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BRIQUE, subst. fém.
A.− Pierre artificielle ayant la forme d'un parallélépipède rectangle, fabriquée à partir d'une pâte d'argile pétrie, moulée, séchée puis cuite au four (brique cuite).
SYNT. a) Brique creuse, pleine; brique de parement, de remplissage; brique émaillée, brique-faïence; brique réfractaire. b) Couleur, teint, ton de brique. Un grand matelot au teint de brique (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, Le Retour, p. 167). c) Maison, mur, parement de/en briques; amas, tas de briques; terre, four à briques.
Brique sèche ou crue. Fabriquée avec un mélange d'argile et de paille moulé et séché au soleil :
1. Pharaon, craignant que les Hébreux n'eussent l'idée de secouer le joug d'après les suggestions de Mosché, les fit travailler plus rudement encore et leur refusa la paille pour mêler à leurs briques. T. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 323.
Au sing. coll. Faire de la brique (Ac. 1835-1932). Fabriquer des briques.
1. En partic.
Brique pilée. Poudre de brique cuite utilisée, surtout autrefois, comme fard ou comme abrasif :
2. − Madame, toutes les femmes se valent quand elles sont belles, et si je ne renifle pas la peste en flacon, et si je ne me mets pas de brique pilée sur les joues... − Avec ce que la nature vous en a mis déjà, ça ferait un fier pléonasme, mon enfant! dit Héloïse... Balzac, Le Cousin Pons,1848, p. 199.
P. anal. Brique anglaise. ,,Oxyde de fer utilisé comme abrasif`` (Duval 1959). Briques anglaises pour les planchers (Du Camp, En Hollande,1859, p. 153).
Ouvrier en briques. Synon. de briquetier*.
2. P. compar. Une petite femme (...) toute cuite de soleil comme une brique (Giono, Regain,1930, p. 193):
3. Il y en [des livres] avait partout; défense était faite de les épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire, que déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, ... Sartre, Les Mots,1964, p. 29.
3. P. méton.
a) Au sing. [Les briques considérées comme matériau] :
4. ... je me suis arrêté avec A... à Charlottesville. Personne à l'Université. Promenade un peu mélancolique à travers le décor de ma jeunesse. Sur ces terrasses qui entourent le faux Panthéon de brique et de marbre, que de conversations sur la littérature! Green, Journal,1944, p. 156.
P. métaph. Platon trouva la philosophie faite de brique, et la fit d'or (Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 152).
b) Au sing. ou au plur., rare. Maison en brique(s) :
5. Cent ivrognes mâles et femelles peuplent ces briques et farcissent l'écho de leurs querelles vantardes, de leurs jurons incertains et débordants, après les déjeuners du samedi surtout. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 330.
c) Au sing., usuel. Teinte, ton rougeâtre de la brique (cf. supra syntagmes b).
[En constr. appos. sans art., avec ou sans trait d'union, comme déterm. d'un terme de couleur] La couleur rouge brique de l'œil (L. Cuénot, J. Rostand, Introd. à la génét.,1936, p. 27).Toute nue et teintée de rose brique (Colette, Chéri,1920, p. 204).Ces étoffes rouge-brique (...) qui sont une marque distinctive dans les tableaux des Le Nain (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 4, 1863-69, p. 125).
[En constr. appos. sans art. à un subst. dont il indique la couleur] Un coin de peau brique (G. Duhamel, Confession de minuit,1920, p. 16).
Absol. (avec art.) :
6. « Plus que mûri, vieilli [Janeway], pensa Tinoé : ses joues de rose ont déjà tourné au brique, en attendant le violacé et la couperose; pourvu qu'au moral aussi il ne soit pas fixé, figé. (...) » Morand, Parfaite de Saligny,1947, p. 150.
Rem. On rencontre dans la docum. le synon. briqué, ée, adj. De couleur brique. ,,Ces bols [de Chine] aux verts les plus gais ... aux roses arrivés à la perfection du rose, − qui devient violet, lorsqu'il est trop cuit, et briqué, lorsqu'il ne l'est pas assez, − sont des échantillons, sur lesquels s'épèle le mieux la différence de la porcelaine de l'Orient, avec celle de l'Occident`` (E. de Goncourt, La Maison d'un artiste, 1881, p. 256).
