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ASSURER, verbe trans.
I.− [Avec une idée de protection ou de garantie contre une faiblesse, un accident, etc. pouvant survenir à l'obj.]
A.− [Le compl. désigne gén. un inanimé concr. ou abstr.; p. ext. un nom d'animal]
1. Assurer qqc.Rendre ferme, solide. Assurer une muraille (Ac. 1798-1932), assurer la main (Bél. 1957) :
1. Depuis quelques minutes, elle suivait la civière, avec le désir brouillon d'être utile, mais aussi avec une tendresse délicate et précise de gestes, une façon de caler les épaules chaque fois que les porteurs, dans une descente très raide, devaient assurer leurs pieds, où Magnin reconnaissait l'éternelle maternité. Malraux, L'Espoir,1937, p. 833.
Au fig. ,,Accoutumer à ne point trembler`` (Ac. 1835, 1878). Assurer sa voix, sa contenance (Ac. 1798-1932) :
2. − Malvina, fit-il en assurant sa voix d'une petite toux, te souviens-tu de Célestine, la fille au père Dumouchet? Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1437.
2. Vx, littér. [L'obj. désigne une pers.] Affermir le courage de quelqu'un, le rassurer :
3. Il y a eu une espèce de panique vers les cinq heures. On a fabriqué une note pour assurer les gens. Valéry, Correspondance[avec Gide], 1912, p. 431.
3. Emplois techn.
a) ALPINISME. ,,Pour un alpiniste (...) maintenir la corde qui le relie à son compagnon avec la ferme résolution d'empêcher celui-ci de tomber`` (Gautrat 1970) :
4. Rien ne vaut la manœuvre de l'encordement nocturne pour couler dans les reins du novice, en même temps que l'étreinte du nœud, l'angoisse de la chute dans le vide et du contre-choc d'arrachement sur l'homme qui « assure », de la corde qui peut casser, comme en 65 celle du vieux Taugwalder. Peyré, Matterhorn,1939, p. 210.
b) ART MILIT. Assurer ses arrières. Placer un dispositif de sécurité sur les arrières d'une troupe en campagne.
P. ext. et fig. Prendre des dispositions pour se prémunir contre un danger éventuel.
P. iron. :
5. Donc, en cas de défaite, Morlot, Laboriette et Chazal, si j'ose dire, assuraient mes derrières. Cette garantie n'était pas superflue et me devenait de jour en jour plus nécessaire. A. France, La Vie en fleur,1922, p. 361.
c) ÉQUIT. Assurer un cheval. ,,Lui faire prendre une position franche et l'habituer à exécuter avec régularité et précision tous les mouvements et les arrêts`` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). Assurer la bouche d'un cheval. ,,Accoutumer un cheval à souffrir le mors`` (Ac. 1835-1932).
d) FAUCONN. Assurer un oiseau. ,,L'apprivoiser de manière qu'il ne s'effraie de rien`` (Baudr. Chasses 1834).
e) MAR. ,,Rendre inamovible une pièce non solidaire d'une autre et mobile`` (Barber. 1969). ,,Amarrer solidement`` (Le Clère 1960). Assurer son pavillon. ,,Tirer un coup de canon en arborant le pavillon national`` (Gruss 1952). Synon. affirmer (Le Clère 1960).
f) TECHNOL. Assurer le gain. ,,Terme de Corroyeur; donner la dernière face au cuir, avant de lui donner le dernier lustre`` (Gattel 1841).
g) VÉN. Assurer les grands devants. Se poster sur la voie, en avant de l'endroit où le défaut a eu lieu :
6. Il le vit s'engager dans la rue du Chemin-Vert-Saint-Antoine; il songea au cul-de-sac Genrot disposé là comme une trappe et à l'issue unique de la rue Droit-Mur sur la petite rue Picpus. Il assura les grands devants, comme parlent les chasseurs; il envoya en hâte par un détour un de ses agents garder cette issue. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 569.
