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AFFILIER, verbe trans.
A.− Introduire par un acte plus ou moins formel, une personne ou un groupe de personnes à une organisation pour qu'elle(s) participe(nt) à ses activités ou bénéficie(nt) de ses avantages.
1. Emploi trans., rare (parfois péj. en raison de la nature de l'organisation d'accueil). Synon. incorporer, enrôler.
a) [L'obj. désigne une ou plusieurs pers. prises individuellement] :
1. − Je démasquerai ces bandits. − Hein? fit Rocambole stupéfait. − C'est-à-dire que tu affilieras quatre ou cinq drôles auxquels nous ne dirons que peu de chose, à qui nous donnerons une besogne insignifiante... Puis je les prendrai sur le fait, et la police correctionnelle ou le tribunal mystérieux de mon bien-aimé frère en feront bonne justice. P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 2, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 50.
[Avec une nuance plus ou moins péj.] Se laisser affilier. Permettre qu'on vous affilie :
2. Les diverses branches des connaissances humaines avaient fait irruption dans mon salon, et je ne pouvais moins faire que d'y répondre par une adoption publique... Pressé un peu vivement, j'acceptais presque toujours, et me montrais, en matière de cotisation, le plus libéral et le moins regardant des hommes. Dieu sait à combien d'institutions je me laissai alors affilier, et quelle situation encyclopédique je me fis en fort peu de temps! Ainsi je devins membre des sociétés philotechnique, entomologique, asiatique, phrénologique, philomatique, numismatique, panécastique, géologique, philanthropique, de linguistique et de géographie; des sociétés des antiquaires, de tous les encouragements, de toutes les émulations, propagations et perfectionnements possibles, des beaux arts, des naufrages, d'horticulture, de l'histoire de France, de l'éducation progressive, des progrès agricoles, de la morale chrétienne; je devins membre de toutes les académies, de tous les athénées, de tous les instituts, si l'on en excepte celui de France. L. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, pp. 276-277.
3. Toute réponse à peu près plausible aux questions qu'il se pose et qu'il n'arrive pas à résoudre seul, s'offre à lui comme un refuge; surtout si elle lui paraît accréditée par l'adhésion du grand nombre. Danger majeur! résiste, refuse les mots d'ordre! ne te laisse pas affilier! plutôt les angoisses de l'incertitude, que le paresseux bien-être moral offert à tout « adhérent » par des doctrinaires! tâtonner seul, dans le noir, ça n'est pas drôle; mais c'est un moindre mal. Le pire, c'est de suivre docilement les vessies-lanternes... R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 982.
Rem. Dans ce groupe verbal, chacun des 2 verbes garde sa pleine valeur : se laisser exprime la passivité du suj. qui est affilié, affilier l'activité de ceux qui affilient.
b) [L'obj. désigne un groupe qui s'unit à un groupe plus important] :
4. Toutes organisations de résistance, quel que soit leur caractère, autres que les trois grands mouvements groupés par le comité de coordination, devront être invitées à affilier leurs adhérents à l'un de ces mouvements et à verser leurs groupes d'action dans les unités de l'armée secrète en cours de constitution. Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,L'Unité, 1956, p. 376.
2. Emploi pronom.
a) Emploi réfl. indir. [Le pron. réfl. indique le compl. indir., le verbe reste trans.] L'Académie française s'était affiliée quelques académies de province (Ac. 1835-1932).
b) Emploi pronom. réfl. direct. Synon. adhérer à.
Arch., RELIG. S'affilier à une congrégation (Ac. 1798-1932) :
5. Il pourrait d'ailleurs s'affilier, lui-même, en qualité d'oblat à l'un des monastères bénédictins de France ou de l'étranger et il suffirait dès lors de l'aide temporaire d'un moine, afin d'enseigner la psalmodie, le maintien, le chant, afin d'imprimer, dès les premiers jours, la marque particulière, l'étampe monastique de l'ordre, aux oblats. J.-K. Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 148.
Rem. Il s'agit dans ce cas de laïcs qui, sans cesser de l'être, adhèrent à un ordre relig. comme oblats ou comme membres d'un tiers ordre (tertiaires) etc., pour suivre dans le monde quelques-unes des règles des religieux (vivant dans le premier ordre) ou des religieuses (vivant dans le second ordre).
ADMIN. Affilier quelqu'un à une assurance, aux assurances sociales. Prendre en charge en échange d'une cotisation. S'affilier à. Se faire prendre en charge en échange d'une cotisation.
c) Emploi pronom. réciproque, rare. S'affilier entre soi. S'associer étroitement entre soi :
6. Il y a une chose dont il ne s'est pas méfié, et dont les esprits très-naturels ne se méfient jamais, c'est qu'il avait affaire, dans le cas présent, à une secte d'esprits raffinés, affiliés entre eux, épris d'une certaine forme distinguée et savante de dévotion et méprisant volontiers tous ceux qui ne parlaient pas leur langue, qui n'étaient pas de leur lignée spirituelle et de leur doctrine. Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 77.
