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TRAITER, verbe
I. − Empl. trans. dir.
A. − Qqn traite qqn/qqc. (de telle manière).Agir avec quelqu'un/quelque chose (de telle manière).
1. [Le compl. d'obj. désigne une pers., une collectivité] Traiter qqn avec bonté, douceur; traiter qqn selon ses mérites; traiter qqn aimablement, amicalement, bien, mal, durement, différemment, familièrement, grossièrement. Il traite les idées comme les chevaliers traitaient les veuves et les orphelins. Il les prend sous sa protection, dès qu'il les voit assez nues et délaissées (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 48).Traiter chaque homme avec honneur et avec bonne humeur (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 434).
[Le compl. d'obj. désigne le corps hum. ou un aspect de la pers.] Il traitait son corps comme son esprit, avec sagesse, ainsi qu'un bon outil utile, et non comme un but, une fin en soi, un objet de culte et d'adoration (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 289):
... quelque chose en moi ne souffre pas et reste en contact avec un univers non altéré. Agir de même avec les passions. Les faire descendre, les ramener à un point, et s'en désintéresser. Traiter ainsi notamment toutes les douleurs. Les empêcher d'approcher les choses. S. Weil, Pesanteur, 1943, p. 17.
Empl. pronom. Réfl. Celui qui ne dit de mal de personne a bien le droit de se traiter avec quelque indulgence (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 313).Réciproque. Comment allez-vous, dans votre appétit du bonheur, vous traiter les uns les autres? (...) Êtes-vous des frères, ou êtes-vous des ennemis? (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 3).
Loc. et expr.
Vx. Traiter qqn de haut. V. haut1II G 1 loc.
Traiter qqn d'égal à égal. V. égal II A loc.
Traiter qqn de Turc à Maure. V. maure I p. ext., expr.
P. anal. [Le suj. désigne qqc.] La vie moderne traite les esprits de telle sorte que l'on peut raisonnablement concevoir de grandes craintes pour la conservation de la valeur dans l'ordre intellectuel (Valéry, Variété III, 1936, p. 263).
2. [Suivi de comme ou de en] Considérer comme.
[Le compl. désigne une pers.]
[Avec comme] Traiter qqn comme son fils. Traiter Julien comme l'ami le plus intime (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 352).Elle passa de l'emploi de la mégère à celui de nourrice. Elle (...) traitait Paul comme un minus habens, un matricule, une pauvre loque qu'il fallait plaindre (Cocteau, Enfants, 1929, p. 63).Traiter comme un chien. Naturellement il attribua toute l'intrigue à Disraëli et se mit à traiter celui-ci comme un chien (Maurois, Disraëli, 1927, p. 160).Rare, empl. pronom. réfl. Apprends à te traiter comme un autre prochain (Amiel, Journal, 1866, p. 323).
[Avec en] Traiter qqn en ami, en enfant, en homme. Dans le salon. Là, qu'un homme en rencontre un autre, quel qu'il soit, il le traite en voisin et en semblable (Goncourt, Journal, 1865, p. 147).Ce qu'il lui reprochait le plus, c'était de traiter les gens en choses (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 223).Rare. [Le suj. désigne un élém. de la pers.] Sa pensée traitait un peu Julien en être inférieur (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 353).Empl. pronom. réfl. Le Parisien se traite en peuple roi et s'adjuge des droits régaliens, prérogative de la couronne (Amiel, Journal, 1866, p. 300).
[Le compl. désigne une chose] [Avec comme] Les gens de Quimper traitaient Sein comme une seconde ville d'Ys (Queffélec, Recteur, 1944, p. 226).[Avec en] Notre manière de « traiter la parole en art libéral », comme dit Mmede Staël (Mounier, Traité caract., 1946, p. 107).
B. − Qqn traite qqn de qqc.
1. Donner un titre, une qualité à quelqu'un. Delpit, qui me traite, mon frère et moi, de grands écrivains! (Goncourt, Journal, 1887, p. 719).Amiral! Il me traite d'amiral (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 702).Empl. pronom. réciproque. Le décrotteur et le ministre se traitaient l'un et l'autre d'effendi (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 199).
