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AHURISSEMENT, subst. masc.
Action, résultat de l'action d'ahurir, de s'ahurir.
A.− [En parlant d'une pers. ou d'une collectivité hum.]
1. Action d'inspirer une forte surprise, état de stupéfaction (marqué surtout par l'expression du visage) qui en résulte :
1. Le monsieur décoré et la dame en manteau de fourrure, débarqués le matin du train de Paris, ouvraient des yeux vagues, avaient sur la face l'ahurissement de ces choses brusques, qui les dépaysaient. É. Zola, Germinal,1885, p. 1223.
2. Rouletabille se promenait dans la vie avec cette pensée sans se douter de l'étonnement − disons le mot − de l'ahurissement qu'il rencontrait sur son chemin. Les gens tournaient la tête vers cette pensée, la regardaient passer, s'éloigner, comme on s'arrête pour considérer plus longtemps une silhouette originale que l'on a croisée sur sa route. G. Leroux, Le Mystère de la chambre jaune,1907, p. 97.
3. − Mon cher ami, − répondit Morhange, − depuis que je suis réveillé de cet extraordinaire cauchemar qui va de la grotte enfumée à l'escalier aux lampadaires des mille et une nuits, je marche de surprise en surprise, d'ahurissement en ahurissement. Regardez plutôt autour de vous. P. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 122.
4. ... à mon étonnement et à l'ahurissement de la classe, on entendit la voix très calme, auguste même de M. Nadaud, qui criait encore après que les rires enfin s'étaient tus. A. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 422.
Rem. Synon. abasourdissement, ébahissement, étonnement, stupéfaction, surprise.
2. Action de troubler l'esprit, état de bouleversement profond (marqué surtout par le comportement) qui en résulte :
5. Le marié, charmant garçon, mais toujours un peu tombant de la lune, hannetonnait là-dedans, poussant l'un ou l'autre dans quelque coin, avec des mains de caresse, vous disant des choses qu'il oubliait de finir et qu'il terminait par un sourire heureux. C'était le plus délicieux spectacle de l'ahurissement, produit par l'amour chez un jeune homme distrait. E. et J. de Goncourt, Journal,mai 1874, p. 978.
Rem. Synon. affolement, confusion, effarement, étourdissement, trouble. Anton. calme, impassibilité, imperturbabilité, sérénité, tranquillité.
3. Péj. Action de rendre stupide, état de stupeur qui en résulte :
6. Je vous écris dans tout l'ahurissement d'une première lecture. Pardonnez-moi mes bêtises si elles sont trop fortes. G. Flaubert, Correspondance,1861, p. 436.
7. Je me trouve dans la rue avec une lourde migraine et l'ahurissement que vous laissent les rêves particulièrement idiots. Colette, Claudine à Paris,1901, p. 190.
8. Les représentants les plus avertis du dandysme du Second Empire zozotaient dans les salons : « Avez-vous visité la cour du Grand Hôtel de la Paix, (ce fut son premier nom), avez-vous eu l'occasion de souper dans la salle à manger en rotonde? » Ainsi parle-t-on aujourd'hui d'une croisière en zeppelin ou d'un mariage en costume de scaphandrier. Chaque époque a ses ahurissements. L.-P. Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 233.
Rem. Synon. abêtissement, abrutissement, hébétement.
B.− P. ext. [En parlant d'une valeur, d'une création hum.] Action de stupéfier, d'abrutir, etc.; état qui en résulte :
9. Dès l'époque de Commode et de Dioclétien, vous voyez la sculpture s'altérer profondément (...) l'aigreur, l'ahurissement et la fatigue (...) remplacent la santé harmonieuse... H. Taine, Philosophie de l'art,t. 2, 1865, p. 302.
10. Ô bousculade..., ahurissement de toute pensée...! G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les Dimanches d'un bourgeois de Paris, 1880, p. 206.
11. L'éreintement, l'ahurissement, le barbouillage de cœur... E. et J. de Goncourt, Journal,10 avr. 1890, p. 1157.
12. ... il reste deux clans, le clan libéral qui met le naturalisme à la portée des salons en l'émondant de tout sujet hardi, de toute langue neuve, et le clan décadent qui, plus absolu, rejette les cadres, les alentours, les corps mêmes, et divague, sous prétexte de causette d'âme, dans l'inintelligible charabia des télégrammes. En réalité celui-là se borne à cacher l'incomparable disette de ses idées sous un ahurissement voulu du style. J.-K. Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, pp. 11-12.
Rem. gén. 1. Ahurissement est noté comme fam. ds Ac. 1878, DG, Ac. t. 1 1932 et comme pop. ds Littré Add. 1872. 2. Ahurissement est fréquemment accompagné d'un compl. de nom, prép. de ou d'une prop. rel. Ces compl. expriment tantôt l'origine de l'ahurissement (ex. 1, 6, 7), tantôt les pers. ou les valeurs qu'il affecte (ex. 4, 10, 11, 12).
Prononc. : [ayʀismɑ ̃]. Passy 1914 indique un [h] facultatif au début de la seconde syllabe.
Étymol. ET HIST. − 1853, néol. (La Châtre t. 1 : Ahurissement [...] Étonnement extrême, état d'une personne ahurie. Quel ahurissement!). Dér. du rad. du part. prés. de ahurir*; suff. -ement (-ment1*).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 97.
BBG. − Bél. 1957.