Rem. 1. Le verbe vit surtout dans le syntagme être + part. passé, sans qu'on puisse toujours préciser si le part. passé correspond à un emploi passif du verbe trans. ou à un part. passé exprimant simplement l'état résultant du fait de s'affilier :
7. − Je sais de bonne part, dit un nouvel interlocuteur, que la belle Lélia est dans les cachots de l'Inquisition. Elle était affiliée aux carbonari. G. Sand, Lélia,1839, p. 450.
Rem. 2. Syntagmes rencontrés. a) En parlant d'affiliations individuelles : affilier qqn à l'Action Française, à une association, à une bande, à une confrérie, à la Congrégation des Jésuites, à une corporation, à une fédération, à une conspiration, à une secte, à une société ou à une loge maçonnique, aux sociétés secrètes; s'affilier à une coterie, à un ordre de chevalerie, à un salon... b) En parlant d'affiliations de groupes à un groupe plus grand : un petit club à un club plus grand, un groupe à une ligue, à un réseau, les publicains étaient affiliés au parti de Marius, des succursales à une compagnie commerciale, un syndicat est affilié à une confédération.
B.− Au fig., littér., rare. Associer intimement, réunir par affinité.
1. [Une pers. à une entité abstr. qui commande sa vie] :
8. ... Don Juan (...) ne fut d'abord, selon Molière, qu'un rude coquin, bien stylé et affilié à l'amour, au crime et aux arguties... Ch. Baudelaire, Maximes consolantes,1867, p. 624.
9. Depuis la mort de son mari, la pauvresse de bonne volonté est devenue encore plus la femme de cet homme extraordinaire qui donna sa vie pour la justice. Parfaitement douce et parfaitement implacable. Affiliée à toutes les misères, elle a pu voir en plein l'homicide horreur de la prétendue charité publique, et sa continuelle prière est une torche secouée contre les puissants... L. Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 299.
2. [Une chose à une autre pour qu'elles forment un ensemble organique] :
10. ... asseyez-vous, le dîner est prêt. − Et il embaume, s'écria Durtal, humant l'odeur d'un pétulant pot-au-feu qu'éperonnait une pointe de céleri affiliée aux parfums des autres légumes. J.-K. Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 92.
11. Les peintres s'associèrent dans un même idéal de beauté avec les architectes; ils affilièrent en un indestructible accord les cathédrales et les saintes; seulement, au rebours des usages connus, ils sertirent le bijou d'après l'écrin, modelèrent les reliques d'après la châsse. J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 12.
Rem. Dans ces emplois littér. et qq. peu précieux revit sans doute, à une époque où le moyen-âge est à la mode et où, dans le lang., fleurit la « figure étymologique », le souvenir du sens anc. du verbe (cf. étymol.).
Prononc. − 1. Forme phon. : (s') [afilje], (je m'), (j') [afili]. Enq. : /afili/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : affiliation. 3. Forme graph. − Imp. de l'ind. et prés. du subj. 1reet 2epers. du plur. : affiliions, affiliiez.
Étymol. ET HIST. − xives. hist. « adopter pour fils » (voir étymol. adopter) (L'Arbre des batailles, ch. cxlv, impr. Ste Genev. ds Gdf. : Puisque le pape est souverain seigneur le roy ou la royne de ce royaulme, il a bien peu donner puyssance et auctorité à madame Jehanne [II reine de Sicile à Naples] d'avoir affilié le roy Loys [III d'Anjou] conme son filz), signalé comme vieux par Trév. 1752; d'où p. ext. : a) 1701 relig. (Fur. : Afilier : ... C'est faire quelcun participant de tout ce qu'il y a de saint dans un Ordre). − Trév. 1771; b) 1762 réfl. indir. « (d'une compagnie) s'attacher une compagnie analogue [à titre de compagnie fille] » (Ac. : Affilier, adopter : L'Académie Françoise s'est affilié quelques Académies de Province); c) 1798 réfl. dir. « s'attacher comme membre à une société » (Ac. : S'affilier à une congrégation, à une société). Empr. au lat. médiév. jur. affiliare « adopter pour fils » (anno 984, CD. Cavens., II, p. 210 ds Nierm. t. 1 1954-58 : Adfiliaberunt me sibi in filio).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 31.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bruant 1901. − Caput 1969. − Dup. 1961. − Thomas 1956.