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ACCOUPLER, verbe trans.
A.− Réunir par couple(s) en vue d'une fonction ou d'un résultat communs.
1. [En parlant d'animaux de trait] :
1. Une file de voitures chargées de foin s'en venaient, traînées par des vaches accouplées deux par deux. G. de Maupassant, Mont-Oriol,1887, p. 75.
P. anal., péj. [En parlant de pers.] :
2. Il est nécessaire d'expliquer ici, car tous les lecteurs n'ont pas eu la fantaisie de visiter un bagne, que chaque forçat est accouplé à un autre (toujours un vieux et un jeune ensemble) par une chaîne. H. de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1848, p. 539.
3. M. de Talleyrand, qui d'abord eût été content de n'être pas accouplé à M. Fouché, sentant que celui-ci était inévitable, donna les mains au projet;... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 626.
2. Emplois techn. [En parlant de choses]
ARCHIT. [En parlant de colonnes] :
4. Perrault en avait entrevu les effets, lorsqu'en accouplant deux à deux les colonnes du péristyle du Louvre, il leur donna un demi-module de plus. J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 68.
ARTILLERIE :
5. Déjà les six pièces étaient braquées, espacées largement, accouplées en trois sections que des lieutenants commandaient, toutes les six réunies sous les ordres d'un capitaine maigre et très long, qui jalonnait fâcheusement le plateau. É. Zola, La Débâcle,1892, p. 309.
MÉCANIQUE :
6. Il est composé d'un moteur universel (...) accouplé à une génératrice de courant continu... Prolabo, Catalogue d'instruments de laboratoire,1932, p. 141.
7. ... [pour augmenter l'adhérence] on a été conduit à accoupler entre elles, dans la plupart des machines, deux ou plusieurs paires de roues d'égal diamètre au moyen de bielles d'accouplement. Herdner, Construction et conduite des locomotives à vapeur,t. 1, p. 40.
8. Pratiquement on recule la limite [de la force de frottetement] en accouplant un plus grand nombre d'essieux. Herdner, Construction et conduite des locomotives à vapeur,t. 1p. 42.
MUS. (Facture d'instruments de musique) :
9. Le fait d'accoupler et d'accorder des cordes soit à l'unisson ou l'octave, se nommait magadiser. L. Grillet, Les Ancêtres du violon,1901, p. 16.
10. ... il était impossible, vu la lourdeur de la mécanique [de l'orgue] d'accoupler plus de deux claviers à la fois. Ch.-M. Widor, Technique de l'orchestre moderne,1904, p. 179.
11. Les premières pédales [de combinaisons] sont les Tirasses qui accouplent le pédalier aux différents claviers. A. Cellier, L'Orgue moderne,1913, p. 51.
B.− [Le compl. désigne gén. le mâle et la femelle d'animaux] Apparier en vue de la reproduction :
12. Cette sélection, où l'homme intervient pour faire le tri des êtres à conserver et à accoupler, mérite le nom de sélection artificielle. Plantefol, Cours de botanique et de biologie végétale, t. 2, 1931, p. 636.
Emploi pronom. [En parlant gén. d'animaux et except. de pers.] S'unir pour la reproduction :
13. Les arachnides, qui, dans l'ordre que nous avons établi, viennent après les insectes, offrent des progrès manifestes dans le perfectionnement de l'organisation. En effet, la génération sexuelle se montre chez elles, et pour la première fois, avec toutes ses facultés, puisque ces animaux s'accouplent et engendrent plusieurs fois dans le cours de leur vie;... J.-B. Lamarck, Philosophie zoologique,t. 1, 1809, p. 307.
14. M. P. de V. et MlleL. (une mienne cousine, je crois), se sont accouplés légalement et religieusement le même jour que mon frère et ma belle-sœur. J. Barbey d'Aurevilly, Premier mémorandum,1838, p. 89.
15. − Vois madame, elle est heureuse depuis qu'elle est rentrée dans le sein de l'église, dit la baronne en montrant la femme du fumiste. Tu t'es mariée comme les bêtes s'accouplent! H. de Balzac, La Cousine Bette,1847, p. 409.
16. Deux bêtes, deux chiens, deux loups, deux renards, rôdent par les bois et se rencontrent. L'un est mâle, l'autre femelle. Ils s'accouplent. Ils s'accouplent par un instinct bestial qui les force à continuer la race, leur race, celle dont ils ont la forme, le poil, la taille, les mouvements et les habitudes. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Un cas de divorce, 1886, p. 1069.
17. Coqs et poules s'accouplent et se reproduisent presque toute l'année. C'est en ces actes de vie qu'ils se montrent depuis longtemps soumis à l'homme. J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 1, 1921, p. 246.
C.− Au fig.
1. Rapprocher des choses en vue d'obtenir un effet d'harmonie (sons, couleurs, formes) :
18. M. Ingres adore la couleur, comme une marchande de modes. C'est peine et plaisir à la fois que de contempler les efforts qu'il fait pour choisir et accoupler ses tons. Ch. Baudelaire, Salon de 1846,1846, p. 152.
Emploi pronom. :
19. Oui, Mademoiselle. Un délassement d'oisif. Cela consiste à arranger entre eux des mots qui occupent les oreilles comme une musique obstinée ou, tant bien que mal, peignent au vif toutes choses, et parmi lesquels s'accouplent de temps en temps des sons jumeaux, dont l'accord semble tintinnabuler follement, comme clochettes d'or. T. de Banville, Gringoire,1866, p. 53.
