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BANDIT, subst. masc.
A.−
1. Vx ou p. fig. étymol. Homme banni, hors la loi et vivant d'expédients :
1. Le héros romain, le fondateur de la cité, doit être d'abord un homme sans patrie et sans loi, un outlaw, un banni, un bandit, mots synonymes chez les peuples barbares. Tels sont les Hercule et les Thésée de la Grèce. Encore aujourd'hui, les banditi sont la partie héroïque du peuple romain. Michelet, Hist. romaine,t. 1, 1831, p. 57.
2. Vous savez mieux que personne, n'est-ce pas, que les bandits corses ne sont point des voleurs, mais purement et simplement des fugitifs que quelque vendetta a exilés de leur ville ou de leur village; ... A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 559.
Bandit d'honneur. Individu qui, pour des raisons d'honneur, est mis en marge de la société et des lois.
2. Usuel. Malfaiteur qui vit en marge de la société et des lois, et se livrant, seul ou en bande, à des actes criminels (vol, attaque à main armée, assassinat, etc.). Bandit de grand(s) chemin(s), de droit commun :
3. Il fallut bien s'apercevoir qu'il ne marchait pas dans le Styx, mais dans la boue, qu'il n'était pas coudoyé par des démons, mais par des voleurs; qu'il n'y allait pas de son âme, mais tout bonnement de sa vie (puisqu'il lui manquait ce précieux conciliateur qui se place si efficacement entre le bandit et l'honnête homme : la bourse). Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 99.
4. ... soudain leurs sociétés secrètes, sortes de mutualités, les tongs, se dressèrent les unes contre les autres, en d'interminables vendettas. On enrôla les bandits mexicains ou italiens du voisinage, ceux qu'on nomme thugs ou desperadoes. Aujourd'hui on les désigne d'un vieux mot élisabéthain récemment exhumé, racketeers. Morand, New York,1930, p. 80.
5. L'accroché de droite se sent empli de cette promesse prodigieuse : Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis. Aujourd'hui! D'un seul coup, non seulement il est absous, mais il est sanctifié! (...) L'assassin, l'impudique et le voleur, le forçat, le bandit professionnel, est devenu un saint. Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 119.
Rem. Le mot, dans ce sens, semble plus usité au xixes. qu'au xxes. où il se trouve en concurrence avec malfaiteur et, plus récemment, gangster.
Rare, littér. [En parlant d'animaux] :
6. L'épervier gris, le singe obscène, le chacal, ... De tous les points de l'ombre arrivent à la fois. ... Bandits de la nature, ils sont tous là qui rôdent. Hugo, Les Châtiments,1853, p. 393.
P. métaph. ou au fig. :
7. ... nos neveux Pourraient bien ne garder de vous qu'un nom fâcheux, Celui d'un... arétin. − Achevez, dites le mot, compère? Celui d'un impudent, d'un bandit littéraire Vous détroussant le monde une plume à la main Comme un reître embusqué sur le bord du chemin! Barbier, Satires,Le Secret de bien des gens, 1865, p. 53.
8. L'empereur, ce brigand, le hasard, ce bandit, Éveillent ma colère... Hugo, L'Art d'être grand-père,1877, p. 271.
3. Plus rarement. Vagabond qui se livre au maraudage :
9. Mes camarades étaient de ces bandits, de ces forbans qui, après avoir maraudé et vagabondé dans tous les pays possibles, finissent par prendre du service dans une région étrangère quelconque. Notre armée d'Afrique était alors pleine de ces crapules, excellents soldats, mais peu scrupuleux. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Mohammed-Fripouille, 1884, p. 270.
B.− P. ext. Personne que l'on juge dépourvue de sens moral, parce qu'elle abuse autrui, viole l'éthique sociale, agit avec malhonnêteté, cruauté :
10. Elle ignorait les singulières histoires qui couraient sur le prince, les origines de sa royale fortune évaluée à trois cents millions, toute une vie de vols effroyables, non plus au coin des bois, à main armée, comme les nobles aventuriers de jadis, mais en correct bandit moderne, au clair soleil de la bourse, dans la poche du pauvre monde crédule, parmi les effondrements et la mort. Zola, L'Argent,1891, p. 51.
