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BIENHEUREUX, EUSE, adj. et subst.
A.− Qui représente une chance très favorable, qui est signe ou promesse de bonheur :
1. ... on disparaît pendant des années, et puis, un bienheureux jour, on revient au village sans prévenir, avec des galons sur sa manche, rapportant beaucoup d'argent gagné à la peine, ramenant la joie et l'aisance au pauvre logis abandonné. Loti, Mon frère Yves,1883, p. 15.
2. J'avouerai ici à ma honte que je profitai de l'ombre et du repos des deux nuits passées dans ces fers et sur cette paille pour manger, que dis-je? déguster, savourer le bienheureux pâté de perdreaux, en cachette, en suisse... Verlaine, Mes prisons,1893, p. 367.
3. Bienheureuse ignorance des uns, qui ne le sachant pas, et en essayant, ont eu une chance d'aller plus loin. Malheureux savoir des autres, qui n'est pas savoir faire, et que le snobisme pourrit. P. Schaeffer, À la recherche d'une mus. concr.,1952, p. 178.
En partic., domaine moral.[En parlant d'une pers., d'une qualité hum., etc.] Qui est ou qui rend très heureux, qui se trouve ou qui met dans un état psychique très satisfaisant grâce à l'accomplissement des principales aspirations humaines. (Quasi-)synon. béat, enchanté, ravi :
4. Ô bienheureux qui peut encore espérer de surnager dans cet océan d'erreurs! On use de ce qu'on ne sait point, et ce qu'on sait, on n'en peut faire aucun usage. Nerval, Faust,1840, p. 55.
5. Il s'aperçut qu'il avait peu à peu repoussé vers la vieillesse, pour « quand il aurait le temps », ce qui fait douce la vie des hommes. Comme si réellement on pouvait avoir le temps un jour, comme si l'on gagnait, à l'extrémité de la vie, cette paix bienheureuse que l'on imagine. Saint-Exupéry, Vol de nuit,1931, p. 86.
[P. réf. au Discours sur la Montagne, Matthieu, V, 3] Bienheureux les pauvres en esprit. Très heureux ceux qui savent librement renoncer aux biens terrestres.
Rem. S'emploie souvent à la forme exclamative dans cette accept. notamment (sans doute à cause de la valeur intensive que prend bien dans ce composé).
B.− RELIGION
1. (Celui, celle) qui a été élu(e), qui jouit de la béatitude éternelle. Esprits bienheureux, la bienheureuse Vierge Marie; séjour des bienheureux :
6. Les manichéens, dans leurs fictions sacrées sur le retour des ames à l'air parfait et à la colonne de lumiere, figuraient ces mêmes signes par douze vases attachés à une roue qui, en circulant, élevait les ames des bienheureux vers le foyer de la lumière éternelle. Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 587.
P. anal., fam. [P. réf. à certaines représentations plastiques des Élus] Avoir l'air d'un bienheureux. Avoir un air épanoui, serein (attesté dans la plupart des dict. gén. des xixeet xxes.);dormir comme un(e) bienheureux(euse) (cf. O. Feuillet, Le Journal d'une femme, 1878, p. 70);se réjouir ou rire comme un bienheureux (cf. Mérimée, Lettres à une inconnue, t. 1, 1870, p. 14).
P. iron. :
7. ... horreur Saint-Père horreur nous vîmes la bienheureuse sainte Albumine dans une bouteille emprisonnée et tout en haut du haut de l'église la bienheureuse sainte Camomille empalée sur le clocher ... Prévert, Paroles,1946, p. 151.
2. (Celui, celle) qui a été béatifié*(e) par l'Église, mais non (encore) canonisé*(e) :
8. On ouvrit les granges à Bayle, pour donner abri aux pèlerins qui venaient à l'hospice vénérer les cendres du Bienheureux Père Gaschon. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 261.
PRONONC. : [bjε ̃nœ ʀø], fém. [-ø:z]. Dub. note [ø] à la place de [œ] par harmonisation vocalique.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Fin xiies. adj. « (d'une chose) qui satisfait l'âme, qui donne de la félicité » (Dial. du pape Greg., éd. W. Foerster, XXII, 8, p. 155); 2. ca 1190 adj. « qui jouit d'un bonheur parfait (ici de la béatitude) » (Serm. de S. Bern., p. 13 dans DG); 1680 subst. masc. plur. théol. (Rich. : Bienheureux. Ceux qui jouïssent au Ciel d'une félicité sans bornes); 1690 (Fur. Bienheureux se dit aussi de ceux qui sont morts en odeur de sainteté, et que l'Eglise a destinés pour être canonisés, dont elle approuve cependant la veneration). Composé de bien* adv. et de heureux*. A remplacé les plus anc. bieneüré (ca 1160, Wace, Brut dans Keller) et boneüré/bueneüré (1174, G. de Pont Ste Maxence, Vie de St Thomas, 3245).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 934. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 295, b) 1 182; xxes. : a) 1 738, b) 1 186.
BBG. − Cohen 1946, p. 41, 75. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 15.