20. Une débauche de japonaiserie et de chinoiserie qui, dans la lassitude de la fin de la journée et le vide de l'estomac, vous donnent comme le sentiment de vaguer dans un cauchemar, où toutes les matières précieuses se mêlent, où toutes les formes se confondent et s'accouplent et où l'on se sent presque enlacé par une végétation exotique de jade, de porcelaine, de métal ciselé. E. et J. de Goncourt, juill. 1875, p. 1074.
21. ...les seules rimes masculines sont désormais celles que donnent les mots terminés par une voyelle nasalisée : ent, in, on, ant, oin, etc., − toutes les autres rimes dites masculines pouvant s'accoupler en parfaite parité de son avec des rimes dites féminines, c'est-à-dire ornées du traditionnel e muet. R. de Gourmont, Esthétique de la langue française,1899, p. 224.
2. Péj. Rapprocher des choses ou des êtres dans une harmonie qui dissimule mal une opposition :
22. Y a-t-il donc aussi des chaînes à deux forgées là-haut, et Dieu se plaît-il à accoupler l'ange avec le démon? Un crime et une innocence peuvent donc être camarades de chambrée dans le mystérieux bagne des misères? V. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 678.
23. Le seul regard que nous ayons du monde de la cité sur le monde du salut. Et la seule fois même rigoureusement que l'on puisse mettre ensemble sans qu'ils jurent, sans qu'ils se contrarient invinciblement, sans qu'ils se battent l'un contre l'autre ensemble, sans qu'ils hurlent d'être accouplés, ces deux mots : prophétie − païenne. Ch. Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo,1910, p. 752.
Emploi pronom. :
24. L'hypocrisie avait pesé trente ans sur cet homme. Il était le mal et s'était accouplé à la probité. V. Hugo, Les travailleurs de la mer,1866, p. 211.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [akuple]. Enq. : /akupl/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : accouplage (arch.), accouple subst. fém., accouplement, accoupleur. Cf. coupler. − Rem. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. accoupler ou accoupler avec un seul c.
Étymol. ET HIST. I.− Trans. 1. Obj. animés 1165 « réunir avec le couple (deux chiens) » (Chrét. de Troyes, Guillaume d'Angleterre, 2622, éd. M. Wilmotte : Tantost la dame a commandé Que li chien soient acouplé). − 1210-1223 (Dolopathos, éd. Brunet et Montaiglon, 318 ds T.-L. : Ses braches et ses loimiers Acouplait por aler chacier); 1174/77 « attacher (un animé à qqc.) » (Renart, éd. Méon [br. II], 6929 ds T.-L. : L'asne acouplent a la polie). − 1350-1370 (B. de Sebourg, IX, 500 ds Gdf. Compl. : Au mast ont les enfans loiés et acouplés); fin xiiies. « atteler (2 animaux) ensemble » (Godefroy de Bouillon, 218, éd. Hippeau, ds T.-L. : A charues traioient comme bues acoplés); 1680 « unir (des animaux) pour la génération » (Rich. t. 1 1680 : Acoupler, joindre pour la génération); 1701 « mettre en relation un homme et une femme » (Fur. s.v. : ... on s'en sert dans un mauvais sens et sur un ton railleur. C'est un Mercure de profession, qui sait accoupler les amans avec leurs belles...); 2. obj. inanimés, 1165 « attacher ensemble, lier » (Chrét. de Troyes, op. cit., 706 : Assés tost les [deus perces] orent caupees Et a boines hars acouplees, S'ont fait desus kouque et litiere De rains, de foelle et de flekiere); nombreux emplois techn. en fr. mod. II.− Pronom. 1. 1170 s'acopler à « s'attaquer à » (combat singulier) (Chrét. de Troyes, Cligès, 3691, éd. A. Micha : Aprés ces deus au tierz s'acople, Qui molt le cuidoit trover sople Et lié feire de son enui); ca 1190 « se lancer à la poursuite d'un animal (en parlant d'un chien) » terme cynégétique (Renart, éd. Méon [br. XII], 13402 : Li braconnier les chiens descouplent Et li brachet au leu s'acouplent), ces 2 derniers emplois seulement en a. fr.; « se rapprocher de, aller de compagnie avec, sans intention hostile » encore en 1389, Lettres de rémission ds Du Cange s.v. acouplare : Oddet Gerbaut leur demanda pourquoy ils avoient pris cet ecrin, et qu'ils en vouloient faire. Ils lui dirent qu'il allast avec eux, et qu'il en auroit sa part. Quand il oy ce, se acoupla avecques eux; 2. 2emoitié du xvies. s'accoupler avec « s'unir charnellement avec » (Paré, XVIII, 1 ds Littré : Jamais l'homme ne voudroit s'accoupler avec la femme). Ce sens subsiste, empl. plus particulièrement en parlant d'animaux; il s'applique à l'homme avec une nuance péj. Dér. de coupler*, d'emploi analogue en a. fr.; préf. a-*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 135.
BBG. − Bar 1960. − Bénac 1956. − Chabat t. 1 1875. − Jossier 1881. − Nysten 1814-20. − Soé-Dup. 1906.