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AMBASSADE, subst. fém.
A.− DIPLOMATIE
1. Mission confiée à un agent diplomatique en vue de représenter, officiellement et en permanence, un État dans un État étranger souverain :
1. Je donne ma démission de mon ambassade de Rome. Je trouvai à Paris Mmede Chateaubriand toute résignée (...). Elle aime la représentation, les titres et la fortune ... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, pp. 566-567.
2. ... c'est que Jacques, quand le ministre lui a fait demander ce qu'il voulait, a répondu qu'il voulait un consulat en Égypte, lui qui maintenant peut prétendre à tout, à la pairie, à une ambassade, si bon lui semble. Or, pourquoi demande-t-il si peu? Parce que, comme il me l'a dit lui-même, sa naissance le condamne à l'obscurité. A. Dumas fils, Le Fils naturel,1858, IV, 5, p. 186.
Rem. Ambassade, légation, consulat, députation. L'ambassade, qui concerne les intérêts majeurs de l'État, se distingue de la légation qui sert de représentation diplomatique à défaut d'ambassade, du consulat qui défend les intérêts des compatriotes à l'étranger mais avec un pouvoir limité, de la députation qui est le porte-parole d'une corporation, etc. auprès d'une autorité quelconque.
Vieilli. Délégation extraordinaire envoyée à l'étranger avec un mandat particulier et temporaire :
3. Pécopin était un gentilhomme de renommée, de race, d'esprit et de mine. Une fois introduit à la cour du pfalzgraf et installé dans son nouveau fief, il plut à ce point à ce palatin, que ce digne prince lui dit un jour : − Ami, j'envoie une ambassade à mon cousin de Bourgogne, et je t'ai choisi pour ambassadeur, à cause de ta gentille renommée. V. Hugo, Le Rhin,1842, p. 192.
4. Je perdis bientôt sa trace, d'autant plus que le roi mon maître me chargea d'ambassades et missions délicates qui me tinrent longtemps à l'étranger. T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 441.
2. P. ext.
a) Ensemble des personnes attachées à cette mission, l'ambassadeur et sa suite :
5. Afin de mieux réussir et d'amener le pape plus sûrement à un parti de modération, il fut résolu que le duc d'Orléans, le duc de Bourgogne et le duc de Berri se rendraient eux-mêmes à Avignon avec l'évêque de Senlis, les députés de l'Université et les hommes les plus habiles du conseil du roi. Cette ambassade, telle qu'il ne s'en était jamais vu, se réunit d'abord à Dijon, puis s'embarqua à Châlons, où le duc de Bourgogne avait, avec sa magnificence accoutumée, fait préparer des bateaux pour une si nombreuse suite. P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 2, 1821-1824, p. 135.
6. Dîner avec Rœderer, de l'ambassade, qui nous expose ses grandes vues sur le métier d'ambassadeur. Le fond, selon lui, consiste à donner à dîner et à faire causer les gens au dessert. La reconnaissance de l'estomac ... E. et J. de Goncourt, Journal,sept. 1860, p. 818.
7. Paris s'occupait alors de l'arrivée d'une ambassade venue du fond de l'Extrême Orient, avec des costumes étranges et des façons de saluer extraordinaires. Le ministre des affaires étrangères raconta une visite qu'il avait rendue, la veille, au chef de cette ambassade; il se moquait finement, tout en restant très correct. É. Zola, Son Excellence Eugène Rougon,1876, pp. 278-279.
Syntagmes fréq. Attaché d'ambassade (vieilli : attaché à l'ambassade). Agent diplomatique attaché à une ambassade et chargé de diverses fonctions :
8. ... j'abordai l'hôtel de l'ambassade, Portland-Place. Le chargé d'affaires, M. le comte Georges de Caraman, MM. les secrétaires d'ambassade, M. le vicomte de Marcellus, M. le baron E. Decazes, M. de Bourqueney, les attachés à l'ambassade, m'accueillent avec une noble politesse. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, pp. 248-249.
9. Jeune attaché d'ambassade, j'étais chargé d'aller chercher, sur le premier et récent aérodrome, à Hendon, un message de bienvenue que l'ambassadeur d'Angleterre à Paris, Sir Francis Bertie, envoyait, par la voie incertaine des airs, à son collègue français de Londres, Paul Cambon. Un matin de juillet 1914, je passai mon uniforme et me rendis à la cathédrale catholique de Westminster (...). J'étais de service à la messe funèbre qu'on célébrait ce jour-là en l'honneur de l'archiduc François-Ferdinand, (...). Le premier ministre Asquith, Sir Esward Grey, ministre des affaires étrangères, et tous les membres du gouvernement étaient présents. Le corps diplomatique en grand uniforme s'alignait au complet; les jeunes attachés élégants de l'ambassade d'Allemagne, princes possessionnés ou cuirassiers blancs, excellents valseurs (que le Kaiser, par snobisme anglomane, recrutait lui-même soigneusement pour les envoyer à la conquête mondaine de Londres), venaient grossir chaque printemps le personnel de l'ambassade d'Allemagne, où l'on remarquait déjà, en dehors du conseiller Kuhlmann, les secrétaires d'ambassade Von Hœsch et Schubert, appelés à un grand avenir. C'était la dernière fois que ces personnages officiels se trouvaient réunis ... P. Morand, Londres,1933, pp. 52-53.
