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BACHELIER, IÈRE, subst.
I.− FÉOD. Bachelier. Jeune gentilhomme aspirant à devenir chevalier et qui servait sous la bannière d'un seigneur pour y apprendre le métier des armes :
1. Pour un mot d'une belle bouche, Pour un signe de deux beaux yeux, On sait qu'il n'est rien que ne fassent Les seigneurs et les bacheliers. Hugo, Odes et ballades,La Légende de la nonne, 1828, p. 506.
Bachelier d'armes. Celui qui avait été vainqueur à son premier tournoi.
Bachelier (chevalier). ,,Chevalier qui n'avait pas assez de vassaux pour les lever sous sa propre bannière et marchait donc sous l'étendard d'un chevalier banneret`` (Lep. 1948) :
2. Il faisait payer très-ponctuellement la solde des chevaliers bannerets, des chevaliers bacheliers, qui n'avaient pas assez de vassaux ni d'argent, ou qui étaient trop jeunes encore pour lever bannière, ainsi que celle des écuyers, des archers et des arbalétriers; il en faisait passer d'exactes revues. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 1, 1824, p. 122.
3. François 1erajouta aux deux classes de chevaliers bannerets et bacheliers, une troisième classe composée de magistrats et de gens de lettres; ils furent appelés chevaliers ès lois. Chateaubriand, Ét. hist.,1831, p. 409.
P. ext., vx. Jeune homme, en particulier, jeune homme à marier.
II.− ENSEIGNEMENT
A.− Anciennement
1. Bachelier. Jeune homme qui, dans une faculté a pris le premier des trois grades universitaires. Bachelier ès-lettres, ès-sciences, ès-sciences mathématiques; bachelier en droit, en médecine, en théologie :
4. Eugène avait subi cet apprentissage à son insu, quand il partit en vacances, après avoir été reçu bachelier ès-lettres et bachelier en droit. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 40.
Bachelier courant. Celui qui prenait ses degrés avant d'avoir achevé son cours d'études.
2. En partic., RELIG. CATHOL.
,,Celui qui dans la faculté de droit canon, après trois ans d'étude, soutenait un acte dans les formes prescrites par la faculté`` (Littré).
Bachelier formé. Celui qui avait pris ses degrés, en théologie, après dix ans d'études. Bachelier d'Église. Ecclésiastique d'un ordre inférieur aux chanoines. Synon. prébendier.
B.− Usuel. Bachelier, bachelière. Celui ou celle qui a passé avec succès le baccalauréat, premier grade universitaire. Diplôme de bachelier; le jeune homme a été reçu bachelier :
5. Je songe à ceci : dans six mois je serai licencié. Ce sera la troisième étiquette que j'assumerai : bachelier, boursier de licence, licencié. Ainsi je progresserai dans la sagesse et dans l'estime des hommes. J. Rivière, Correspondance[avec H. Fournier], 1906, p. 350.
6. Agrégé de philosophie, rebuté par la monotonie d'une carrière qui consiste à préparer chaque année un certain contingent de futurs bacheliers, Claude Lévi-Strauss s'orienta rapidement vers la recherche ethnographique. Hist. de la sc.,1957, p. 1520.
Emploi adj. :
7. Il y eut deux époques où Vigny passa, auprès d'une élite, pour le plus grand des poètes romantiques. Ce fut d'abord vers 1826 (...) Ce fut ensuite à la fin du xixesiècle (...) quand (...) Sully Prudhomme, quelque peu héritier de Vigny, devenait le poète de la « jeunesse pensive » et bachelière... A. Thibaudet, Hist. de la littér. fr. de 1789 à nos jours,1936, p. 137.
Rem. P. allus., plaisant. et iron. :
8. Les voleurs avec effraction sont, parmi les petits voleurs, regardés avec un certain respect. Si les voleurs simples sont les bacheliers de cette faculté, et les escrocs les licenciés, ceux-ci doivent être les docteurs, les professeurs émérites. Balzac, Œuvres diverses,t. 1, 1850, p. 88.