B.− [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un bien; avec souvent un obj. second. prép. contre]
1. DROIT
a) [Le suj. désigne, soit l'assureur, soit le bénéficiaire de la garantie] Garantir par un contrat contre un péril ou un risque. Assurer le capitaine et l'équipage d'un bâtiment (Ac. 1835, 1878), assurer la cargaison d'un navire (Ac. 1932); assurer sa personne, ses maisons, son mobilier contre l'incendie (Ac. 1932) :
7. − Tu trembles, je crois. − Ah! Monsieur... Six maisons!... Toutes en flammes... On craint déjà pour le quartier neuf... Et ma mère qui ne demeure pas bien loin! − Et tu ne sais donc pas que, outre les secours qui abondent toujours, ces maisons sont toutes assurées? − Oui, Monsieur, mais ma mère ne possède que son mobilier. Toepffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 275.
Emploi abs. :
8. ... le gouvernement est une compagnie, non pas précisément d'assurance, car il n'assure pas, mais de vengeance et de répression. Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?1840, p. 161.
Spéc., vx. Assurer un jeune homme contre les chances de recrutement. ,,S'engager, moyennant une somme payée d'avance, à lui fournir un remplaçant s'il se trouve compris dans le contingent`` (Besch. 1845) :
9. ... on m'assurera pour un billet de mille ou quinze cents contre la conscription. J. Vallès, Jacques Vingtras,Le Bachelier, [1881], éd. Français Réunis, 1955, p. 183.
b) Garantir contre tout risque le remboursement d'une somme :
10. ... et si je mourais dans le travail auquel je suis condamné, vos trois créances sont assurées par l'assurance de ma vie. Balzac, Correspondance,1836, p. 190.
c) Assurer contre (un péril quelconque). Garantir contre :
11. Ce double prolongement, par lequel la personne pose son essence hors de son être purement individuel, l'assure aussi contre la fragilité de son individu. J. Vuillemin, Essai sur la signif. de la mort,1949, p. 207.
2. Domaine financier.Assurer à qqn une somme d'argent, une rente. S'engager à la verser à quelqu'un :
12. Du reste, Fasquelle se serait conduit en prince, il lui donnerait par an 36.000 francs, plus 20.000 pris sur les bénéfices; si Charpentier mourait, il assurerait 20.000 à sa femme, et au décès du mari et de la femme, il ferait une pension de 4.000 francs à chacune des filles. E. et J. de Goncourt, Journal,1896, p. 922.
P. ext. S'assurer qqc.Faire le nécessaire pour obtenir pour soi-même un avantage.
Rare, vx. [L'obj. désigne un inanimé concr.] :
13. Une chèvre sauvage avait bondi par-dessus la première entrée de la grotte et broutait à quelques pas de là. C'était une belle occasion de s'assurer son dîner, mais Dantès eut peur que la détonation du fusil n'attirât quelqu'un. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 294.
Usuel. [L'obj. désigne un inanimé abstr.] S'assurer l'avantage du nombre, le concours, la collaboration de qqn :
14. Ne serait-ce pas tout pour l'Angleterre que de s'assurer, de son côté, la souveraineté des mers, l'universalité du commerce... Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 187.
15. ... pour la valeur d'une faible concession, il s'était assuré le vote des Beauchemin et de toute une phalange qui ne jurait que par eux. De nouveau il serait maire aux prochaines élections. G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 18.
3. Au fig. Faire le nécessaire pour rendre aussi certaine que possible la réussite d'une opération généralement de quelque durée. Assurer l'élection, la sécurité de qqn, une permanence :
16. Le refroidissement est assuré par du sodium fondu au sein d'un réacteur à uranium enrichi... Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 94.
P. anal. Assurer le bonheur de qqn.
ADMIN. Faire fonctionner avec le maximum de garantie un service public. Assurer un service :
17. ... la commune crée, en liaison avec le département, des services de ramassage scolaire. Elle assure des garderies, des séjours de vacances, des fournitures scolaires, etc. G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France,1967, p. 266.
II.− [Avec une idée de garantie, de vérité ou de certitude communiquée par un acte, une parole]
A.− [L'obj. dir. désigne la pers. qui reçoit la garantie de certitude]
1. Assurer qqn de qqc.Le rendre certain de quelque chose, lui communiquer la certitude que quelque chose existe.
a) [Le suj. désigne une chose] Fournir la preuve de quelque chose :
18. Son succès lui donnait de la joie sans doute, puisqu'il l'assurait de son talent. Mais malade comme il était, il boudait tous ses plaisirs. Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions », t. 1, 1948, p. 310.
b) [Le suj. désigne une pers. individuelle ou coll.] Communiquer à quelqu'un la conviction de quelque chose, lui donner des raisons de croire à quelque chose :
19. La Société des Nations, à peine créée, avait choisi pour lieu de sa première assemblée le salon de l'Horloge, et c'est de là qu'elle avait assuré l'humanité d'une ère de bonheur. Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 24.
