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CAUSE2, subst. fém.
Ce qui produit un effet*. Il n'est pas d'effet sans cause (J. Boucher de Perthes, De la création,t. 2, 1838-41, p. 317).
I.− [L'idée dominante est celle d'orig., de principe] PHILOS.
A.− Ce qui fait que des choses ou des êtres sont. Dieu est cause des êtres (Gilson, L'Esprit de la philos. médiév.,1931, p. 77):
1. ... l'athée qui, dominé, subjugué par la présence de l'effet, avoue à son propre insu, la nécessité de la cause, suppose la matière comme cause du monde physique, et le peuple ou l'homme comme cause du monde social. Bonald, Essai analytique sur les lois naturelles de l'ordre soc.,1800, p. 241.
2. ... l'univers doit tout savoir, puisqu'il connaît les causes, étant lui-même la cause sans cause, de toutes les causes. Maeterlinck, L'Autre monde,1942, p. 24.
Par antonomase. Dieu. [L'âne, à l'homme :] Et tu ne consens pas à l'univers, s'il est Comme l'a fait la Cause et non comme il te plaît (Hugo, L'Âne,1880, p. 326).
Cause suprême, universelle. Dieu :
3. ... le monde fut regardé comme Dieu ou comme cause suprême et universelle de tous les effets qu'il produit, et dont l'homme fait partie. Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 2.
Spécialement
Cause première. ,,Celle qui agit par elle-même, indépendamment de toute autre cause`` (Foulq.-St-Jean 1962). Ô toi! Cause première à qui l'effet remonte, Aux yeux de Lucifer voile mon flanc si nu (M. Rollinat, Les Névroses,Le Fantôme du crime, 1883, p. 5):
4. Si Dieu est absolu, il n'est pas cause première : une idée de cause implique, en effet, une relation de cause à effet. Si, cherchant à tourner l'obstacle, on suppose qu'il existait par lui-même avant d'être cause et créateur, il cesse d'être infini, car l'infini suppose tous les modes d'existence possibles et simultanés. Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 267.
Cause seconde. Celle qui agit sous la dépendance d'une autre cause. Dieu laisse agir les causes secondes (Ac.1835-1932).
SYNT. Cause efficiente*, extrinsèque*, intrinsèque*, occasionnelle*, suffisante*; lien, rapport, relation de cause à effet.
B.− Cause finale. Ce qui a pour origine la fin recherchée :
5. Né d'une cause finale, l'univers est nécessairement imprégné de finalité, c'est-à-dire que l'on ne saurait en aucun cas y dissocier l'explication des êtres de la considération de leur raison d'être. Gilson, L'Esprit de la philos. médiév.,1931, p. 107.
II.− [L'idée dominante est « ce qui rend compte des conditions de l'existence ou de la nature d'une chose; ce qui permet de comprendre »]
A.−
1. Ce qui produit ou occasionne quelque chose. Jamais il n'y eut de nobles effets d'une cause vicieuse (MmeCottin, Claire d'Albe,1799, p. 223).Il souffrait sans connaître la cause de son mal (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 313).Tout martyre est pour le grand homme une cause de génie (J.-G. Prod'homme, Les Symphonies de Beethoven,1921, p. 462):
6. ... je la voyais souvent triste sans qu'elle m'expliquât jamais le sujet de ses tristesses, autrement que par une cause physique. A. Dumas Fils, La Dame aux Camélias,1848, p. 195.
7. ... la haine lente, inconsciente, s'aggrava entre Lise et Françoise. Leur bonne tendresse de jadis en arrivait à une rancune sans raison apparente, qui les heurtait du matin au soir. Au fond, la cause unique était l'homme, ... Zola, La Terre,1887, p. 306.
SYNT. a) Une cause apparente, déterminante, directe, fortuite, immédiate, profonde, occulte. b) Descendre des causes aux effets; rechercher les causes d'un échec.
Locutions
a) Loc. verbales
Avoir pour cause :
8. ... il arrive d'ordinaire qu'une génération fait peu de cas de ce pourquoi la génération précédente a donné sa vie. Ces variations ont pour cause l'incertitude de nos idées sur le but à atteindre et sur la fin ultérieure de l'humanité. Renan, L'Avenir de la sc.,préf., 1890, p. XVI.
Être cause de.Causer, provoquer. C'est toi qui es cause de ma folie, c'est toi aussi qui en es le remède (Hugo, Lettres à la fiancée,1822, p. 221).Messieurs, vous serez cause de ma ruine (E. et J. de Goncourt, Journal,1858, p. 549):
9. Je sais que l'argent est cause de tous les maux qui désolent nos sociétés si cruelles et dont nous sommes si fiers. A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 59.
Être cause que.Être responsable de ce que. Cela est cause que j'ai tâtonné si longtemps (Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1098):
10. Je vous avouerai, Madame, que je ne puis vous aimer, car vous serez cause que mon fils mourra de la poitrine. Stendhal, Lucien Leuwen,t. 3, 1836, p. 301.
11. Le choc de l'arrêt en gare de Nevers fut cause que l'ivrogne, de la banquette où il gisait, roula sur le plancher. Romains, Les Copains,1913, p. 95.
b) Loc. prép.
À cause de.
Du fait de. On la croyait moins vieille, à cause de ses cheveux bruns (Flaubert, Trois contes.Un Cœur simple, 1877, p. 64).On ne pouvait laisser les fenêtres ouvertes, à cause du bruit (R. Rolland, Jean-Christophe,Antoinette, 1908, p. 865).
,,Pour l'amour de, en considération de`` (Ac. 1835-1932). À cause de lui; à cause de cela (Ac. 1835-1932).
