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BIGOT1, OTE, adj. et subst.
A.− Adj., péj. Dont la dévotion étroite se fourvoie dans des manifestations formelles et/ou superstitieuses. Un moine bigot, une éducation bigote :
1. ... on me feroit connoître comme un chrétien bigot, un esprit superstitieux, un ennemi de la raison et des lumières. Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,préf., 1797, p. XXXI.
2. Elle n'était point du tout pieuse alors et se gaussait des curés, voire d'autre chose, avec une liberté extrême. À la Restauration, elle devint dévote (...). C'était en somme, une excellente femme, sans préjugés au temps où je l'ai connue, et je ne pense pas qu'elle soit jamais devenue bigote et intolérante. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 311.
SYNT. Un roi bigot; une bourgeoisie, une ville bigote; une hypocrisie, une influence bigote; avoir une figure bigote.
B.− Emploi subst. Un vieux bigot; une bigote enragée. Synon. bondieusard, cagot, grenouille de bénitier, papelard :
3. Ils sont un tas de vieilles ganaches en gilet de flanelle, et de bigotes à chaufferette et à chapelet, qui continuellement nous chantent aux oreilles : « Le devoir! le devoir! » Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 165.
4. ... il [Bernard] en eut pour dix minutes, (...) accusant la province de lui avoir changé sa femme, d'en avoir fait une prude, une bigote et une oie... Courteline, La Conversion d'Alceste,Margot, 1890, p. 89.
SYNT. Une bigote d'église, de province; une affreuse, une vieille bigote; d'affreux bigots.
Péj. (au xixesiècle). Faux dévot, qui imite la dévotion. Synon. hypocrite, pharisien, tartufe.
PRONONC. : [bigo], fém. [bigɔt]; Passy 1914 admet [bigɔ].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1165 surnom injurieux donné aux Normands (Wace, Rou, 3ep., 4777 dans Gdf. Compl.); v. aussi Les Gr. Chron., V, p. 53, SHF dans Fr. mod., t. 4, p. 340; attesté jusqu'en 1672 (J. Moisant de Brieux, Orig. de quelq. coutumes anc., Caen, p. 7); 2. 1425 subst. et adj. « personne qui montre une dévotion outrée » (A.N. JJ 173, pièce 199 dans Gdf. Compl.). Terme d'orig. germ. mais dont il est difficile de préciser la lang. véhiculaire. Bigot dans Wace est prob. une adaptation de l'ags. be gode! « par Dieu! », juron ou invocation prob. fréq. chez les Normands avant et après leur romanisation, seulement attesté en m. angl. 1300 bi godd (NED, s.v. god § 13), ca 1330 be gode (MED, ibid. § 6b). Il est difficile de dire si 2 représente une extension de 1 ou est issu d'un nouvel empr. à une autre lang. germ. : m. h. all. bî got, m. néerl. bi gode. Cf. les jurons du m. fr. : ca 1456-ca 1463 brulare bigod (Villon, Testament, éd. Thuasne, vers 1585); 1552 Tout est prelore, bigoth (Rabelais, Quart Livre, éd. Marty-Laveaux, t. II, p. 337).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 97.
BBG. − Baist (G.). Bigot und bigote. Rom. Forsch. 1893, t. 7, pp. 407-413. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 209. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], t. 2 1972 [1925], t. 3, 1972 [1930], passim.