11. ... les circonstances aidant, je compte bien pouvoir envoyer, un jour, au bagne et à la guillotine ou au poteau, une douzaine de ces bandits de presse et de police, mes « chers confrères ». L. Daudet, Bréviaire du journ.,1936, p. 164.
12. Il y avait un tiers de siècle que Lulu espérait, guettait ce moment-là, un tiers de siècle qu'il répétait que « ces bandits de Schoudler, ces salauds de Schoudler » marchaient trop fort, qu'ils se lançaient toujours dans des opérations hasardeuses... Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 51.
C.− Emplois fam. et expr., gén. p. plaisant. ou p. exagér.
1. Péjoratif
a) [En parlant de l'aspect physique d'une pers.] Avoir une figure, une mine de bandit; avoir l'air, l'allure d'un bandit; être fait comme un bandit.
b) [En parlant d'une pers. au comportement peu délicat] :
13. − Le bandit! Tous les mêmes! Avoir un ange à ses pieds, et aller courir après une sorcière, une cosaque! De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 402.
Loc. C'est un vrai bandit :
14. « C'est un vrai bandit, il vous a dit cela pour vous tromper, vous êtes trop naïf », ajouta Jupien pour se disculper, ... Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 828.
[En parlant d'enfants] :
15. La vérité était qu'il recevait autant de coups que de caresses. Le collège de Plassans, un repaire de petits bandits comme la plupart des collèges de province, fut ainsi un milieu de souillure, dans lequel se développa singulièrement ce tempérament neutre, ... Zola, La Curée,1872, p. 408.
2. Non péj.
a) [Avec une nuance d'admiration, p. ex. en parlant d'un adversaire] :
16. ... il ose prétendre (...) que le plus grand service à rendre au socialisme, c'est de faire en son nom une guerre à mort aux communistes. Oh! Il est aussi intelligent qu'éloquent, le bandit! Il distingue très bien notre doctrine, constructive et fortement pensée, des divagations primaires de l'anarchie. P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 94.
b) [Avec une nuance de tendresse indulgente, notamment en parlant d'enfants turbulents et/ou malicieux] :
17. Enfants! oh! revenez! Tout à l'heure, imprudent, Je vous ai de ma chambre exilés en grondant, ... Et qu'aviez-vous donc fait, bandits aux lèvres roses? Hugo, Les Voix intérieures,1837, p. 315.
PRONONC. ET ORTH. : [bɑ ̃di]. Durée mi-longue sur la 1resyll. dans Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930. (V. aussi Fér. 1768). Fér. Crit. t. 1 1787 écrit bandit ou bandi en soulignant : ,,L'Acad. ne met que le 1er; Richelet a préféré le 2d et l'Ab. Richard aussi. Le Rich. Port. les met tous deux. Trév. suivant les diverses Éditions a mis bandi ou bandit.``
ÉTYMOL. ET HIST. − 1621 bandi (N. Benard, Voyage de Hierusalem et autres lieux de la terre, 6 dans Quem. : [le voyageur en Italie] peut toujours beaucoup et à toutes heures [estre] en danger d'estre volé par les Bandis de la Savoye, de Piedmont, du Milanois et autres lieux); 1663 bandit (M. Thévenot, Relations de divers voyages..., I, Relation de la Cour du Mogol par le Capitaine Hawkins, 4, ibid. : Il [le Grand Mogol] est principalement fort severe à punir ceux qui souffrent des Bandits dans leurs Gouvernemens); 1690 (Fur. : Bandit. Exilé, voleur, assassin, qui court le pays à main armée). Empr. à l'ital. bandito (Kohlm., p. 31; Brunot t. 3, p. 220; Nyrop t. 1, § 43 et 66) attesté au sens littéral de « banni, hors-la-loi » dep. av. 1533 (Arioste [1474-1533] 803 dans Batt.) et au sens de « malfaiteur, vaurien » dep. 1686 (Baldinucci, I-94, ibid.). L'ital. bandito est le part. passé substantivé de bandire « proclamer, proscrire, bannir » empr. au got. bandwjan « faire signe », dér. de bandwo « signe » autre forme de bandwa « id. » (bande* « troupe »), v. Feist, p. 79.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 015. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 475, b) 2 849; xxes. : a) 1 392, b) 693.
BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 93, 130.