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ABATTÉE, ABATÉE, subst. fém.
A.− MAR. Mouvement de la proue d'un navire dont la ligne s'éloigne du lit (ou direction) du vent. Synon. arrivée; anton. auloffée :
1. A dix heures, la mer avait monté de cinq pieds, et nous n'étions encore qu'à mi-flot; à onze heures la Zélée était entièrement droite ... en moins d'une minute tout le monde fut sur le pont; officiers et matelots, tous armèrent le cabestan et nous commençâmes à virer. Dès le début, l'avant s'abattit de quelques degrés; nous redoublâmes d'efforts, il continua son abattée. Dumont d'Urville, Voyage au pôle sud et dans l'Océanie,1842, IX, pp. 328-329.
Cf. abattre, sém. I B.
Rem. Le sens suiv. n'est pas confirmé par Jal 1848 :
2. L'abatée est l'inclinaison ou la bande que prend le navire sous l'action du vent ou du gouvernail. A. Croneau, Construction pratique des navires de guerre, t. 2, 1892.
Cf. abattre, sém. mar. I B (abattre en carène).
B.− P. ext. AVIAT. Chute en piqué à la suite d'une perte de vitesse qui rompt l'équilibre horizontal de l'avion.
Rem. Le lex. de l'aéron. s'est constitué par des empr. aux terminol. relevant d'une sphère d'activité connexe ou contiguë, transp. par route, ch. de fer, navigation mar. − cette dernière apparaissant comme un secteur d'empr. priviligé : ,,Cette technique très ancienne a été considérée comme la plus proche de la technique nouvelle. Cette affinité ne reposerait pas seulement sur des visions poétiques, mais surtout sur une parenté réelle des principes scientifiques, qui sont à l'origine des deux formes d'activité``. (Guilb. 1965, p. 188).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [abate]. 2. Forme graph. − DG et Rob. mettent en vedette la forme abatée. Lar. encyclop. renvoie sous la vedette abatée à abattée mais note l'usage des 2 formes : ,,abattée ou abatée``. Pt Rob. préconise la forme abattée et considère abatée comme vieilli. 3. Hist. − Le mot apparaît sous sa forme graph. actuelle dès son entrée dans la lang. à la fin du xviies. (cf. étymol.). En vedette ds Trév. 1771 et ds Besch. 1845, la forme mod. est néanmoins concurrencée jusqu'au xxes. par la forme abatée sans redoublement de consonne. Fur. 1701, Trév. 1704 et 1752 ainsi que Ac. 1798 et Suppl. 1835) donnent abatée; Trév. 1771 et Besch. 1845 emploient comme vedette abattée avec redoublement de consonne; la forme abatée y figure cependant comme vedette de renvoi. Littré, sous la vedette abatée, propose le commentaire suiv. : ,,L'Académie ne met qu'un t; mais il en faudrait deux à moins qu'on n'en retranche un dans abattre; faire autrement, c'est multiplier inutilement les exceptions et les difficultés de l'orthographe.`` Besch. 1845 : ,,Les exemples que nous avons cités prouvent que le mot abattée s'emploie au pluriel, ce dont ne parle pas l'Académie.``
ÉTYMOL. − 1687 terme mar. (Desroches, Dict. termes propres de mar. d'après Jal : Abattée, mouvement d'un vaisseau en pane, qui arrive de luy mesme jusques à un certain point; apres quoy il revient au vent). Texte plus explicite ds Romme, Dict. mar. fr., 1813 ds Jal : Mouvement horizontal de rotation, que le vent, les lames ou un courant impriment à un vaisseau sur lui-même lorsqu'il n'est animé d'aucune vitesse progressive... Un vaisseau est-il en appareillage ou se prépare-t-il à partir? s'il présente directement sa proue au vent, il est obligé de faire une abattée à droite ou à gauche, pour que le vent puisse frapper dans ses voiles déployées. Dér. de abattre*, terme mar. « s'écarter du rumb ou de la direction du vent qui doit régler la conduite du vaisseau » (dep. 1683, Guillet, Arts de l'homme d'épée, ds Jal 1848). HIST. − A.− Terme de mar. − xviiies. : En termes de Marine se dit du mouvement d'un vaisseau en pane, qui arrive de lui-même jusqu'à un certain point, après quoi il revient au vent. Trév. 1752. − Rem. 1. Terme ignorée par les dict. de l'Ac. figure ds le Suppl. Ac. 1835. Dupont [1798]. 2. A partir de Besch., on note une évolution dans la déf. Il est en effet le 1erà distinguer, pour un bateau à l'arrêt, l'abattée, qui écarte l'avant du bateau de la direction d'où vient le vent, de l'auloffée, qui le fait revenir à sa position première; les dict. ant. désignaient sous le nom de abattée les 2 mouvements. 3. Autre évolution à partir de Littré : il n'est plus précisé que le bateau doit être à l'arrêt. L'abattée peut en effet se faire pendant la marche du bateau et il peut y avoir changement de cap (cf. abattre, hist. II B 3). 4. Jusqu'à Littré l'abattée est dite involontaire, sans doute parce qu'alors les bateaux étaient mous [c'est-à-dire s'abattant d'eux-mêmes sous la poussée du vent]. Après lui les dict. n'en font plus état, sans doute par suite de l'évolution de la techn. et de l'apparition de bateaux ardents (résistant bien au vent). B.− Terme d'aviat., xxes. (cf. sém.).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 2.
BBG. − Bouillet 1859. − Gruss 1952. − Guilb. Aviat. 1965. pp. 179-188. − Jal 1848. − Le Clère 1960. − Soé-Dup. 1906. − Will. 1831.