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BRANDON, subst. masc.
I.− Usuel
A.− Torche grossière, tortillon de paille, de papier, servant à mettre le feu ou à s'éclairer. Allumer des brandons (Ac. 1798-1932). Un brandon de paille :
1. ... Taïmaha (...) approchant de mon visage un brandon enflammé, se mit à m'examiner avec une extrême attention. C'était la première fois que nous nous voyions tous deux en pleine lumière. Loti, Le Mariage de Loti,1882, p. 191.
P. compar. Chaque heure fait naître un incident qui est comme un brandon lancé sur une poudrière (G. Sand, Correspondance,t. 3, 1812-76, p. 138).
P. métaph. :
2. ... on juge fort inamical, Outre-Rhin, les fournitures de guerre à la Serbie, qui peut toujours être le brandon d'un incendie européen... Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 407.
Spéc., vx. Le dimanche des brandons, la fête des brandons ou p. ell. les brandons. Le premier dimanche de Carême au cours duquel ,,le peuple allumait des feux, dansait à l'entour, et parcourait les rues et les campagnes en portant des brandons ou des tisons allumés`` (Bouillet 1859) :
3. Il [Grange] comptait passer en ville avec sa femme et Pauline le dimanche des brandons, où l'on mange les soupes dorées et où l'on saute les fougats, qui sont de beaux grands feux de joie, faits de fagots et de monceaux d'épines. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 21.
Rem. La docum. donne un ex. où la fête des brandons a lieu le soir du dimanche des Rameaux (cf. Genevoix, Raboliot, 1925, p. 132).
La danse des brandons. Danse exécutée autrefois dans les campagnes le dimanche des brandons.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes.
P. anal.
Rare. Tison. Les torches s'éteignaient; on prit des brandons au bûcher du baal (Flaubert, Salammbô, t. 2, 1863, p. 116).
Petit fragment enflammé qui s'échappe d'un feu. Il [Marcel] ne fit que traverser, au péril de sa vie, la salle emplie de fumée, sous une averse de brandons ignescents, de poutres calcinées, qui, par miracle, ne l'atteignirent pas (Verne, Les 500 millions de la Bégum,1879, p. 146).
B.− Au fig. Personne, chose ou événement qui provoque des conflits, des querelles. Brandon de discorde, brandon de guerre, de guerre civile. Jeter le brandon de la discorde parmi les citoyens. Cet écrit est un brandon de guerre civile (Ac.1798-1932) :
4. ... à peine Cicéron venait-il d'être désigné consul, que César lança une loi agraire sur la place publique, comme un nouveau brandon de discorde. Mérimée, Conjuration de Catilina,1844, p. 275.
II.− DR. [P. anal. de forme] Bâton garni de paille planté aux extrémités d'un champ pour signaler que la récolte a été saisie pour dette.
Saisie*-brandon. Acte par lequel un créancier fait saisir les fruits pendants par branches et racines.
PRONONC. : [bʀ ɑ ̃dɔ ̃]. Durée mi-longue sur [ɑ ̃] dans Passy 1914.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− 1. a) 1130-40 « torche (de paille) enflammée pour éclairer (ou mettre le feu) » (Wace, Ste Marguerite, éd. E.A. Francis, 520−ms. A−); [1222 lat. médiév. brandones plur. désigne le 1erdimanche de carême où l'on promenait des torches enflammées (Charte dans Du Cange t. 1, p. 736b,c)]; 1268 les brandons (E. Boileau, Métiers, 1rep., tit. LXXXIII dans Gdf. Compl.), considéré comme ancien dep. Ac. 1740; b) 1634-35 « débris enflammés, échappés à un incendie » (Corn., Méd., V, 1 dans Rob.); 2. 1275-80 fig. « ce qui excite » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 12723); qualifié de ,,vieux`` de Fur. 1690 à Trév. 1771, considéré comme d'un emploi noble dep. Ac. 1798; 1560 brandon de sedition (L'Hospit., Har. aux Et.-Gén. dans Gdf. Compl.); 1798 brandon de la discorde (Ac.). II.− [1310 lat. médiév. jur. brando « voile, morceau d'étoffe, signalant une saisie judiciaire » (Charte dans Du Cange t. 1, p. 736c)]; 1416 « bâton garni de paille, signalant une saisie judiciaire » (Choix de Pièces inédites relatives au Règne de Charles VI, éd. L. Douët d'Arcq, Paris, 1863-64, t. 2, p. 135). I dér. de l'a. b. frq. *brant « tison » (brand*), prob. par l'intermédiaire d'un a. fr. *brant « tison » qui ne s'est pas maintenu, peut-être en raison de son homonymie avec l'a. fr. brant « épée »; cf. l'a. fr. brander « luire, flamboyer » (ca 1150 Thèbes dans T.-L.), autre dér. de cet a. fr. *brant. L'a. cat. brandó (1296 Alc.-Moll), l'esp. blandón « torche » (1493 dans Cor.) sont empr. à l'a. prov. brandon « brandon » (fin xiies. dans Rayn.), v. FEW t. 15, 1, p. 252a, note 4; ce fait confirme l'orig. frq. de brant*. II prob. même mot en raison de la ressemblance de ce signe de saisie ou d'interdiction (Beauchet) avec une torche.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 51.
BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 59.