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ACCORDAILLES, subst. fém. plur.
Pop. Réunion de caractère généralement familial au cours de laquelle sont conclus les accords et échangées les promesses préliminaires à un mariage :
1. ... Madame Chardon à laquelle il demanda la main d'Ève, avec l'empressement d'un homme qui ne voulait aucun retard. La mère prit la main de sa fille, la mit dans celle de David avec joie, et l'amant enhardi baisa au front sa belle promise, qui lui sourit en rougissant. − Voilà les accordailles des gens pauvres, dit la mère en levant les yeux comme pour implorer la bénédiction de Dieu. H. de Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 124.
2. Grand merci... Il faut aller la chercher trop loin, la messe, dans ce pays de sauvages... et je me souviens de la carriole... (regardant autour de lui). Oh! Oh! J'espère que nous voilà pavoisés... Qu'est-ce que vous ferez donc le jour des noces, si vous en faites tant pour les accordailles? ... A. Daudet, L'Arlésienne,1872, III, 2, p. 417.
3. Un drôle de marché que tu fais là, ma pauvre enfant! Si tu savais comme je suis vieux, au fond! ... Enfin, puisque tu veux bien de moi! Le dîner fut tumultueux. Ils parlaient tous ensemble, ils faisaient des projets d'avenir, comme s'ils se trouvaient réunis pour la première fois. Véronique, qui était entrée au beau milieu des accordailles, fermait à la volée la porte de la cuisine, sans desserrer les lèvres. Au dessert, on aborda enfin les questions sérieuses. La mère expliqua que le mariage ne pouvait avoir lieu avant deux ans ... É. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 874.
4. J'ai d'autres souvenirs de la table... Et Jeannine rappela que c'était sur elle que penchés, ayant choqué leur verre pour conclure les accordailles, son père et celui de Josille avaient arrêté leur mariage. Sur elle que son repas de noces s'était donné, suivant la coutume : on l'avait réservée aux mariés et aux parents proches, tendue d'une belle nappe épaisse, piquée de fleurs; ce repas de noces où on lui avait chanté ses devoirs futurs de femme et de maîtresse de maison, où elle s'était sentie changer de cœur et d'âme devant eux. J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 3, 1932, p. 17.
P. ext. Promesse de mariage échangée entre les deux intéressés (avec ou sans témoins) :
5. « Cependant que le capitaine m'embrassait, mon imagination recevait tous les baisers que tu me donnas, celui de nos accordailles secrètes, dérobé derrière la grande porte de mon parrain, et ton cheval qui piaffait dehors, aux mains du soldat, t'en souvient-il? Celui de nos fiançailles, dans le salon de mon père, devant la compagnie et la parenté en tous ses atours, et n'eus-tu pas l'audace d'appliquer longuement tes lèvres au coin de ma bouche jusqu'à me faire frémir ... » P. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 89.
6. Chacun approuvait cette union, Les jeunes gens, car c'étaient des accordailles d'amour, les vieillards, parce que, fils et fille de métayers, fidèles à la terre, les fiancés ne la quittaient pas. Josille, métayer à Tastet, s'en allait « en gendre » chez Mariette, métayère à Taillemagre. Deux propriétés du même maître. J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 1, 1921, p. 62.
P. méton. Temps compris entre la promesse de mariage et le mariage :
7. ... ce sont les deux seules lettres d'amour que j'aie reçues puisque, dans le temps de nos brèves accordailles, Renaud vivait tout près de moi... Colette, Claudine en ménage,1902, p. 287.
8. Il la revoyait, si jolie, si fine, et leur première rencontre, puis les délicieuses semaines de ces accordailles, et le masque austère du professeur avec des yeux si réfléchis derrière leurs lunettes que ces verres semblaient non pas aider son regard, mais le séparer des choses. P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 149.
Rem. Accordailles est pop. selon Ac. 1835, 1878, fam. selon Ac. t. 1 1932. Semble auj. un synon. littér. et fam. de fiançailles.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [akɔ ʀdɑ:j]. Harrap's 1963 transcrit : -a:j. 2. Forme graph. − Le mot s'emploie toujours au plur. (cf. Trib. 1933, p. 35).
Étymol. ET HIST. − 1539 « cérémonie accompagnant l'acte de signature d'un contrat de mariage » (R. Estienne, Dict. françois-lat., s.v. accorder : On fera les accordailles, Despondebitur); 1606, Nicot s.v. accorder : Accordailles... est du modèle de fiançailles, et signifie le mesme, mais fiançailles est plus usité, et signifie trop [beaucoup] plus que accord, car ils importent [impliquent] la cérémonie et solemnité du fiancer; 1680, Rich. t. 1 : Accordailles. Articles de mariage signez; 1701, Trév. : Il n'a point de singulier; 1740-1762, Ac. : Il est populaire; 1774, Trév. : Ce mot est vieux et ne se dit qu'au Palais. Hors de là, on dit accords. Le peuple dit aussi accordailles. (Ce qui laisse supposer la simultanéité de deux usages qui s'ignorent, l'un jur. qui mourra vers la fin du xviiies., l'autre pop. et dial., qui renaîtra dans la littér. d'inspiration provinciale ou région.). Dér. de accorder* au sens de « promettre une fille en mariage »; suff. -aille* p. anal. avec espousailles (xiies.) et fiançailles (id.). Jusqu'au mil. du xixes., accordailles signifie proprement « l'acte de signature d'un contrat de mariage », acte gén. accompagné d'une cérémonie familiale, tandis que fiançailles désigne « l'acte d'échange de promesses de foi entre deux pers. », accompagné aussi d'une cérémonie familiale. Au xixes., accordailles devenu synon. de fiançailles, mais plus pop. Le Code civil (à partir de 1804) ignore la chose et le mot, lequel est donc sorti de la lang. techn. d'orig.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 19.
BBG. − Cap. 1936. − Dupin-Lab. 1846 (s.v. accorder). Lep. 1948. − Thomas 1956.