P. anal.
[En parlant d'animaux] L'homme, qui aime le gibier faisandé, traite les vautours de mangeurs de charogne (Renard, Journal, 1900, p. 601).
[En parlant de choses] Il résulterait, pour l'ensemble de la terre, une densité moyenne de 11 habitants par kilomètre carré: chiffre qu'on peut traiter de pure abstraction (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 20).
2. Péj. Qualifier de. Traiter de minable, de pauvre type. Cette feinte était justement le propre des Verdurin, lesquels traitaient d'ennuyeux tous ceux qu'ils ne pouvaient fréquenter (Proust, Sodome, 1922, p. 1044).Si vous voulez convaincre de l'horreur de la guerre celui qui ne refuse pas la guerre, ne le traitez point de barbare (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 252).Empl. pronom. réfl. Il se traitait d'imbécile pour n'avoir pas songé à se munir d'un flambeau (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 143).
Traiter qqn de tous les noms. V. nom II A 1 loc.
C. −
1. Recevoir chez soi, convier à sa table; régaler un invité ou un client (pour un restaurateur). Traiter princièrement, royalement. C'est un grand plaisir de traiter ses vieux amis (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 25).Les Baudoin recevaient et traitaient à leur table de famille des amis venus de loin (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 127).Empl. pronom. réciproque. Eux ici, nous chez eux, on se traite tour à tour, on se divertit le dimanche, on danse sur la place (Courier, Pamphlets pol., Pétition pour vill., 1822, p. 135).
2. [Le suj. désigne un médecin] Soigner (un malade) de façon suivie en prescrivant un traitement. À quoi servirait toute cette récolte d'herbes: « À nous soigner, répondit le jeune garçon, à nous traiter quand nous serons malades (...) » (Verne, Île myst., 1874, p. 178).C'est ainsi que j'entends traiter mes malades, Bardamu, par l'électricité pour le corps et pour l'esprit, par de vigoureuses doses d'éthique patriotique, par les véritables injections de la morale reconstituante! (Céline, Voyage, 1932, p. 118).
[Le compl. d'obj. désigne des animaux] Ils traitaient eux-mêmes leurs animaux, leur administraient des purgations, des clystères (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 30).
[P. méton.] Traiter une blessure, une maladie, une plaie. Il n'y a là qu'une source sulfureuse, qui nous permettra de traiter efficacement nos laryngites (Verne, Île myst., 1874, p. 106).En ce temps-là sans doute, on traitait bosses et tumeurs (...), on les écrasait sous un gros sou (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, p. 452).
D. − Qqn traite qqc.
1. Soumettre une substance ou un produit à l'action d'un agent physique, mécanique ou chimique en vue d'un résultat. Des métaux nous servent à traiter d'autres métaux; nous les assujétissons avec des pinces en fer, nous les forgeons avec des marteaux de fer (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 262).L'ingénieur traita la graisse par la soude, ce qui donna (...) un savon soluble (Verne, Île myst., 1874, p. 156).
2. Soumettre une question, une affaire à des discussions, à des négociations entre plusieurs personnes, en vue d'un accord. Traiter une affaire. Des mandataires n'étaient pas autorisés, sauf quelques exceptions rares et courtes, à disputer à leurs commettants le droit de savoir comment ils traitaient leurs intérêts (Constant, Princ. pol., 1815, p. 63).La Belgique, où il allait traiter un achat important de houille, dans l'espoir de remettre en marche les métiers de sa fabrique (Zola, Débâcle, 1892, p. 553).Empl. pronom. passif. Sur la petite place (...) les affaires se traitaient, les marchés se tenaient, les fêtes se donnaient (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 120).
3. Soumettre à la pensée, à la réflexion en vue d'étudier, d'exposer. Synon. étudier, examiner.Traiter une question, un problème, un sujet, un thème; traiter à fond une matière. Comment faut-il traiter les équations de la physique mathématique? (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 145).Je confesse d'être si neuf dans la matière qu'il m'échoit de traiter aujourd'hui devant vous (Valéry, Variété IV, 1938, p. 159).