Secrétaire d'ambassade. Secrétaire attaché à un ambassadeur, pouvant remplacer celui-ci en cas d'absence :
10. Mmede Broglie l'avait fait secrétaire d'ambassade, une sorte de diplomate. (...) Il s'en alla à Venise, au service de M. de Montaigu ambassadeur de France. Il aurait pour cela mille livres par an, et son voyage serait payé. (...) Dès son arrivée, il crut la partie gagnée. Secrétaire d'ambassade, n'était-il pas un personnage, à tout le moins une personne, un homme qui méritait la considération, dans une société où on valait le titre qu'on avait? J. Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions », 1948, p. 181, 184.
Cf. également ex. 8, 9.
b) Bâtiment servant de siège officiel à l'ambassade, de logement privé à l'ambassadeur et bénéficiant du privilège d'exterritorialité :
11. ... quand elle descendait pour aller dans sa calèche faire une promenade, sa femme de chambre qui portait ses affaires derrière elle, son valet de pied qui la devançait semblaient comme ces sentinelles qui, aux portes d'une ambassade pavoisée aux couleurs du pays dont elle dépend, garantissent pour elle, au milieu d'un sol étranger, le privilège de son exterritorialité. M. Proust, À la recherche du temps perdu, Àl'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 679.
12. Un solennel mais très cordial déjeuner à la Maison Blanche, deux dîners offerts respectivement par le secrétaire d'État aux affaires étrangères et par celui de la guerre, une réception que je donne à notre ambassade, celle-ci provisoire puisque les locaux de l'ancienne et future ambassade de France nous sont encore fermés, constituent autant d'occasions ménagées pour mes conversations avec les dirigeants politiques et les chefs militaires qui secondent le président. Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,L'Unité, 1956, p. 236.
Rem. La différence de sens entre a et b n'est pas toujours nette :
13. − Mon passe-port est un passe-port des affaires étrangères. − Votre passe-port est vieux. − Il n'a pas un an de date; il est légalement valide. − Il n'est pas visé à l'ambassade d'Autriche à Paris. − Vous vous trompez, il l'est. − Il n'a pas le timbre sec. − Oubli de l'ambassade; vous voyez d'ailleurs les visa des autres légations étrangères. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, pp. 194-195.
B.− Au fig., gén. iron.
1. Mission importante confiée à un particulier :
14. Puis au moment où je vais sortir, Testard, assez gêné de son ambassade, vient me proposer de vendre ma collection de dessins du xviiiesiècle au baron Vitta, tout en en gardant la propriété jusqu'à ma mort. Je n'ai pas besoin de dire que je refuse presque grossièrement. E. et J. de Goncourt, Journal,juin 1895, p. 811.
15. « Cher monsieur, « Ceci est une ambassade. « Mon mari, (...) me prie de vous inviter à déjeuner pour dimanche, sans aucune cérémonie. Je m'acquitte de cette ambassade avec l'empressement que vous devinez ... » C. Farrère, L'Homme qui assassina,1907, p. 227.
Loc. Faire une belle ambassade. Se dit par antiphrase à propos d'une démarche maladroite, sans succès (cf. Ac. 1835, etc. et F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 633).
2. Groupe de personnes privées envoyées pour faire part d'un message :
16. Quand un village [en Provence] doit donner un bal (...) il envoie, pour proclamer la fête (...) deux de ses plus beaux jeunes gens, l'un jouant du tambourin et l'autre du fameux galoubet (...) et en outre deux de ses plus jolies filles (...); nous avons vu cette ambassade de quatre personnes fonctionner au milieu de la rue. Stendhal, Mémoires d'un touriste,t. 2, 1838, p. 436.
17. J'entends encore le récit qu'il faisait (Heredia) de certaine délégation des jeunes filles de Saint-Point (?) venues pour lui apporter leurs hommages. C'était une sorte d'ambassade inventée pour distraire et ranimer un peu le vieux poète, à la manière de ces cérémonies truquées dans les dernières années du règne de Louis XIV pour amuser et flatter un peu l'orgueil exigeant du vieux roi. A. Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1178.
P. anal., littér. [À propos d'animaux] :
18. Et la bonté de l'âme était alors si sourde Que tous les animaux partaient en ambassades Vers l'homme prêtre et roi par les mains du seul roi. Ch. Péguy, Ève,1913, p. 798.
