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BREF1, BRÈVE, adj., subst. et adv.
I.− Emploi adj. Qui est court.
A.− [Dans l'espace] Qui a peu de longueur, peu d'étendue.
1. [En parlant du corps]
a) Vx. Qui est de petite taille. Un ancien maître de postes nommé Huguet, mince, bref, bancal, mal peigné (A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 180).
Rem. Pépin le Bref, père de Charlemagne ainsi surnommé à cause de sa petite taille.
b) [En parlant des parties du corps] Qui est court :
1. Songeons que Napoléon était petit, qu'il n'échappait pas au tourment des hommes petits, c'est-à-dire le souci de sa brève stature et de ses attitudes... Colette, La Jumelle noire,1938, p. 41.
2. [En parlant des choses] Qui a peu de longueur, peu d'étendue. Un bref tronçon de rue Vandamme, enclavé par erreur dans le quartier de la Gaîté (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 93).
SYNT. Bref coup d'œil, bref regard, bref sourire; nez bref; brève stature.
B.− [Dans le temps] Usuel. Qui est de courte durée ou se situe au bout d'un court espace de temps. Bref instant, bref silence; à bref délai :
2. Mais elle [Camille] ne pouvait pas comprendre que l'humeur sensuelle de l'homme est une saison brève, dont le retour incertain n'est jamais un recommencement. Colette, La Chatte,1933, p. 136.
Spéc., GRAMM. et PROSODIE. Voyelle brève, syllabe brève. Voyelle, syllabe qu'on prononce rapidement :
3. L'allemand est la seule langue moderne qui ait des syllabes longues et brèves comme le grec et le latin; (...); elle [la durée musicale des sons] est bien plus favorable à la poésie que l'accent, parce qu'elle n'a point d'objet positif et qu'elle donne seulement un plaisir noble et vague comme toutes les jouissances sans but. Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 2, 1810, p. 105.
C.− P. ext.
1. [En parlant du style] Qui occupe peu de temps ou d'espace, parce que exprimé en peu de mots, concis (cf. R. Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques et littér., 1955, p. XLVI) :
4. Ceci est bref, concis; c'est le style impérial, ennemi des longueurs et des explications. Courier, Pamphlets pol.,Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 15.
2. [En parlant du ton, de la voix] Qui est senti comme sec, tranchant. Voix brève. Ton bref, presque rude (Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1064).
Avoir le ton bref, le parler bref. Manière de parler rapide et décidée. ... dit-elle [Mathilde] avec cette voix vive, brève, et qui n'a rien de féminin, qu'emploient les jeunes femmes de la haute classe (Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 281).
SYNT. Mots brefs, ordres brefs; paroles brèves, phrases brèves.
II.− Emploi subst. fém.
A.− GRAMM., PHONÉT. P. ell. de syllabe brève, voyelle brève (cf. supra I B spéc.) :
5. (... il semble qu'il n'y ait pas de province qui n'ait son « midi », et combien ne rencontre-t-on pas de Savoyards et de Bretons chez qui l'on trouve toutes les douces transpositions de longues et de brèves qui caractérisent les méridionaux!). Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 18.
P. métaph. :
6. Oui, les pleins et les vides sont les longues et les brèves de cette prosodie muette qu'on appelle l'architecture. Ch. Blanc, Gramm. des arts du dessin,1876, p. 97.
Loc. Observer les longues et les brèves. Être précis et cérémonieux dans tout ce qu'on fait.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
Il en sait les longues et les brèves. C'est un homme habile, intelligent, qui connaît tous les détails de cette affaire.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que dans Quillet 1965.
B.− MUS. Ancienne figure de note correspondant à une unité de mesure et utilisée notamment en plainchant. Synon. carrée :
7. ... les principales figures de notes [dans la notation musicale, vers le xiesiècle] : (double longue), (longue), ■ (brève), ◆ (semi-brève), valaient chacune deux notes de la figure suivante, et quelquefois trois, comme dans nos triolets. A. Lavignac, La Mus. et les musiciens,1895, p. 458.
Rem. 1. Également M. Brenet, Dict. pratique et théorique de la mus., 1926, p. 298. 2. On rencontre dans la docum. un néol. brévissime, adj. (calqué sur le superl. lat. brevissimus). Qui est très bref. L'instant brévissime de la fraction du pain (Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 126).
III.− Emplois inv.
A.− Empl. comme interj. Enfin, pour le dire en peu de mots! :
8. Aujourd'hui ton père tombe chez moi comme une bombe, et me menace du gendarme; bref, un scandale des mille diables. Demain, j'aurais tout le canton sur les bras. Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 79.
B.− Empl. comme adv. En peu de mots. Parler bref (DG);cf. également Camus, La Peste, 1947, p. 1418) :
9. Monsieur le magister (...) je vous le dis bref et bien : si la douce jeune fille ne repose pas ce soir dans mes bras, à minuit nous nous séparons. Nerval, Faust,1840, p. 110.
