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ÉTROIT, OITE, adj.
A.− [Gén. avec l'idée péj. d'un manque d'espace]
1. [En parlant de choses concr.] Qui a peu de largeur. La mère et la fille, vont, d'une allure balancée l'une devant l'autre, par un étroit sentier creusé dans les récoltes (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Aveu, 1884, p. 158).La vallée, qui pendant des lieues n'était qu'un étroit couloir de roches, sinueux et profond, s'élargissait subitement (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 207).Cf. adonc ex. 1 :
1. L'étroite langue de plateau enserrée entre la masse du château et les précipices où serpentait le sentier était partout couverte d'un gazon ras et élastique... Gracq, Argol,1938, p. 24.
SYNT. Banc, canal, chemin, chenal, corridor, défilé, rempart, ruban, sillon, vallon, vestibule étroit; allée, bandelette, embouchure, rivière, route, rue, ruelle, vallée étroite.
En partic.
a) [En parlant d'un vêtement] Qui est trop ajusté, serré. Corset étroit; redingote étroite; souliers étroits. Un étroit corset rouge embrassait sa ceinture (Lamart., Jocelyn,1836, p. 614):
2. ... celui-là agite rudement sa jambe pour faire redescendre sur sa botte le pantalon trop étroit que le frottement d'une jambe voisine a replissé jusqu'au genou. Soulié, Mém. diable,t. 2, 1837, p. 89.
b) [En parlant du corps hum.] Qui est mince, maigre. Dos étroit; taille étroite. Janet est étendu sous ses draps, raide et droit. Son corps étroit bossue la couverture grise comme une levée de sillon (Giono, Colline,1929, p. 30):
3. On le jette nu, dans un atroce relent de sueur, aux gendarmes qui le toisent, aux médecins qui le palpent, et le major déclare : « Rien au cœur, rien au poumon. Bon pour le service armé », et il ajoute en frappant la poitrine étroite : « Ça vous fera du bien. Ça vous développera, le grand air, l'exercice! » Vercel, Cap. Conan,1934, p. 154.
Étroit de + subst. (indiquant ce qui est étroit).Cf. afghan ex. 2 :
4. ... elle était complètement nue, et, ainsi dépouillée de la robe bouffante, son petit corps se montrait si jeune, si enfantin de poitrine, si étroit de hanches, si visiblement impubère, que Démétrios se sentit pris de pitié... Louÿs, Aphrodite,1896, p. 82.
Rem. Étroit est employé subst. dans la loc. arg. faire l'/son étroite. Faire la mijaurée, se faire passer pour vierge. Ouste! enlevez le veau! Fais pas ton étroite! tu vas trinquer avec les patriotes! (France 1907). Au masc. (rare). Oh! ... je ne veux rien prendre (...) je ne peux pas boire le matin (...) − Ne faites donc pas l'étroit; (...) un verre de vin vous ouvrira l'appétit (Raban, Marco Saint-Hilaire, Mém. forçat, t. 2, 1828-29, p. 156).
2. P. ext. [En parlant d'un lieu, d'un espace] Dont la surface est (trop) limitée; exigu. Chambre, cour, logement étroit(e). Mes articles étaient accueillis favorablement, mais le cadre étroit du journal se refusait à de fréquentes insertions (M. de Guérin, Corresp.,1834, p. 162).Une chambre donnant sur une petite cour carrée si étroite, qu'elle semblait un long tuyau de cheminée (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 111):
5. ... Yves avait entendu cette parole affreuse dans ce même petit bureau où maintenant une personne est assise, une grosse blonde qui a chaud, trop chaud pour demeurer dans une pièce si étroite, bien que la fenêtre en soit ouverte. Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 236.
SYNT. Étroit bistrot, bureau, cabinet, cachot, palier, patio; étroite prison, salle; antichambre, cage étroite.