[Avec un sens affaibli dans les formules de politesse] Assurer qqn de son respect. Lui faire partager la conviction qu'on le respecte :
20. Le 25, le clergé lui envoyait une délégation pour l'assurer de son respect et de son dévouement... Billy, Introïbo,1939, p. 114.
Rem. Dans l'ex. suiv., assurer qqn de qqc. a le sens très rare (pop.?) de « donner à qqn des garanties au sujet de qqc. ».
21. Alors comme ça, bien ravi, en plus de son offre précédente... on lui demandait rien! ... Il nous assure de deux cents sacs! rubis sur l'ongle! Céline, Mort à crédit,1936, p. 514.
2. Vieilli. Assurer qqn que ... :
22. J'ai tendrement embrassé mon mari, en l'assurant qu'il ne me reprocheroit pas deux fois un tort qui l'afflige. MmeCottin, Claire d'Albe,1799, p. 97.
23. Le vulgaire aussi se figure que la rosée tombe du ciel et croit à peine le savant qui l'assure qu'elle sort des plantes. Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 20.
B.− [L'obj. désigne ce sur quoi est donné la garantie de certitude] Affirmer avec certitude ou conviction.
1. [L'obj. est le mot chose, ou un pronom neutre] C'est une chose que je peux assurer :
24. Tout cela est affirmé sans défaillance par Robinet : « Persuadé, écrit-il (loc. cit., p. 17), que les fossiles vivent, sinon d'une vie extérieure, parce qu'ils manquent peut-être de membres et de sens, ce que je n'oserais pourtant assurer, au moins d'une vie interne, enveloppée, mais très réelle en son espèce... » Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 112.
2. [L'obj. est ou contient un verbe]
a) [Le suj. de ce verbe est le même que celui du verbe assurer] Assurer + inf. :
25. ... il assurait n'avoir pas eu froid, et, par un effort de sa volonté, il arrivait réellement à ne plus sentir le froid. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 1, 1855, p. 79.
[Avec un obj. second. prép. à désignant la pers. destinataire de la déclaration de certitude] :
26. Une observation bien importante que je fais depuis quelques jours, c'est que l'on voit bien peu d'uniformes aux promenades publiques. Cela fait qu'on reconnaît plus aisément ceux qui les portent; et je puis vous assurer y avoir distingué des hommes attachés à l'ancienne police. Marat, Les Pamphlets,Relation fidèle des malheureuses affaires de Nancy, 1790, p. 252.
b) [Le suj. de ce verbe est différent de celui du verbe assurer] Assurer que :
27. En tout cas, les indications de Nottebohm ne semblent pas exactes, quand il estime que seuls les deux premiers morceaux, le Kyrie et le Gloria furent écrits en 1819. Et elles sont certainement fausses, quand il assure que le Credo n'a été écrit qu'en 1820. R. Rolland, Beethoven,t. 1, 1928, p. 217.
Rem. Sans obj. second. assurer que est fréq. si le suj. est on. On assure que « il y a des gens qui prétendent pouvoir certifier que... » :
28. On assure que le président a des millions, quel mal y aurait-il à ce qu'il mît sa filleule dans son testament? Zola, La Bête humaine,1890, p. 15.
[Avec un obj. second. prép. à] :
29. Je resterai toujours fier, Monsieur, de cette circonstance. Veuillez le dire à vos dignes magistrats. Assurez-leur que ma gratitude ne finira qu'avec ma vie. Michelet, Journal,1854, p. 748.
30. Je le mis au courant de nos intentions et lui assurai que d'ici fort peu de temps l'action contre l'adversaire serait menée par tous les alliés. Joffre, Mémoires,t. 1, 1931, p. 288.
c) Rare. Assurer + prop. interr. indir. :
31. À sa démarche, au ton de sa voix, on eût pu assurer quel ouvrage elle était en train de lire. Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 142.