En partic., dans le domaine de la litt., des beaux-arts.Mettre en œuvre de telle manière, dans tel style. Synon. exécuter, exposer, représenter (de telle manière).Traiter, dans des romans séparés, un certain nombre de sujets convenablement choisis (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. vii).En avril 1904, il [Cézanne] écrit à Bernard, qu'il faut traiter la nature par le cylindre, la sphère, le cône (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 176).
[P. méton.; le suj. désigne un ouvrage] Son roman En route [de Huysmans] traite la question des Trappes (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1894, p. 225).
Spécialement
INFORMAT. Action de mettre en œuvre des procédés et des techniques informatiques afin d'exécuter des programmes à partir de données textuelles chiffrées ou autres. Traiter des données. Ensembles électroniques à bandes magnétiques traitant en quelques heures des opérations qui exigeaient, en comptabilité classique, de longues journées de travail (Admin. P. et T., 1964, p. 40).
LING. Il est (...) possible que la manière populaire de traiter promener soit un archaïsme (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 161).
MUS. Le lied [Résignation] garde une objectivité classique, dont le caractère (...) était marqué, dès l'origine, par la volonté de le traiter à quatre voix (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 193).
II.
A. − Empl. trans. indir. Qqn traite de qqc.Disserter, appliquer son esprit à l'étude méthodique d'une question. Synon. discuter de.Traiter de la chimie propre des corps vivants (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p. 90).Nous ne traitons pas ici de l'art de penser (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 312).
− Dans le domaine de la litt.La rhétorique ne voit dans la fièvre ou la nouveauté que l'un des événements dont traite l'écrivain (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p. 165).
[P. méton.; le suj. désigne un texte, un ouvrage] Exposer. Synon. parler de.Un petit livre intitulé la Volière d'Ernestine (...) qui traitait en quelques pages de tous les oiseaux (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 159).
B. − Empl. intrans. Qqn traite avec qqn.Entrer en relation ou en pourparlers avec quelqu'un pour discuter d'une question. Synon. négocier.Traiter directement avec qqn. Tout mortel qui s'avise de bâtir se donne un maître s'il traite avec un entrepreneur (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 245).On ajoutait un étage, un « appartement » au chalet d'un frère ou d'un parent. Le forgeron semblait disposé à traiter en ce sens avec Jos-Mari (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 39).
En partic.
Conclure une convention politique. Traiter de puissance à puissance. Je répugnais à traiter tout d'abord, avec les colonies, sur la base de leur indépendance (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 227).
Conclure un marché. Le grand ingénieur traite à forfait (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 88).
REM.
Traite, subst. fém.,région. (Canada). [Corresp. à supra I C 1] Tournée (à boire). Payer la traite. Quoiqu'il participât à chaque traite générale, l'hôtelier ne s'enivrait jamais (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 230).
Prononc. et Orth.: [tʀ εte], [tʀe-], (il) traite [tʀ εt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1remoit. xiies. « poursuivre des négociations en vue d'un accord » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, LXXXII, 3 et 5); b) ca 1165 traitier (de) « prendre pour objet d'étude, exposer oralement ou par écrit » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 147); 2. a) 1174-76 traitier « agir envers quelqu'un de telle ou telle façon » (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2663); 1671 traiter qqn de « l'appeler, le qualifier de » (Molière, Scapin, II, 4); b) 1539 (Est.: Traicter quelqu'ung amplement et en grande abondance de viande); 3. 1213 tretier « toucher, manier » (Fet des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 611, 22) − 1638, Le Baud, Hist. de Bret., ch. III ds Gdf.; 4. a) 1539 traicter « donner des soins » (Est., s.v. nutrire : traicter et penser ung ulcere); b) 1765 traiter « soumettre une substance à des manipulations, à des réactions » (Encyclop. t. 10, p. 432a, s.v. métallurgie). Du lat. tractare « traîner avec violence » et « toucher » d'où « manier, palper », « prendre soin de, s'occuper de, gérer »; « discuter », « se conduire envers quelqu'un de telle ou telle manière », « traiter un sujet, une question », fréquent. de trahere, v. traire. Fréq. abs. littér.: 5 404. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9 144, b) 7 319; xxes.: a) 7 202, b) 6 917.