Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ADMINISTRATEUR, TRICE, subst. et adj.
I.− Personne qui administre.
A.− Lang. commune (cf. administrer I A) :
1. Le chef n'est pas l'administrateur, qui n'est pas l'animateur ni celui que l'on peut appeler l'inspirateur et le conseil. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 463.
1. Personne qui administre [les biens d'une pers. privée] :
2. La dot de la femme appartenait sans réserve au mari, qui exerçait sur les biens dotaux non seulement les droits d'un administrateur, mais ceux d'un propriétaire. N.-D. Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 109.
Au fig. :
3. Stupide administrateur de ma vie, je laisse perdre mon capital de force avec ses revenus, et je pirouette sur place sans faire un pas en avant. H.-F. Amiel, Journal intime,1866, p. 416.
2. [Les biens d'une société] Membre d'un conseil d'administration :
4. Il rappela le bilan du dernier exercice, présenté à l'assemblée ordinaire du mois d'avril, ce bilan magnifique qui accusait un bénéfice net de onze millions et demi, et qui avait permis, après les prélèvements du cinq pour cent des actionnaires, du dix pour cent des administrateurs et du dix pour cent de la réserve, de distribuer encore un dividende de trente-trois pour cent. É. Zola, L'Argent,1891, p. 268.
3. [Un secteur d'administration publique] Fonctionnaire placé à la tête d'une unité administrative. Administrateur du Collège de France, administrateur de bibliothèque (publique), administrateur de laboratoire, de groupe de laboratoires, d'hôpital, etc. :
5. Il est probable que ce genre de luxe alla toujours croissant, puisque les administrateurs des pauvres [des hôpitaux] réclamèrent contre le rachat de cette redevance, et qu'en 1654 le parlement condamna les héritiers de M. de Gondi, oncle du coadjuteur de Retz, à livrer à l'Hôtel-Dieu le lit de l'archevêque, tel qu'il se comportait au décès du prélat. V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 4, 1813, p. 302.
Administrateur civil. ,,Fonctionnaire des administrations centrales chargé des fonctions de conception et d'encadrement.`` (Lar. 3).
Administrateur colonial, de la France d'Outre-mer. Avant la décolonisation, fonctionnaire responsable d'une unité administrative, sous l'autorité d'un gouverneur colonial :
6. ... avisés du rappel brusque de Blaud à Carnot (où l'administrateur-maire de Bangui, M. Marchessou, doit enquêter sur ses actes de service), puis de son retour vers Nola, nous savions que nous devions le rencontrer. A. Gide, Voyage au Congo,1927, p. 774.
Rem. 1. Noter le parallélisme entre les types d'oppos. de administrateur et ceux du verbe administrer (cf. l'ex. 2 ci-dessus et ce qui est dit sous administrer I).
Rem. 2. Le mot se prête facilement à la formation de composés par juxtaposition, où il est 1erou 2eterme spécifié ou spécificateur. Cf. ex. 6 et :
7. Rétablir l'ordre, chasser les Anglais : ce fut pendant vingt ans la tâche de Charles VII. Il l'accomplit à la manière capétienne, petitement d'abord, pas à pas, posant une pierre après l'autre, aidé dans sa besogne par des gens de peu ou de rien, des bourgeois administrateurs, l'argentier Jacques Cœur, le maître de l'artillerie Jean Bureau. J. Bainville, Histoire de France,1924, p. 123.
Rem. 3. Syntagmes fréq. : grand administrateur (Alain, Propos, 1936, p. 126; déjà ds Ac. 1835), excellent, mauvais, sage administrateur (Ac. t. 1 1932), etc.
B.− Spécialement
DROIT
Administrateur judiciaire. ,,Personne désignée pour assister un chef d'entreprise, qui, ayant cessé ses paiements, a été admis au bénéfice du règlement judiciaire, mais qui n'a pas encore obtenu son concordat.`` (Lar. 3). Synon. liquidateur.
Administrateur de société. Chargé de gérer de manière intermittente dans une société anonyme les affaires de la société en étant membre du conseil d'administration.