3. P. métaph. ou au fig.
a) Domaine de la vie spirituelle.[P. réf. à l'Évangile selon St Matthieu, VI, 13-14 : Entrez par la porte étroite. Large en effet est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui s'y engagent; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent] La voie étroite. La voie du salut que l'on peut atteindre par une vie de renoncement. Anton. la voie large « la voie de la perdition ».Le chemin étroit. Le pasteur Vautier, sans doute intentionnellement, avait pris pour texte de sa méditation ces paroles du Christ : « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite » (Gide, Porte étr.,1909, p. 505):
6. Mais quoi, si l'on fait un pas hors de la voie étroite, que se passe-t-il? Tombe-t-on dans le vide? Non, la voie se fait très large, simplement. Il n'y a plus d'abîme (car la vue de l'abîme, le sentiment du gouffre est une grâce), il y a la vie facile, le plaisir... Green, Journal,1955-58, p. 243.
b) Domaine profane
− Domaine de la vie matérielle, vieilli.Qui manque d'aisance matérielle. Le passage d'une aisance considérable à une situation étroite et gênée, dispose souvent à l'aigreur (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1569).Il [Le Corrège] ne connut jamais l'étroite pauvreté, et la nécessité ne le força pas à l'avarice comme on le prétend (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 225):
7. Une nécessité s'imposait, que la comtesse n'avait pas voulu encore envisager résolument : quitter l'hôtel, l'abandonner aux créanciers hypothécaires (...), se retirer tout de suite au fond de quelque petit logement, pour y vivre une vie étroite et effacée, jusqu'au dernier morceau de pain. Zola, Argent,1891, p. 367.
− Domaine de la vie active.Qui a peu d'extension, restreint. Limite étroite; cercle étroit d'occupation, de sensations :
8. ... elle [la vie sédentaire] rétrécit les horizons du cœur et ceux de l'intelligence; elle tend à étriquer la vision des hommes et des choses, que le trop court rayon de l'expérience ramène aux perspectives d'une petite ville, d'un cercle étroit de conventions, d'un trou de rat quelconque... Mounier, Traité caract.,1946, p. 83.
− Domaine du lang.Sens étroit d'un mot. Sens restreint. Anton. sens large.Définition, signification étroite :
9. On entend ordinairement l'égoïsme en un sens plus étroit que l'égocentrisme. C'est, si l'on veut, de l'égocentrisme durci et recuit, et cette fois essentiellement captatif. Mounier, Traité caract.,1946p. 545.
c) [En parlant de la vie intellectuelle ou morale] Qui manque de largeur de vues. Dogmatisme étroit; principes étroits; morale étroite. Je suis constamment frappé de la façon étroite et mesquine dont nous envisageons les choses, les institutions et les peuples (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 214).Cf. borné II B 2 et buté II A 2 :
10. Je savais qu'il n'y avait là ni inconscience ni bravade, mais volonté tenace de lutte, lutte contre l'étroit formalisme militaire, la routine odieuse des casernes où l'on prétendait le plier. Vercel, Cap. Conan,1934, p. 91.
Emploi subst. Cf. borné II B ex. 5.
Péj. [En parlant d'une pers. ou d'un élément de la pers.] Qui a peu de capacités intellectuelles. Cerveau, crâne étroit; étroit et borné; étroit et mesquin. Anton. large.Elle avait l'esprit étroit et peu cultivé, dans la ville ses naïvetés étaient devenues proverbiales (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 57).
Étroit de + subst. (indiquant ce qui est étroit).Célestine attristée jugea son mari étroit de cervelle, timide, peu compréhensif (Balzac, Employés,1837, p. 12).
Par antiphrase, proverbe. ,,Avoir la conscience étroite comme la manche d'un cordelier. Avoir la conscience large, n'être pas scrupuleux`` (Ac. 1835, 1878).