Loc. adv. En bref. En résumé :
10. Les membres de l'espèce, oublieux de l'élémentaire, se livrent à de vastes et minutieux préparatifs pour s'entretuer. Ni l'évidence logique, ni l'évidence pratique ne paraissent les convertir à une économie fondamentale jugée aux résultats, largement indépendante des types spéciaux d'organisation, sainement méfiante des orthodoxies fallacieuses. Tel est, en bref, le bilan de l'économie moderne... Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 352.
Rem. En bref empl. seul étant senti comme un néol., on rencontre aussi des loc. verbales du type pour le dire en (très) bref (cf. Id., ibid., p. 653).
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bʀ εf], fém. [-ε:v]. Dernière transcr. des formes brief et briève dans DG : bri-yèf'; bri-yèv'. Ces 2 formes sont transcrites sans yod de passage dans les dict. du xixes. (cf. p. ex. Littré ou Nod. 1844). Enq. : /bʀef, -v/. 2. Forme graph. − Les dict. de Ac. 1798 à Lar. 20e(cf. aussi Quillet 1965) enregistrent en plus de bref la forme brief (briève) avec une rem. Cf. p. ex. dans Lar. 19e: ,,On ne le [brief] dit plus guère qu'au féminin et dans les locutions Briève description, briève narration (...). Il était assez fréquemment usité en termes de Palais.`` Ac. 1932, Lar. encyclop. et Dub. n'enregistrent plus que bref. Rob. consacre encore à brief une simple vedette de renvoi à bref.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Adj. 1. a) ca 1040 « de peu de durée » (Alexis, éd. G. Paris & L. Pannier, 110c : Bries est cist siecles); b) peu av. 1200 brieve oroison « id. (en parlant du discours) » (La Première Continuation de Perceval, I, 6867 dans IGLF Litt.); d'où fin xves. être bref « faire ou dire, vite » (G. Coquillard, Poésies, ibid.); 2. 1115-30 « petit » brieve figure (Ph. de Thaon, Bestiaire, 1038 dans T.-L.); 3. a) 1549 terme de prosodie (Du Bellay, Deffense et Illustration de la lang. fr., p. 269 dans IGLF Litt.); d'où b) 1680 subst. fém. brève « syllabe brève » (Rich.) [Les formes bref, brève et brief, briève sont encore en concurrence au xvies.; bref, brève l'emporte au xviies. et dès Rich. 1680 la plupart des dict. ne mentionnent plus brief, briève que pour le vocab. de la justice, en partic. dans l'expr. bonne et briève justice]. II.− Adv. 1. 1remoitié xiiies. « dans peu de temps, bientôt » surtout dans les loc. a bref, de bref ou en bref (Aumeri, Passion Ste Catherine, 445 dans T.-L.), la loc. en bref est qualifiée avec ce sens de ,,vieux mot dont on ne se sert plus`` dans Trév. 1704; 2. a) 1403 en brief « en peu de mots » (Chr. de Pisan, Livre du chemin de longue estude, 1367 dans Gdf. Compl.); fin xves. en début de phrase « en résumé, enfin » (G. Coquillard, Poésies, I, 196 dans IGLF Litt.); b) ca 1450 brief en début de phrase « en résumé, enfin » (Myst. du Vieil Testament, IV, 103, ibid.). Déconseillé par Vaugelas (Rem. sur la Lang. fr., éd. Streicher, Paris, Droz, 1934, p. 31), l'adv. s'est pourtant imposé au xviies. (Brunot t. 4, p. 751). I de l'adj. lat. class. brevis, -e attesté au sens gén. de « petit, court » dep. Pacuvius (TLL s.v., 2182, 79, en parlant d'une partie du corps), qualifie ce qui est de peu de durée (Plaute, ibid., 2172, 39) et en partic. les écrits ou les discours (Id., ibid., 2176, 41), attesté comme terme de prosodie (Lucilius, ibid., 2178, 57 : brevis syllaba) ainsi qu'à l'emploi substantivé pour désigner une syll. brève (Cicéron, ibid., 2178, 67). II du même adj. lat. brevis, -e, attesté notamment dans les expr. in breve tempus (Térence dans TLL s.v., 2173, 19) et ad breve tempus (Cicéron, ibid., 2173, 22) au sens de « en peu de temps », souvent réduites à in brevi (Pseudo Cicéron, ibid., 2174, 8) et à ad breve (Suétone, ibid., 2174, 23); in breve au sens de « en peu de mots, en résumé » est attesté dep. Horace (TLL s.v., 2177, 77).
STAT. − Bref. Fréq. abs. littér. : 3 149. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 435, b) 4 651; xxes. : a) 4 530, b) 7 138 Brève. Fréq. abs. littér. : 649. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 254, b) 611; xxes. : a) 1 498, b) 1 314.
BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 275.