Pour cause de (+ subst. de l'inanimé sans article, désignant le plus souvent des événements ou des phénomènes fréquents).En raison de. 229. Le mari pourra demander le divorce pour cause d'adultère de sa femme (Code civil,1804, p. 43).Ce proviseur est un digne prêtre, il m'a conseillé de retirer mon petit fantassin pour cause de santé (Balzac, Le Médecin de campagne,1833, p. 253):
12. Je me rappelle distinctement (...) la visite du médecin, les sangsues qu'on me mit derrière l'oreille, l'inquiétude de ma mère, et la bonne congédiée pour cause d'ivrognerie. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 152.
SYNT. Expropriation pour cause d'intérêt public; (en parlant d'un magasin, d'une entreprise commerciale, etc.) fermé pour cause de décès, d'inventaire. Fermé pour cause de première communion (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, La Maison Tellier, 1881, p. 1183).
c) Loc. conj., vieilli. À cause que.Parce que :
13. Si les choses nous apparaissent en songe plus grandes, plus belles, plus touchantes ou plus terribles, c'est à cause qu'elles y sont mesurées à la puissance d'un sentiment délivré des liens de la raison. Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 138.
2. Principe qui inspire une action, ce en vue de quoi on fait quelque chose; visée qui est à l'origine de. Synon. mobile, motif, raison :
14. ... pourquoi le frère tuait-il ainsi le frère? jeppo. − Je ne vous le dirai pas. La cause du meurtre est tellement abominable, que ce doit être un péché mortel d'en parler seulement. Hugo, Lucrèce Borgia,1833, I, part. 1, 1, p. 10.
15. Peut-être cette jeune fille [Sara] avait-elle été compromise par quelque cause provenant de l'avidité de sa mère (...) elle avait l'air si candide... Nerval, Les Illuminés,1852, p. 205.
Sans cause. Sans raison, sans motif. C'étaient des épanchements sans fin, des gaietés sans cause (Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1, 1869, p. 69).Vous tâcherez de combattre ses tristesses sans cause (Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 300).
Loc. interjective. Et pour cause. Avec raison; pour un motif légitime. Quant à la couleur qui est partie de la peinture, vous faites semblant de la mépriser, et pour cause (E. Delacroix, Journal,1856, p. 12).
DROIT
Avantage recherché, motif qui est à l'origine d'un contrat. Cause d'un contrat, d'une obligation. 1131. L'obligation sans cause, ou sur une fausse cause, ou sur une cause illicite, ne peut avoir aucun effet (Code civil,1804, p. 204).
Loc. adv. À ces causes. Pour ces motifs; ,,en considération de ce qui vient d'être exposé`` (Ac. 1835-1932).
3. GRAMM. Complément* circonstanciel de cause.
B.− Dans le domaine des sc. expérimentales.Ce qui, en tant que condition constante et nécessaire, a pour corrélation la production d'un phénomène. La même cause produit toujours le même effet :
16. [il s'agit de] saisir dans toutes les circonstances qui accompagnent la production du phénomène celle qui constitue réellement son déterminisme et qui doit être appelée sa cause prochaine. C. Bernard, Principes de méd. exp.,1878, p. 4.
Cause adéquate. Celle qui fournit une explication suffisante :
17. ... les traces cérébrales et les autres dispositifs corporels ne sont pas la cause adéquate des phénomènes de mémoire; ... Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 472.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. causabilité. Synon. de causalité. J'ai détruit les principes de causabilité et de finalité, et quatorze doctrines philosophiques (Aymé, Brûlebois, 1926, p. 172).
Prononc. et Orth. : [ko:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 latinisme causa « raison, motif » (Rois, 37 ds T.-L.); 1174 être cause de qqc. (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 5975, ibid.); 1348 à cause de (Coutumes Lille, éd. Roisin, p. 382); xvies. à cause que (Calvin, Instit., II, p. 100 ds Hug.), réputé vieilli ds Lar. 19e; 1690 causes d'opposition (Fur.); 1740 agir en connoissance de cause (Ac.); 1803 pour cause d'adultère (Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 2, p. 558); 2. ca 1360 philos. « principe, origine de quelque chose » (Oresme, Eth., 21 ds Littré [en parlant de Dieu]); xvies. cause efficiente, finale (Calvin, Instit., 616 ds Littré). Empr. au lat. class. causa « cause, motif, raison » terme de philos.; spéc. au sens de « la cause première » ds la philos. stoïcienne; employé chez les aut. chrétiens en parlant de Dieu (St Augustin, ds TLL s.v., 663, 2).
STAT. − Cause1 et 2. Fréq. abs. littér. : 21 768. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 38 142, b) 26 744; xxes. : a) 27 098, b) 29 405.
BBG. − Duch. 1967, § 12.1. − Gall. 1955, p. 416. − Gottsch. Redens. 1930, p. 242, 329. − Kulakova (S. A.). Le Processus de formation des loc. prépositives de cause. Leningradskij gos. pedagogiceskij institut im A. I Gercena. Ucenye zapiski. 1959, t. 112, pp. 79-90 [Cr. Vildé-Lot (I.). Fr. mod. 1965, t. 33, pp. 309-310]. − La Ménardière (C. de). Le Fr. tel qu'on le parle. Fr. R. 1971, t. 44, p. 710. − Lutaud (O.). Translation, trad., tradition. Empr. lex. au premier radicalisme angl. In : COLLOQUE DU CENTRE DE LEXICOL. POL. 1968. 26-28 avr. St-Cloud. Cah. lexicol. 1968, t. 13, no2, p. 58. − Rog. 1965, pp. 106-107, 135. − Vernay (H.). Zu raison und cause im 16. Jahrht. Z. rom. Philol. 1962, t. 78, pp. 470-472.