B.− [Gén. avec l'idée d'une union que favorise le peu d'espace ou de distance entre les choses ou les êtres]
1. Non péj.
a) [En parlant de choses concr.] Qui est serré. Faire un nœud étroit. Entourer d'un lien étroit (DG). Il [l'homme] serra plus fort ses poings noueux qui froissèrent d'une étreinte plus étroite les pattes du malheureux (Pergaud, De Goupil,1910, p. 29):
11. Des chevilles aux hanches, elle était prise dans un réseau de mailles étroites imitant les écailles d'un poisson et qui luisaient comme de la nacre... Flaub., Salammbô,t. 2, 1863, p. 159.
b) Au fig. [En parlant de choses abstr.] Qui rapproche, qui unit de près; intime. Il y a un rapport étroit, un lien serré entre le propriétaire et sa propriété (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 243).Vous irez à l'assaut tous ensemble, sur tout le front, en étroite union avec les armées de nos alliés (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 88).
SYNT. Coopérateur, lien étroit; association étroite; étroit contact, enchaînement; étroite alliance, amitié, cohésion, complicité, coopération, intimité, parenté, relation, solidarité; étroit(e) et durable; étroit(e) et parfait(e).
2. Souvent péj. [Avec l'idée de contrainte] Rigoureux, strict. Étroite captivité, dépendance, loi, surveillance; droit étroit. Au-dessus du droit étroit et abusif d'un mari trompé, il y a le droit humain, passionnel, imprescriptible (Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 142).L'État est avant tout la justice organisée, et sa fonction première, son devoir le plus étroit, est d'assurer la liberté (Cousin, Philos. écoss.,1857, p. 223):
12. ... elle montrait un rigorisme si outré, elle pratiquait ses devoirs religieux avec tant d'obstination étroite, qu'elle avait comme séché dans l'existence méthodique qu'elle menait. Zola, N. Micoulin,1884, p. 7.
C.− Loc. adv. À l'étroit (dans/sur + subst.)
1. Dans un espace trop petit (cf. A 1). Plus tard, capitale d'un grand État, elle [la ville] se trouva à l'étroit dans ses remparts désormais inutiles et dont elle fit de vertes promenades (France, Île ping.,1908, p. 420).Rien n'égale comme coût ces chênes royaux, à l'étroit sur un arpent (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 142).
2. P. ext. D'une manière qui laisse peu d'aise (cf. B 1 a). Ce sont de petits vieux rabougris, aux joues poudrées de cendre, ou de gros poussifs encerclés à l'étroit dans leurs capotes passées et tachées (Barbusse, Feu,1916, p. 49).
Au fig. Mal à l'aise, gêné. Mais déjà j'étais à l'étroit dans ces époques trop petites (Giraudoux, Suzanne,1921, p. 94):
13. Souvent aussi la réflexion se trouvoit à l'étroit dans ces religions intolérantes dont on avoit pour ainsi dire un code pénal, et qui donnoient à la théologie toutes les formes d'un gouvernement despotique... Staël, Allemagne,t. 5, 1810, p. 22.
Être à l'étroit, vivre à l'étroit. ,,N'avoir pas les commodités de la vie`` (Ac.; cf. A 3 b).
Prononc. et Orth. : [etʀwa], fém. [-wat]. Mais [ɑ] ds Passy 1914 et à titre de var. ds Warn. 1968; il s'explique par la présence d'un [ʀ] vélaire apr. consonne. Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 2 1787 signalent que quelques-uns prononcent [etʀ ε] ce qui correspond à une autre possibilité d'évolution de la diphtongue -oi- (cf. aboyer). Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1100 [si chevalchent] es treiz « en rangs serrés » (Roland, éd. J. Bédier, 1001); 1155 estreite « qui a peu de largeur » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 2954); ca 1165 « privé, intime » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 15230); ca 1205 a l'estroit « dans un espace trop réduit » (Renart, éd. E. Martin, Br. XVII, 1589); fin xiiies. [ms.] estroit et dur covine « qui manque de générosité » (Guiot de Provins, Bible, éd. Fr. Wolfart, 1336). Du lat. class. strictus « serré, étroit; concis; sévère, rigoureux », part. passé adj. de stringere « serrer ». Fréq. abs. littér. : 6 399. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 127, b) 10 224; xxes. : a) 10 156, b) 8 691. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 128. − Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, pp. 305-306.