4. Loc. pop. Manger des briques; bouffer, croûter, se caler, s'envoyer des briques (arg.). Se passer de manger, n'avoir rien à manger. Synon. pop. se serrer la ceinture :
7. Pourquoi qu'y en a qui sont-i les uns plus que les autres? Pourquoi qu'y en a qui ont tout ce qu'i veulent, tant qu'i veulent boire et manger, et les autres rien? C'est-i que je peux manger des briques, dis? Claudel, Tête d'Or,2eversion, 1901, p. 262.
Rem. On trouve dans la docum. manger, maquer des briques (à la) sauce (aux) cailloux (cf. M. Stéphane, Ceux du trimard, 1928, p. 134 et G. Esnault, Notes complétant et rectifiant « Le Poilu tel qu'il se parle », 1956).
B.− P. anal.
1. [P. anal. de forme; en parlant d'une matière compacte]
a) Bloc de terre réfractaire, souvent émaillé, utilisé pour se chauffer (cf. briquette, bouillote). Une des briques chaudes que l'on mettait dans l'omnibus aux jours de très grand froid (Gyp, Souvenirs d'une petite fille,1928, p. 331).
b) Gros morceau de matière moulée en objet maniable (cf. briquette). Brique de savon, de charbon, de tourbe, de chocolat :
8. Le chocolat, dans ce temps-là, ça se faisait avec du cacao, du sucre et de la vanille. En haut de la maison, les briques de chocolat séchaient, posées toutes molles sur la terrasse. Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 101.
c) MAR. Brique à pont. Pierre de grès fin utilisée par les marins pour briquer*, blanchir le pont.
Rem. Attesté dans Rob. et Quillet 1965.
2. [P. anal. d'apparence; en parlant de monnaie de papier]
Rare. Grosse liasse. Brique de billets de banque. Le coffre ouvert, je contemple les briques de billets de banque (A. Arnoux, Le Chiffre,1926, p. 133).
Usuel, arg., fam. Un million :
9. La succession aurait dû monter à quatre ou cinq millions, chacun d'entre nous aurait dû recevoir sa « brique ». Avec cette brique ... il [Fred] eût fait ... notamment quelques fameux gueuletons. H. Bazin, La Mort du petit cheval,1949, p. 245.
PRONONC. − 1. Forme phon. : [bʀik]. Enq. : /bʀik/. 2. Homon. brick.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1204 brike « palet » (Reclus de Molliens, Charité, XC, 6 dans Gdf. Compl.); 1537 « petit morceau » (Des Periers, Prognost. des Prognost., I, 135 dans Hug.), maintenu dans les dial. notamment lyonn. (Du Puitsp.) et de l'Yonne (Jossier); d'où 1878 arg. (A. Rigaud, Dict. du jargon parisien, p. 132 : Entifler des briques (s') Jeûner, contraint et forcé − dans le jargon du peuple); 2. a) 1292, janv. Tournai « carreau d'argile durcie au feu ou cuite au soleil » (C'est les enfans Naniele de le Vigne et Pieron de Lille, Chirog., A. Tournai dans Gdf. Compl.); 1817 emploi apposé invariable « qui est de la couleur de la brique » (Stendhal, Hist. de la peint. en Italie, t. 1, p. 218); b) 1611 p. anal. « matériau moulé en forme de brique (savon, métal) » (Cotgr.); c) 1926 arg. « paquet de 1 000 billets de 1 000 francs » (A. Arnoux, Le Chiffre, p. 133). Terme localisé à son orig. dans le nord de la France (v. Gdf. Compl.) mais attesté ailleurs sous la forme briche en a. fr. (cf. T.-L.), empr. au m. néerl. bricke, brike « brique » (Verdam), à rattacher au verbe breken « casser » (De Vries Nederl.); cet étymon est confirmé par l'importance des briqueteries des Pays-Bas (Valkh., loc. cit.). Le sens 1 chronologiquement le premier est en réalité dér. de 2.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 029. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 598, b) 2 238; xxes. : a) 1 569, b) 1 723.
BBG. − Behrens D. 1923, p. 85. − Bise (G.). Gloss. du fr. région. dans la Haute-Broye fribourgeoise. Archivum romanicum. 1939, t. 23, p. 294. − Duch. 1967, § 74. − Geschiere (L.). Probl. étymol. Neophilologus. 1948/49, t. 32/33, pp. 136-137. − Gottsch. Redens. 1930, p. 218. − Herbillon (J.), Doppagne (A.). Faire des briques à Namur. Vie wallonne. 1960, t. 34, pp. 52-53. − Sain. Lang. par. 1920, p. 260. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1967, p. 683.