PRONONC. : [baʃ əlje], fém. [-jε:ʀ]. Tous les dict. de prononc. transcrivent [ə] muet excepté DG qui ne réserve le [ə] qu'à la prononc. poét. Pour la conservation de [ə] dans ce mot, cf. Fouché Prononc. 1959, p. 100.
ÉTYMOL. ET HIST. A.− Subst. masc. 1. ca 1100 bacheler « jeune homme qui aspirait à devenir chevalier » (Roland, éd. Bédier, 3019-20 : Ensembl' od vos .XV. milie de Francs, De bachelers, de noz meillors vaillanz); xiiies. bachelier devenu terme hist. (Hist. univers., B.N. 20125, fo106dds Gdf. Compl.); p. ext. début xiiies. bacheler « jeune homme noble » (Renaut, Lai d'Ignaure, ap. Bartsch, Lang. et litt. fr., 565, 9, ibid.); 1260 bachelier (Menestrel de Reims, § 20, ibid.) − 1685 (La Fontaine, Contes, La Clochette, éd. Pléiade, Œuvres I, 1963, p. 622); mentionné à nouv. comme ,,vieux mot`` dep. Ac. 1762; 2. a) xives. bacheler « celui qui, dans une faculté, est promu au premier des grades universitaires » (La Passion, trad. d'un traité latin de Michel de Massa [ds Romania, t. 15, p. 175, Notice d'un ms. messin publ. par P. Meyer] ds T.-L. : Bacheleirs fut an theologie); 1447 bachelier (A.N. P 1, fo146 ds Gdf. Compl.); b) 1366 « celui qui, dans les corps de métiers, agit sous la direction des jurés et des gardes, et qui le devient à son tour » (Lit. ann. 1366, t. 4 Ordinat. reg. Franc. p. 709 ds Du Cange s.v. Baccalarii 2); 1520 « celui qui est passé maître dans un métier » (B.N. Suppl. fr. 5097, ap. V. Gay ds Gdf. Compl.) − 1838 (Ac. Compl. 1842 : Bachelier [...] Il se disait encore au siècle dernier, parmi les artisans et dans les corps de métiers, d'Un maître élu pour assister les jurés). B.− Subst. fém. 1. 1461 « jeune fille noble » (Villon, Gr. test., 1507 ds Gdf. Compl. : Item, pour ce que scet sa Bible Madamoiselle de Bruyeres, Donne preschier, hors l'Evangille, A elle et a ses bachelieres), attest. isolée; d'où 1855 dial. (Jaub. : Bachelière. C'est le titre que l'on donne, dans l'Ouest, à la jeune personne qui accompagne la mariée, en qualité de fille d'honneur, le jour de la cérémonie du mariage); 2. repris au xviiies., p. iron. « femme lettrée, savante » (Voltaire ds Lar. 19e: Faut-il le priver du sacrement de mariage quand il se porte bien, surtout après que Dieu lui-même marie Adam et Eve : le premier des bacheliers du monde, puisqu'il avait la science infuse selon votre école; Eve, la première bachelière, puisqu'elle tâta de l'arbre de la science avant son mari); 1866 « femme titulaire du baccalauréat » (Lar. 19e); d'où 1867 jeu de mot entre bachot2* (< baccalauréat*) et bachot1* « petit bac » (A. Delvau, Dict. de la lang. verte, p. 25 : Bachelière. Femme du quartier latin, juste assez savante pour conduire un bachot en Seine − et non en Sorbonne). Empr. au lat. médiév. *baccalaris (d'où l'a.fr. bacheler puis par substitution de suff. bachelier, cf. aussi escoler < lat. scholare, devenu escolier) attesté sous la forme baccalarius. Baccalarius au sens de « chevalier qui ne conduit pas de compagnons armés au combat » (à rapprocher du sens A 1), 1remoitié xies. (Raoul Glaber, lib. 5 Hist. Cap. 1 ds Du Cange loc. cit.) d'où p. ext. « jeune homme noble » 1223 (Libert. Autiss. concessae a Mathilde comit. Nivern. [...] in Reg. I. Chartoph. reg. chap. 10, ibid.); au sens d'« étudiant avancé » (à rapprocher du sens A 2 a), 1252 (De