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ADOLESCENT, ENTE, subst. et adj.
I.− Substantif
A.− [En parlant d'une pers.] Celui ou celle qui est dans l'âge de l'adolescence :
1. Si les adolescents séniles d'à présent veulent apprendre à être jeunes, qu'ils aillent à vous. V. Hugo, Correspondance,1861, p. 350.
2. Je demeurais un adolescent à travers ces troubles, c'est-à-dire un être encore incertain, inachevé, en qui s'ébauchaient les linéaments de son âme à venir. P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 94.
3. Elle [Léa] (...) se trouve pure, fière, dévouée depuis trente années à des jouvenceaux rayonnants ou à des adolescents fragiles. Colette, Chéri,1920, p. 179.
4. Je suis dans ma quinzième année. On m'appelle « jeune homme ». Je suis un adolescent. Eh bien! Pitié pour moi! Pitié pour tous les adolescents du monde! Je ne suis pas heureux. Tout, en moi, est discordance et combat. Mon cœur est d'un enfant, mais j'ai la voix d'un homme, les mains, les pieds, les muscles d'un homme. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 107.
5. Il est œuf, embryon, enfant, adolescent, adulte, homme mûr, et vieillard. A. Carrel, L'Homme cet inconnu,1935, p. 197.
6. Elle avait dû être une petite fille, un peu secrète, puis une adolescente, puis une femme. F. Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 175.
Rem. 1. Noter, outre l'alliance de mots présente dans l'ex. 1, les nuances séparant adolescent de quelques-uns de ses concurrents : adolescent insiste sur les transformations corporelles et psychol. subies entre l'enfance et l'âge adulte; jouvenceau (ex. 3) est plaisant; jeune homme (ex. 4) se dit plus communément que adolescent et comporte souvent une nuance de protection. Au xixes. le mot était utilisé pour jeune homme ,,le plus ordinairement en plaisantant.`` (Ac. 1835); Fér. Crit. t. 1 1787 notait déjà : ,,Dans le style sérieux on dit jeune homme.`` 2. Groupe associatif fréq. : beaux adolescents, belle adolescente (R. Martin du Gard, Les Thibault, La Belle saison, 1923, p. 985; etc.).
B.− Rare. [En parlant d'un animal] :
7. Il [l'esprit de la ruche] impose leur tâche aux chimistes, (...) aux amazones du corps de garde qui veillent nuit et jour à la sécurité du seuil, interrogent les allants et venants, reconnaissent les adolescentes à leur première sortie, effarouchent les vagabonds, les rôdeurs, les pillards, expulsent les intrus, attaquent en masse les ennemis redoutables, et s'il le faut, barricadent l'entrée. M. Maeterlinck, La Vie des abeilles,1901, p. 30.
C.− Au fig., rare. [En parlant d'un inanimé] :
8. Pour le marin, c'est un vaisseau neuf, un adolescent qui va grandir au milieu des périls. Jal (Besch. 1845).
II.− Adjectif
A.− [En parlant d'une pers. ou d'un être assimilé] Qui est dans l'âge de l'adolescence. [En parlant d'une chose concr. ou abstr. inhérente à la pers. hum.] Qui est propre aux adolescents. ,,Un jeune homme encore adolescent.`` (Ac. t. 1 1932) :
9. Je me mis à tirer l'horoscope de l'adolescente vendangeuse... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 292.
10. Le manque d'opium me rend la mollesse des cœurs adolescents sans la fantaisie qui la fait inoffensive. J. Bousquet, Traduit du silence,1935-1946, p. 182.
B.− [En parlant d'une collectivité hum., ou d'un produit de cette collectivité] Qui est de fraîche date, qui n'a pas terminé sa formation :
11. Le mot littérature et décadence implique qu'il y a une échelle de littérature, une vagissante, une puérile, une adolescente, etc... Ch. Baudelaire, Nouvelles histoires extraordinaires, trad. de E. Poë, préf., 1857, p. 2.
12. Pisarev, théoricien du nihilisme russe, constate que les plus grands fanatiques sont les enfants et les jeunes gens. Cela est vrai aussi des nations. La Russie est, à cette époque, une nation adolescente accouchée au forceps, depuis un siècle à peine, par un tsar encore assez naïf pour couper lui-même les têtes des révoltés. A. Camus, L'Homme révolté,1951, p. 187.
