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AÎTRES, ÊTRES, subst. masc. plur.
A.− Littér. Disposition des diverses parties d'une habitation. Connaître les aîtres d'une habitation :
1. Avec ce tact parfait d'homme du monde qui sait se trouver à l'aise en quelque situation que le hasard le place, il prononça quelques paroles aimables, et, en peu d'instants, parut aux yeux de tous remplacer avec avantage Monsieur de Meillan, connaître mieux que lui les aîtres de sa maison. F. de Miomandre, Écrit sur de l'eau,1908, p. 243.
2. On se sent à l'abri de tout, dans ces aîtres familiers, mieux que dans une sape profonde. Il suffit de tirer les gros rideaux et d'allumer la lampe pour se sentir chez soi et ne plus rien craindre. R. Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 123.
Spéc. Les diverses parties et notamment les dépendances ou appentis d'une maison :
3. Tandis que Daniel s'affairait, Jacques, curieusement, examinait les aîtres. Les parois de l'atelier étaient d'un gris beige uniforme, sans aucune note de couleur. Deux réduits entresolés, cachés par des rideaux à demi-tirés, trouaient le mur du fond ... R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 273.
4. Albert s'aperçut alors que l'anormale disposition des aîtres que suggérait à l'imagination la vue de la façade n'était pas démentie par l'aménagement de l'intérieur. J. Gracq, Au château d'Argol,1938, p. 25.
Rem. Orthographié qqf. être(s) :
5. Il était au courant de toutes leurs habitudes et des êtres de l'habitation. J. Richepin, Les Morts bizarres,1876, p. 58.
B.− Par métaph., rare [En parlant d'une pers.]
1. Ses propres aîtres. Son intimité :
6. ... il sentit une volonté s'insinuer dans la sienne, et il recula, inquiet de se voir ainsi géminé, de ne plus se trouver seul dans ses propres aîtres; puis il fut inexplicablement rassuré, s'abandonna, ... J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 248.
7. C'est bizarre, mais à force de se promener dans ses propres aîtres, à force de vivre sur soi-même, les jours coulent et l'on n'a le temps de rien faire ici! J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895p. 263.
2. P. ext. Le for intérieur, le plus profond de soi-même :
8. La question qui s'imposait était d'abord celle-ci : s'imprégner assez de l'esprit des psaumes pour se persuader qu'ils avaient été écrits à votre intention personnelle, tant ils correspondaient à vos pensées; les réciter, ainsi qu'une prière jaillie de ses aîtres, s'approprier, s'assimiler, en un mot, la parole du psalmiste ... J.-K. Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 150.
9. Comment remédier au désarroi de mes pauvres aîtres? Je suis moins sec cependant, moins aride et aussi moins fluent qu'à Chartres; mais je suis gavé de prières ... J.-K. Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903p. 153.
Rem. L'emploi métaph. appartient, semble-t-il, à la lang. de Huysmans.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : cf. aître. 2. Homon. : cf. aître. − Rem. Besch. 1845 emploie concurremment comme vedette : aitres ou êtres subst. masc. plur.
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 980 masc. plur. estras « cour autour d'une maison » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle 1953, p. 189 : Fors en las estras estet Petre); ca 1210 aistre « id. » (Amadas et Ydoine, éd. Hippeau, 5301 ds T.-L. : Signe leur fait qu'el veut descendre En l'aistre aval por li estendre; Et il li font en haste faire Et dessus estendre une haire); 2. ca 1130 masc. plur. estres « partie supérieure d'un bâtiment, galerie » (Enéas, éd. Salverda de Grave, 1875, ibid. : Dido s'en monte a ses estres Là sus as plus altes fenestres). La forme la plus usitée en fr. mod. est êtres, la forme aître étant plutôt dial. (FEW t. 3, p. 329a). Du lat. extera, plur. neutre du lat. class. exter « qui est situé à l'extérieur ». L'identification de estre subst. avec le verbe a. fr. estre (être*) n'est possible ni du point de vue sém. ni du point de vue phonét. étant incompatible avec la forme estras de l'a. prov. (xiiies., Roman de Jaufre ds Rayn.).
BBG. − Bél. 1957. − Jossier 1881.