Nifle, Chart. Univ. Paris, I no200, p. 226 ds Nierm.). Baccalarius est attesté dep. le ixes. dans le sud de la France au sens de « serf adulte, non pourvu d'une tenure et vivant dans le ménage de ses parents »; 813 (Musée des Arch. départ., p. 3 [a. 813, Marseille] Guérard, Cart. de S. Victor de Marseille, II, p. 633, ibid.) à rapprocher de l'attest. suiv. (Catalogne) où baccalarius désigne « le paysan qui n'a aucune terre à sa charge » xies. (Usatges de Barcelona editats amb una introducció per R. d'Abadal i de Vinyals i F. Valls Taberner, 52-53 ds Gloss. med. lat. Cataloniae, fasc. 2, 209, 9); à remarquer l'évolution sém. un peu différente du lat. médiév. baccalarius en Catalogue : au xiies. des baccalarii escortent un courrier sarrazin et peuvent donc être considérés comme des gens d'armes (1158, ACA Ramón Berenguer, IV, no16 sin fecha [Balari, Origenes, p. 691], ibid.); dans la même région, en 1193 un baccalarius remplace un chevalier dans un duel judiciaire (1193, Aca Alfonso I, no668, ibid.). On voit que les baccalarii formaient un groupe social intermédiaire entre le chevalier et le paysan, d'où l'évolution sém. en cat. : xiiies. « vilain » (Crón. de Jaime I, ibid.), plus tard « homme de mauvaise vie, fripon ». *Baccalaris, baccalarius est d'orig. obsc. L'hyp. d'une orig. celtique d'abord suggérée par un rapprochement avec l'irl. bachlach « serviteur », « berger » et « individu grossier », lui-même remontant à un type celtique *bacalâcos (R. Thurneysen, Kelto-romanisches, 39), peut-être lui-même dér. de l'irl. et gaélique bachall « bâton, houlette », lui-même empr. au lat. baculus (Schuchardt ds R. Celt., t. 5, p. 491), supposerait une var. *bakkallaros (Cor., s.v. bellaco, v. aussi Dottin, p. 230). Pour Hubschmid ds Z. rom. Philol., t. 66, p. 343, *baccalaris reposerait sur un type *bakkállo-, dér. du gaul. *bakkánno- « paysan » d'un plus anc. gaul. *bakkágno-, *bakkúgno-, lui-même formé d'une racine *bakk- (cf. le cymrique bach « petit ») et du suff. dimin. gaul. -agno. Ces deux étymol. se heurtent à de sérieuses difficultés phonét. pour aboutir à la forme *baccalaris. L'étymon celtique bacaudae, « les Bagaudes », nom que se donnèrent les colons gaul. qui se révoltèrent contre les seigneurs du pays (283-284) et signifiant « les combattants » (ives., Aurelius Victor, Caes., 39, 17 ds TLL, s.v. Bagaudae, 1680, 84) (Heisig, Zu franz. Bachelier ds Germ., rom. Mon., t. 41, 1960, pp. 93-95) par l'intermédiaire d'un dér. *bacaudaris devenu *baccadaris par redoublement de consonne (cf. Appendix Probi : draco, non dracco), passage de la prétonique au- r -a-, puis *baccalaris par attraction de mots tels que capitularis, singularis, semble concorder avec l'extension géogr. du mot (migration des Bagaudes en Espagne où ils furent anéantis en Catalogne) mais fait difficulté du point de vue phonétique.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 157.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Blanche 1857. − Bouillet 1859. − Canada 1930. − Dupin-Lab. 1846. − Foi t. 1 1968. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Heisig (K.). Zu frz. bachelier. Germ.-rom. Mon. 1960, t. 41, pp. 93-95. − Lep. 1948. − Lew. 1960, p. 320 − Pierreh. 1926. − Pierreh. Suppl. 1926. − Pissot 1803. − Pope 1961 [1952], § 86. − Prév. 1755. − Remig. 1963.