C.− [En parlant d'un être vivant, p. ex. du règne végétal] Qui est au début de son évolution :
13. C'est avec une sorte d'étonnement joyeux que j'ai découvert ces fraîches métamorphoses de régions que j'avais connues sèches comme un os; et nous avons campé sous des pins adolescents dont les branches abritaient déjà notre voiture, là-même où nous avions passé la nuit, il n'y a pas dix ans, dans un désert sans aucune végétation. A. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,préf., 1933, p. 8.
Spéc. comme terme d'agric. Qui ne porte pas encore de fruit : vigne adolescente, arbre adolescent. (Attesté ds Besch. 1845, La Châtre t. 1 1865, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e).
P. ext. [En parlant d'un inanimé concr., comparé à un être vivant] :
14. ... une harmonie égale à la clarté, versant une extase divine au globe adolescent, semblait sortir du cœur mystérieux du monde... V. Hugo, La Légende des siècles,Le Sacre de la femme, t. 1, 1859, p. 31.
Rem. Comme le subst., l'adj. prend, suivant le contexte, une coloration quelque peu péj. (ex. 11, 12), avec parfois une nuance de condescendance (ex. 10), plus rarement une valeur laudative (ex. 13, 14).
Prononc. − 1. Forme phon. : [adɔlεsɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Pt Rob. transcrit le mot avec [e] fermé, ainsi que Warn. 1968 qui mentionne aussi la possibilité d'une prononc. avec [ε] ouvert. Dub. transcrit le mot avec un [o] et un [e] fermés. − Rem. Pour la transcription de [ε], cf. accrescent. Enq. : /adolesã, -t/. 2. Dér. et composés : adolescence.
Étymol. ET HIST. − xiiies., Bible parisienne, sans attest. ni indication de partie du discours ds Dauzat 1968. I.− Subst. 1. Masc. 1327 « jeune garçon à l'âge de l'adolescence » (J. de Vignay, Mir. hist., 9, 100 [éd. 1531] ds Quem. t. 1 1959 : Ung jeune adolescent grave de sommeil qui s'aseoit sur la fenestre du cenacle cheut a terre); 1680 p. iron., Rich. t. 1 : Adolescent Il ne se dit qu'en plaisantant :... Ce n'est encore qu'un jeune adolécent, et l'on parle de le marier; Fur. 1690 − Trév. 1771, désigne un jeune homme étourdi et sans expérience; 2. fém. xves. « jeune fille » (G. Tardif, Fac. de Poge, 270 ds DG; Une belle et gracieuse adolescente). Noté dep. Ac. 1798 comme subst. fém. II.− Adj. 1. Av. 1585 age adolescent « âge de l'adolescence » (Ronsard, 454 [éd. 1623, Paris] ds Littré : L'ardeur du courroux que l'on sent Au premier age adolescent); 2. av. 1684 « (d'un inanimé abstr.) qui est de fraîche date, qui n'a pas atteint sa maturité » fig. (A. De Gonzagues ds Besch. 1845 s.v. : Pourquoi cette nation française, si aimable et si brillante, a-t-elle changé de caractère? Que je regrette sa franchise, sa loyauté, sa gaîté et même sa frivolité qu'elle a abandonnée pour une philosophie adolescente qui ne va point au bonheur); 1705 « qui est dans sa jeunesse, qui en est à ses débuts (d'un inanimé) » [cf. adolescence c] (Regnard, Ménechmes, V, 1 ds DG : Du temps du monde adolescent); 3. 1791 « id. (d'une pers.) » (Arnault, Marius à Minturnes, I, 2 ds Littré : Encore adolescent, il avait quitté Rome); 4. 1845 terme agric., ds Besch., supra. Du lat. adolescens, part. prés. de adolescere. II 1 dep. Plaute, Mercator, 540 ds TLL s.v., 795, 65 : nullum adulescentem plus amo. :: puer est ille quidem, stulta. cf. Concil. Karol., 39A, 135 ds Mittellat. W. s.v., 234, 67 : pueri et adolescentes; II 2 dep. Plaute, Miles, 966 ds TLL s.v., 797, 37 : nupta et vidua... eadem? :: quia adulescens nuptast cum sene; II 3 dep. Plaute, Bacchides, 65, ibid., 794, 84 : adulescens homo penetrem me... in palaestram. Cf. Hrabanus, Epist., 29, p. 447, 14 ds Mittellat. W. s.v., 234, 50 : coniugato adolescenti vel iuveni. Pas d'emploi fig. attesté en lat.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 854. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 443, b) 1 039; xxes. : a) 1 321, b) 1 901.
BBG. − Bailly (R.) 1969. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Daire 1759. − Kold. 1902. − Lafon 1963. − Lasnet 1970. − Nysten 1814-20.