes sœurs. Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 196.
Loc. pop. et fig.
Manger du curé. Manifester son hostilité aux prêtres, à la religion en tant qu'institution, être anticlérical. Var. bouffer du curé (Dub.). On lui a fait des obsèques religieuses [à Rémy de Gourmont], à lui qui mangeait si bien du curé (Léautaud, Passe-temps,1929, p. 119).Les industriels d'ici, je les ai connus qui mangeaient du curé. Maintenant ils subventionnent nos œuvres (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 97).
Mangeur de curé. Anticlérical. C'était Voiturier le radical, le mangeur de curés, le contempteur de l'autel (Aymé, Vouivre,1943, p. 248).
2. Au plur. Clergé séculier et/ou régulier, monde ecclésiastique en tant que corps social. L'autorité des curés; au service des curés; être bien avec les curés, ne pas aimer les curés, voter pour les curés; exploité par les curés. Bongard (...) avait mis ses enfants à l'école laïque (...) parce qu'il n'était pas avec les curés (Zola, Vérité,1902, p. 61).Julien est dans un collège à curés (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1918, p. 469).Il était pour les curés avec ça, le parigot (AragonBeaux quart.,1936, p. 92).
Prononc. et Orth. : [kyʀe]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. curée, curer. Étymol. et Hist. 1259 « celui qui est à la tête d'une paroisse » (Rutebeuf, Règles, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 274, vers 126); p. ext. 1845 se dit de tout ecclésiastique (Besch.). Empr. au lat. médiév. curatus « celui qui a la charge des âmes » (xies. d'apr. FEW t. 2, p. 1558 a; v. aussi Nierm.; Du Cange et Naz, col. 902; très rare au Moy. Âge) dér. de cura, v. cure2. Fréq. abs. littér. : 4 515. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 400, b) 7 065; xxes. : a) 8 241, b) 6 704. Bbg. Cohen 1946, p. 15. − Gottsch. Redens. 1930, passim.