3. Dans le discours dir. de la conversation fam. [Avec ell. du compl. d'obj., en constr. de prop. incise] Je t'assure, je vous assure.
a) [Pour mettre en relief l'affirmation] :
32. J'avais un manège de chevaux de bois pour enfants, des vrais chevaux de bois qui me venaient de mon père, c'était pas riche, je vous assure. Je suis parti de pas grand chose, c'est certain... Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 46.
b) [Pour marquer la supplication] :
33. Mais, lorsque Clarisse, disparue de nouveau, revint un doigt sur les lèvres, elle le supplia de patienter encore. − Je vous assure, Monsieur, soyez raisonnable, autrement vous perdrez le plus beau... Zola, L'Argent,1891, p. 226.
Rem. Dans l'ex. 33, je vous assure porte sur la phrase entière, et a le même sens que dans l'ex. 32; mais au voisinage de l'impér. soyez raisonnable, il se dégage un effet de sens de supplication que lui communique cet impératif.
4. [En constr. de prop. incise pour présenter le discours dir.] :
34. − J'ai toujours été malheureuse, assura-t-elle avec une conviction profonde. Je savais qu'il ne m'aimait pas. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoise,1939, p. 100.
Rem. À cause de la règle d'accord du part. passé (faut-il écrire : Il nous a assurés ou assuré qu'il viendrait?) certains grammairiens ont cherché à distinguer les deux constr. par le sens. Dans la 1reconstr., où nous est obj. dir. (cf. il les a assurés que...), le sens serait « il nous a engagés à croire que... »; dans la seconde, où nous est obj. indir. (cf. il leur a assuré), le sens serait « il nous a affirmé que... » (cf. Thomas 1956). La situation réelle semble être la suiv. : 1) Dans l'usage vivant, assurer qqc. est de plus en plus un simple intensif de dire que, dont il emprunte de ce fait la constr. (dire à qqn que). 2) Cet emploi est princ. un fait de discours dir. de la lang. parlée, dans lequel les pers. qui l'emportent sont les deux 1resdu sing. et du plur. (il m'a, t'a, nous a, vous a assuré), lesquelles, à la différence de la 3e(le, lui; les, leur) ne distinguent pas les formes de l'obj. dir. et de l'obj. indir. 3) Cette circonstance a pu favoriser dans la lang. parlée l'effacement relatif de la 1reconstr. (assurer qqn que...) au profit de la seconde (assurer à qqn que...). 4) D'où dans la lang. écrite la tendance à l'invariabilité du part. passé (cf. Ibid.), bien que l'accord soit toujours considéré comme possible si la forme du compl. d'obj. permet de l'interpréter comme un obj. dir. 5) La lang. des écrivains semble continuer à jouer de la nuance de sens signalée supra, comme l'attestent ces deux phrases rencontrées chez le même auteur (dans l'ex. 36, il s'agit de dissiper un souci, dans l'ex. 35 il s'agit d'une simple communication) :
35. J'avais qu'à exciter Robinson sur le midi en lui assurant qu'il n'y avait pas climat meilleur pour les blessures de ses yeux, qu'il serait là-bas on ne peut mieux et qu'en somme il avait bien de la veine de s'en tirer à si bon compte. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 423.
36. Robinson n'osait pas me demander s'il était cher ce café que j'avais choisi mais je lui épargnai tout de suite ce souci en l'assurant que tous les prix étaient affichés et tous fort raisonnables. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932p. 491.
III.− Emploi pronom.
A.− Emploi réfl.
1. Vieilli. [Le suj. désigne un être concr. ou une entité abstr.] S'affermir :
37. ... le tsarisme, contrarié par bien des résistances intérieures et préoccupé sans doute de s'assurer au dedans, ne pourrait pas déployer en Europe l'action extérieure qu'il déploya il y a un demi-siècle. Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. 38.
38. Difficile de savoir si le pied n'allait pas brusquement s'assurer dans le vide. À chaque pas, Saint-Jean disait à voix basse en lui-même : « Oui, oui, oui » pour se pousser d'aplomb. Plus sûr encore de ce oui que de la solidité du grès sous ses pieds... Giono, Batailles dans la montagne,1937, p. 278.
Au fig., vx. S'assurer.Se rassurer.