Prononc. − 1. Forme phon. : [ɑ ̃basad]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour les 1reet 3esyllabes du mot. 2. Hist. − Fér. 1768 note les 1reet 2esyllabes longues. Fér. Crit. t. 1 1787 corrige : ,,Dans le dict. gram. on met la 2elongue; c'est une méprise.``
Étymol. ET HIST. − [1299 ambasce « mission officielle auprès d'un haut personnage » (Voy. de Marc. Pol., X, Roux ds Gdf. : Il li distrent l'ambasce por coi le grant sire des Tartars les envoie a l'apostoile ...; ibid., XI : embasce ...; ibid., XIII : Enbasce); 1299 ambaxee « message officiel destiné à un haut personnage » (Ibid., VIII : En tel mainere con vos avez oï se contenoit en l'ambaxee ke le grant sire envoie a l'apostoile por [lire : par] les deus freres); 1299 enbasee « mission officielle » (Ibid., XVI : Li jeune bazaler fait sa enbasee bien et sajemant)]. 1352-1356 ambaxade « mission auprès d'un personnage éminent, d'un souverain » (Jean Le Bel, Chronique, I, 122 ds Chronique de Jean Le Bel, éd. J. Viard et E. Déprez, Paris, [1904-1905] : Quant ilz furent si bien festiez, comme a eulx appartenoit, ilz conterrent au gentil conte et a son frere leur ambaxade pour quoy il estoient expressement envoyez a eulx); 1387 ambassade (Jeh. d'Arras, Mélusine, 228 ds Quem. t. 1 1959 : Les deux Chevaliers qui vindrent a Lusignan avec le gentil homme en ambassade); 1680 (Rich. : Ambassade. Fonction d'ambassadeur). Empr. à l'ital. ambasciata, attesté dep. le xiiies. au sens de « mission diplomatique » (Brunetto Latini, Il Tesoretto, I, 137 ds Batt.) et, au sens de « message officiel » (Iacopone da Todi, ibid.); les formes ambaxade, ambassade sont des emprunts directs; les formes ambassee, ambasse, sont, en raison de leur provenance, des adaptations de l'ital., peut-être influencées par les équivalents de lat. médiév., tôt attestés dans le domaine ital. : ambascia au sens de « service rendu » (viie-xies., Leg. Langobardorum, p. 659, 18 ds Mittellat. W. s.v., 541, 10), ambasciata au sens de « mission d'un envoyé dûment mandaté » (anno 1243, Chartae Italicae, Ficker, 387, ibid., 541, 17); ambassee, forme solidement implantée puisqu'empruntée par l'angl. ambassy (NED). L'ital. ambasciata est emprunté à l'a. prov. ambayssada (attesté dep. 1380-1400, au sens de « message » Chron. des Albigeois, col. 35 ds Rayn.; cf. aussi a. prov. ambaissat « message » 1155-1180, Girart de Roussillon, éd. Hachette, II, 3891) dér. d'un plus ancien ambaissa, correspondant au lat. médiév. ambactia, attesté sous la forme ambascia dans les lois barbares au sens de « service » (Leg. Burgundionum. const., I, 104 ds Mittellat. W. s.v., 541, 6, Lex. Salica, Merov., 1, 4, ibid., 541, 7 d'où le dér. ambasciare « porter un message », Hincmar ann. 845-868, ibid., 541, 55) et d'orig. germ. : cf. got andbahti « fonction », dér. du got. and-bahts « serviteur », lui-même empr. au gaul. *ambactos (formé de amb- « autour » et de la racine verbale i.-e. aĝ- « pousser, conduire ») « celui qui est conduit, envoyé autour » (cf. kymr. amaeth « servus arans », Pokorny, 4) latinisé en ambactus, demeuré mot étranger synon. de « servus » (cf. Paul. Fest., 4 ds TLL s.v., 1833, 39 : ambactus apud Ennium lingua gallica servus appellatur; et César, Gall., 6, 15, 2, ibid., 1833, 44 : [il s'agit des nobles gaulois] ut quisque est genere copiisque amplissimus, ita plurimos circum se ambactos clientesque habet). Le got. andbahti, andbaths, est obtenu par assimilation de am- au préf. and-, tandis que l'a. haut all. ambaht « serviteur », ambahti « service » (all. Amt) reflète la forme celt., E. Schwarz, Goten, Nordgermanen, Angelsachsen, Berlin, 1951, p. 19 voir aussi Gam. Rom. t. 1 1934-36, p. 379. Pour des raisons phonét., l'ital. ambasciata ne peut dériver directement du got. andbahti ou du lat. médiév.* ambactia, ces 2 formes ayant dû régulièrement se résoudre en -zz- ou -cci- (lat. tractiare > ital. tracciare; directiare > ital. dirizzare), Cor., s.v. embajadá, d'où l'intermédiaire prov. où le mot a connu un remarquable provignement. L'hyp. d'Alinei (Origin and history of the italian word ambasciata « embassy », La Haye, 1963) : ital. ambasciata, forme osco-ombrienne du lat. in-bassare (< bassus) signifiant à l'orig. « service, course, faits de la montagne vers la plaine » ne semble pas reposer sur des bases solides : voir la critique de Ruggero Stefanini ds Rom. Philol., t. 18, pp. 469-475.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 813. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 1 798, b) 1 000; xxes. : a) 982, b) 795.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bible 1912. − Boiss.8. − Cap. 1936. − Daire 1759. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Kold. 1902. − Lavedan 1964. − Le Roux 1752. − Lew. 1960, p. 22. − Pissot 1803. − Pol. 1868. − Réau-Rond. 1951.