Administrateur de biens. Personne effectuant les opérations de gestion d'immeubles en qualité de mandataire.
FIN. Personne chargée de préparer le recouvrement de l'impôt (synon. ordonnateur), p. oppos. au comptable chargé d'effectuer ce recouvrement. (Attesté ds Rob., Lar. encyclop., Lar. 3).
RELIG. Administrateur apostolique. Prélat à qui est confiée en cas de vacance d'un siège épiscopal l'administration intérimaire du diocèse.
TH. Personne qui assiste le directeur dans l'administration d'un théâtre, d'un music-hall, etc. :
8. Dès mon retour, je cours au théâtre, à la fin d'un après-midi. Je retrouve Gallimard, captif de ses pâtisseries jaunes et de ses glaces, et fidèle à son petit bureau d'administrateur. Devant la scène, Copeau et Jean Schlumberger font répéter le prochain spectacle, une pièce de Schlumberger : Les Fils Louverné. R. Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques,1955, pp. lxvi-lxvii.
Administrateur de la Comédie-Française. Haut fonctionnaire qui sous l'autorité du ministre en assume la direction.
II.− Emplois mélioratifs
A.− Subst. Bon administrateur (cf. administrer I A). Ce préfet n'est point administrateur. C'est un administrateur (Ac. 1878).
B.− Adj. [En parlant de pers.] Qui s'attache à bien administrer, qui a le goût et le sens de l'organisation administrative (cf. administrer I A) :
9. ... les rois conquérants n'ont guère les qualités des rois administrateurs... Le Moniteur,t. 2, 1789, p. 481.
10. Bonaparte voulait l'ordre, et il avait raison; mais qu'il eût appliqué son génie essentiellement administrateur à rétablir l'ordre, il le pouvait tout aussi bien sans détruire l'idée et sans étouffer le sentiment républicain. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 8.
Rem. 1. Dans l'emploi adj. administrateur est proche de administratif, mais s'en distingue par la connotation nettement méliorative. 2. Dans l'ex. suiv., qui est un emploi d'aut., le sens de l'adj. paraît tiré de l'emploi relig. du verbe administrer (cf. administrer les sacrements, les dispenser, en faire bénéficier les fidèles; la Croix est la source des grâces de salut que dispense l'Église. Cf. aussi infra étymol. et l'expr. anc. : les anges, appelés esprits administrateurs) :
11. Il ne s'agit plus de ces Septante que Dieu prescrivit à Moïse de s'adjoindre pour répondre à la prière que je copiais tout à l'heure : il s'agit de l'immense Église qui puise inépuisablement, à pleines mains, de toute sa capacité, au sein du Père, cet Esprit, cette vertu administratrice que le Verbe fait chair a mise à sa disposition sur la croix. P. Claudel, Un poète regarde la Croix,1938, pp. 169-170.
Prononc. : [administʀatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Enq. : /administʀatø2 ʀ, -tʀis/.