Vx, rare. S'assurer en (dans) qqn.Mettre sa confiance en quelqu'un :
39. Là s'agitent des hommes simples qui croient en Dieu et s'assurent en l'intercession de Notre-Dame. A. France, La Vie littér.,t. 2, 1890, p. 266.
2. Se garantir par un contrat d'assurance :
40. Personnes pouvant s'assurer : Pourront s'assurer volontairement pour les risques maladie et maternité, les personnes... La Réforme de la Sécurité soc.,1968, p. 19.
Rare (anal. de se préserver, se protéger de qqc.). S'assurer de qqc.Se prémunir contre quelque chose :
41. Pour s'assurer d'une impraticabilité possible des terrains, ces matches [de basket-ball] se dérouleront en salle. L'Œuvre,1941.
B.− Emploi passif
1. Être affermi :
42. Je me demandais comment s'était en moi tant assurée cette volonté de ne pas avoir de tristesse personnelle et si elle était vraiment tant assurée. Gide, Journal,1895-96, p. 64.
2. Être garanti :
43. C'est dommage qu'il leur soit permis de mettre la main sur les garanties où s'assurent la vie, l'honneur, la liberté des citoyens. C'est dommage qu'un ministre de la guerre ose protéger contre les lois un homme accusé d'espionnage. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 111.
C.− Emploi subjectif.
1. [Le compl. prép. de désigne une pers.] Faire le nécessaire pour réussir la mainmise sur quelqu'un. S'assurer de la personne de qqn. Arrêter, faire arrêter quelqu'un :
44. − Assurez-vous de cet homme! Il a levé le poignard sur moi. Je lui ai pris le bras au moment où il allait me frapper. C'est un assassin. Hugo, Marie Tudor,1833, 5, p. 107.
45. henri. − (...) Monsieur le capitaine de mes gardes, assurez-vous de la personne de la reine, et conduisez-la devant la chambre haute. A. Dumas Père, Catherine Howard,1834, IV, p. 290.
Au fig. Faire le nécessaire pour gagner les bonnes grâces de quelqu'un :
46. Le plan que je vais rappeler à l'excellent M. Seignobos est de s'assurer de Ferry, à qui la proposition sera faite. Et si les choses doivent s'arranger, je vous demanderai (...) de tenter que l'augmentation coure effectivement de la fin de l'été, au lieu d'attendre novembre comme l'an dernier. Mallarmé, Correspondance,1879, p. 192.
2. [Le compl. désigne une chose abstr.]
a) Faire le nécessaire pour obtenir une garantie de fait. S'assurer du silence de qqn :
47. Ils ne vont tuer un ennemi qu'après s'être assurés de l'impunité; ils ne séduisent une fille qu'après s'être informés de sa dot. About, La Grèce contemp.,1854, p. 49.
b) Faire le nécessaire pour connaître avec certitude quelque chose, vérifier.
S'assurer de qqc.S'assurer de la vérité d'une description :
48. la bonne. − J'ai dit que Madame dormait... elle. − Et alors? la bonne. − Monsieur a dit qu'il fallait m'en assurer. Eh bien, je m'en assure... je vois que Madame dort profondément, je vais le dire à Monsieur... S. Guitry, Le Veilleur de nuit,1911, 1, p. 4.
49. ... c'étaient les lanternes-phrases d'une auto − celle d'Enver Bey, apprîmes-nous le lendemain, qui va de ville en ville s'assurer des forces dont dispose encore la Turquie. Gide, Journal,La Marche turque, 1914, p. 410.
S'assurer que ... :
50. ... le fou, le rêveur ou le sujet de la perception doivent être crus sur parole et l'on doit seulement s'assurer que leur langage exprime bien ce qu'ils vivent... Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 335.
Rare. S'assurer + prop. interr. indir.S'assurer si... :
51. ... et comme il aura occasion, dans la suite de son voyage, de relâcher à la Chine, et peut-être de toucher au Japon, il s'assurera quelle espèce de peau a, dans ces deux empires, un débit plus facile, plus sûr et plus lucratif, et quel bénéfice la France pourrait se promettre de cette nouvelle branche de commerce. Voyage de La Pérouse,t. 1, 1797, p. 36.
Rem. Pour les constr. trans. où le réfl. affecte l'obj. second, cf. supra (s'assurer qqc.).
