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ACCOINTANCE, subst. fém.
[Gén. au plur.]
A.− Relations familières ou d'intérêt.
1. [Avec des pers. considérées ou haut placées] :
1. Comment, en effet, se rallier et se recouvrer, alors qu'il faudrait s'habiter dans un lieu de passage, dans une âme ouverte à tous les vents, visitée par la foule des pensées publiques! Son mépris des relations, son dégoût des accointances s'accrurent. Non, tout, plutôt que de me mêler encore à la société, se clama-t-il; et il se tut, désespéré, car il n'ignorait point qu'il ne pourrait, loin de la zone monastique, rester dans l'isolement. J.-K. Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 313.
2. Se créer une retraite tranquille, jouir en paix de son esprit, voilà son but unique, et que lui importe la vulgarité générale, si le bonheur des élus − où il se classe − est assuré. Une solitude toute tournée à son profit, toute fondue en loisir, affranchie d'obligations et de liens, où nulle accointance ni communication étrangère ne trouve place, tel est l'idéal de vie bien prise et bien pratiquée qu'il se définit à lui-même. H. Massis, Jugements,t. 1, 1923, p. 20.
Syntagmes fréq. : accointances puissantes, accointances très hautes, accointances au ministère, etc.
2. [Avec des pers. suspectes ou de réputation équivoque, etc.] :
3. Moi-même je viens de féliciter Monsieur Camusot de son habileté... − De sa maladresse, reprit vivement la comtesse que les accointances de Lucien avec un bandit inquiétaient bien moins que sa liaison avec Esther. H. de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1848, p. 464.
4. Il se montre extraordinairement anxieux et désireux d'acquérir certaines qualités qui sont à l'opposé de sa nature : mystère, ombre, étrangeté, toutes choses que valent à l'artiste certaines accointances avec le diable. A. Gide, Journal,1922, p. 727.
5. le baron. − Mais à qui le pauvre diable refilera-t-il sa marchandise! le président. − Il n'a que faire de votre aide. Une accointance intolérable permet à cette écume de s'en tirer sans nous. Les vendeurs de lacets ont pour clientèle les va-nu-pieds, le vendeur de cravates les clochards en maillot, le camelot des canards mécaniques les forts de la halle. J. Giraudoux, La Folle de Chaillot,1944, I, p. 24.
3. Région. ,,Relations commerciales avec des marchands.`` (J. Rougé, Le Parler tourangeau, Paris, E. Lechevalier, 1912, p. 8).
B.− Commerce amoureux hors mariage, liaison entre deux personnes de sexe différent :
6. Hier, j'ai rencontré madame et l'ai suivie, et je suis monté chez elle. Je ne l'aurais pas fait, vieux comme je suis, si mon docteur Lisfranc ne m'avait spécialement ordonné l'accointance pour dissiper une oppression et des congestions sanguines. − Le docteur Lisfranc, mon professeur de clinique. Ah bravo! − Madame, je le remercierai de votre part; c'est lui, vous le voyez, qui vous envoie si noble clientelle. − Ainsi donc, Monsieur, vous préfériez l'amour aux eaux de Barège? P. Borel, Champavert,Passereau, l'écolier, 1833, p. 168.
7. (crevel :) − ... ne voulant pas me remarier dans l'intérêt de ma fille que j'idolâtre, ne voulant pas non plus avoir d'accointances chez moi (...) j'ai mis, comme on dit, dans ses meubles, une petite ouvrière de quinze ans... H. de Balzac, La Cousine Bette,1847, p. 9.
8. Elle s'embarqua dans une histoire. Là, ce peut être vrai; là, elle s'écarte; là, ce n'est plus vrai du tout. Il fut tenté de la tourner là-dessus. Mais elle ne peut pas tout me confier : ce serait dévoiler les accointances et les commerces de ses honnêtes gens de frères. H. Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 159.
9. Jusqu'alors, se croyant éperonné par l'action, il ne s'était accordé que des accointances sensuelles qui laissaient la tête libre. Mais maintenant il lui fallait connaître les subtilités du cœur qui après tout aiguisent l'esprit. P. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 205.
Rem. 1. Dans une accept. très péj., le mot accointance peut désigner un ,,commerce illicite avec une femme ou fille`` (S. Mercier, Néologie ou Vocabulaire de mots nouveaux, t. 1, 1801, p. 4). 2. Le mot gén. empl. au plur., est cependant attesté au sing. (cf. ex. 2, 5, 6).
Prononc. : [akwε ̃tɑ ̃:s]. Enq. : /akwε ̃tãs/.
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1170 « rencontre, réunion (entre des pers., ici par symbolisme) » (Chrét. de Troyes, Chev. au Lion, éd. Roques, 2397 : ... de l'acointance... Qui fu feite a privé consoil Entre la lune et le soloil [Lunete et Gauvain]; jusqu'au xvies. le mot appartient à la lang. noble de la « courtoisie »; à partir du xviies. le mot devient péj., ainsi Fur. 1690 : Accointance. Familiarité qu'on a avec quelqu'un. Il ne faut avoir accointance avec gens de mauvaise vie. À partir du xviiies., tout en restant dans le registre péj., il tend à ne plus désigner qu'un commerce illicite entre des pers. de sexe différent : Trév. 1771; 2. 1176 « rencontre, choc (dans un combat) » (Chrét. de Troyes, Cligès, éd. Micha, 3543 : Si s'antracointent et reçoivent... As premerienes acointances Percent escuz et froissent lances). − mil. xiiies. (Vair Palefroy ds Gdf. Compl.). Dér. de l'a. fr. acointier; suff. -ance*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 52.
BBG. − Bar 1960. − Bénac 1956.