Étymol. ET HIST. − 1. Fin xiies. adj., aministreor (esperit) « (esprit) chargé d'un service [désigne les Chérubins] » (St Bernard, Serm. fr., ms., p. 324 ds La Curne t. 1 1875 : Cherubin, ce dist li Profète... sunt aministreor espirit por ceos ki doient receoivre l'éritaige de salveteit); 1542 administrateur, subst. « serviteur » attest. isolée (P. de Changy, Office du mary [trad. du lat.], éd. Delboulle, chap. iii ds Hug. : Elle soulage les sollicitudes du mary, elle ministre et sert plus diligemment que chambriere quelconque ou autre administrateur qui le faict pour loyer, mais la femme y va par seul amour); 2. a) 1262-1268 aministreor « celui qui donne, qui distribue » (Brunet Latin, Tresor, éd. Chabaille, p. 418 : [lettre de Philippe à Alexandre] ... tu fais tant que cil de Macedoine ne te tenront pas por roi, mais por aministreor et por doneor. Cil qui reçoit en devient peres; car toz jors est en atendance que tu li dones); b) 1600 administrateur des sacremens « celui qui distribue les sacrements » (St F. de Sales, Défense de la Croix, éd. Visitation Annecy, III, 6 ds Hug) est une des dernières attest. du sens 2; 3. 1140-1200 dr., graphie du xives. administratour « celui qui a pour mission de gérer (biens, affaires) » (Vie de St Evroult, 2133 ds Barb. Misc. 2 1925-28, p. 94 : Tres diligent procuratour Fu et bon administratour); 1283 id., aministreres, forme du cas suj. sing. « id. » (Beaum., Cout. Beauvaisis, éd. Beugnot, IV, 27 ds Gdf. : Li sires veut que li deerrains procureres soit aministreres des cozes aussi du tans passé comme du tans a avenir); 1290 id., administrateur « (admin. communale) id. » (Giry, Rec. textes enseign. hist., 139 ds R. Hist. litt. Fr., 1, p. 490 : La tricherie des administrateurs par lesquels la commune aura esté damaigé). Empr. au lat. administrator attesté une fois en lat. class. au sens de « celui qui a la charge de » (Cic., Orat., 1, 210 ds TLL s.v., 730, 65 : administrator... belli gerendi) fréq. comme terme jur. à partir fin iies. en relation avec certaines fonctions publiques : -rerum civitatis (fin iie-début iiies., Paulus, Digest.), -spectaculorum (Tert., Spect.), -rationum quinque provinciarum (CIL); mêmes emplois en lat. médiév., tant affaires eccl. que publiques à partir ixes. (ds Mittellat. W. s.v., 208, 63 sq.), d'où 3; à noter qu'en ce sens lat. administrator n'est concurrencé par aucun autre terme. 1, sens issu de administrer I 1, ne représente pas lat. administrator, mais administrer, ministrator (a. fr. menestreur « serviteur ») ou minister, synon. de famulus (a. fr. menistre); aministreor esperit traduit ministratorii spiritus (cf. Itala, Hebr., 1 14 ds Orig., In Mattheum, 18, 64 ds TLL s.v. ministratorius 1017, 2 : angeli sunt ministratorii spiritus ad ministerium destinati); cf. cependant isolément lat. médiév. administrator « celui qui aide » 958-962 : Liutprand, Antapodosis, 6, 2 ds Mittellat. W. s.v., 209, 18 : ut fidelis ei [regi] esset administrator, cui... exstiterat gubernator. 2, sens issu de administrer II 2 b, ne représente pas lat. administrator, mais minister (ves. Marius Mercator, Conc., S.I, 5 p. 25, 13 ds TLL s.v. minister, 1004, 20 : largitor et minister tantorum bonorum) ou ministrator, synon. de praebitor (emploi fig. ds Ambr., De spiritu sancto, 2, 9, 91 ds TLL s.v. ministrator, 1016, 67 : auctorem vitae et ministratorem gratiae suae ac muneris); cf. de même avec 2 b : vies. Rusticus, Conc., S.I, 3, p. 145 ds Blaise 1954 : eius [Christi] sacramentorum ministri. Formes adaptées aministreor, aministrere (cf. lat. amministrator, admenistrator ds TLL s.v., 730, 61-62; amministrater ds Mittellat. W., s.v., passim).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 611. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 1 151, b) 690; xxes. : a) 671, b) 842.
BBG. − Barr. 1967. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Cap. 1936 − Dalloz. Nouveau répertoire de droit. 2eéd. Publ. sous la dir. d'E. Vergé et J. Hamel. 1. Paris, 1962, pp. 108-109. − Dalloz. Nouveau répertoire de droit. Mise à Jour avec le concours de MmeBabin-Bertrand. Paris, 1968, p. 15. − Gruss 1952. − Lafon 1963. − Lar. comm. 1930. − Lav. Diffic. 1846. − Le Clère 1960. − Lemeunier 1969. − Marcel 1938. − Mét. 1955. − Pol. 1868. − Porot 1960. − Prév. 1755. − Réau-Rond. 1951. − Réau-Rond. Suppl. 1962. − Romeuf t. 1 1956. − Spr. 1967. − Théol. cath. Table 1929.