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [asyʀe], j'assure [ʒasy:ʀ]. 2. Forme graph. − Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 rappellent : ,,on écrivait autrefois asseurer``. Littré note à ce sujet : ,,L'Académie écrit sûr et sûreté avec un accent circonflexe, avec raison, si l'on suit l'étymologie, puisque sûr est pour l'ancien français seür; mais alors il faudrait écrire, pour faciliter l'orthographe, en n'introduisant pas des séries discordantes sans raison, assurer et ses annexes avec un accent circonflexe; car assurer est aussi pour asseürer.`` Cf. aussi Buben 1935, pp. 37-38, § 23.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Ca 1100 pronom. « se mettre en sûreté, se ménager » (Roland, éd. Bédier, 1321 : Li quens Rollant mie ne s'asoüret, Fiert de l'espiet tant cume hanste li duret) − av. 1621 (E. Pasquier, Recherches, V, 6 ds Hug.); b) ca 1175 trans. asëurer de « mettre en sécurité, protéger (de qqc.) » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. Foerster, 5576 ds T.-L. : asëuré... sont del lion Qui est dedanz la chambre anclos) − fin xviies. (Cardinal de Retz, Mémoires ds Dict. hist. Ac. fr.); c) fin xiies. « mettre en sécurité, rassurer » (Chanson d'Antioche, éd. P. Paris, 410 ds Littré : Là seront nostre gent par matin assaillie; Trop ert assegurée, çou estoit grans folie); d) 1559-67 « mettre en état de stabilité, fixer, consolider » (Amyot, Trad. de Plutarque, Cicéron ds Dict. hist. Ac. fr. : Caesar commanda qu'elles fussent redressées [les statues] comme elles le furent. Car Cicéron dit alors que Caesar par ceste humanité d'avoir fait redresser les statues de Pompéius avoit asseuré les sienes); e) 1690 « garantir par un contrat d'assurance (d'abord dans la mar. marchande) » (Fur.); 2. a) 1165-70 pronom. « se rassurer sur » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, v. 1867 : En grant dotence m'avez mise : Ne puet mais estre en nule guise Que jo m'en puisse aseürer, Tant que vos veie retorner); b) ca 1175 trans. asëurer de « rendre (qqn) sûr de (qqc.), s'efforcer de convaincre (qqn) de » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. Foerster, 4270 ds T.-L. : il ne les ose Asëurer de nule chose); c) ca 1180 trans. indir. assëurer « affirmer, promettre, garantir » (M. de France, Lais, Eliduc, 324, 2eéd. Warnke ds T.-L. : il li assëura Que bone fei li portereit). Empr. au b. lat. *assecurare (FEW t. 1, p. 158a; EWFS2; REW3, 720) attesté en lat. médiév. dep. ca 1000 au sens de « mettre en sécurité, protéger » (Hugo, abb. Farfensis, Opusc. hist. p. 76, 18, ds Mittellat. W. s.v., 1051, 63), dep. le xiies. au sens de « promettre » (Teulet, Layettes, I no. 86, p. 56, col. 1 ds Nierm. t. 1, p. 64); à noter aussi au début du xiiies. l'emploi au sens de « s'engager à indemniser, indemniser » à rapprocher de 1 e (De Fremery, OB. Holland, suppl., no. 52, ibid.).
STAT. − Fréq. abs. littér. : Assurer. 7 711. Assurant. 322. Fréq. rel. littér. : Assurer. xixes. : a) 11 536, b) 8 462; xxes. : a) 9 555, b) 12 669. Assurant. xixes. : a) 513, b) 460; xxes. : a) 381, b) 455.
BBG. − Barber. 1969. − Baudr. Chasses 1834. − Bruant 1901. − Darm. Vie 1932, p. 145. − Dupin-Lab. 1846. − Gautrat 1970. − Gir. t. 2 Rem. 1834, pp. 28-29. − Gramm. t. 1 1789. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Kuhn 1931, p. 201. − Le Clère 1960. − Noter-Léc. 1912. − Pierreh. 1926. − Pierreh. Suppl. 1926. − Remig. 1963. − Wey (F.). S'assurer comment. Rem. sur la lang. fr. Paris, 1845, t. 1, p. 387. − Will. 1831.