Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ÉGORGEMENT, subst. masc.
Action d'égorger ou fait d'être égorgé.
A.− Action de tuer en tranchant la gorge. Il est vrai que le berger pense beaucoup aux moutons et au bien des moutons; les choses ne se gâtent qu'à l'égorgement; mais c'est chose prompte, séparée, et qui ne change point les sentiments (Alain, Propos,1923, p. 480):
1. ... le rituel de l'égorgement est celui de tout animal abattu en vue d'être consommé : on prononce la formule, « au nom de Dieu » et la gorge de la bête, ainsi que ses deux carotides, sont tranchées d'un seul coup, si possible. G.-H. Bousquet, Les Grandes pratiques rituelles de l'Islam,1949, p. 98.
B.− P. ext. Meurtre sauvage, massacre sanglant commis le plus souvent sur des personnes sans défense; action de se massacrer les uns les autres, tuerie. Ainsi un égorgement infâme, le massacre des passants, voilà ce que contenait, comme nécessité suprême, la « mesure » du 2 décembre (Hugo, Nap. le Pt,1852, p. 102).Les grands égorgements, laissant des peuplades entières aux vautours (Loti, Spahi,1881, p. 153).Victoire suivie de l'égorgement des prisonniers sur parole (Bloy, Journal,1902, p. 107).
C.− Au fig., vieilli. Action de mettre quelqu'un dans une situation difficile, intenable, de mettre en pièces ou de faire disparaître brutalement quelque chose.
1. [Le compl. du nom désigne une pers.] Action de ruiner quelqu'un, de l'exploiter, de lui soutirer de l'argent sans scrupules et d'une façon malhonnête; action de le déconsidérer impitoyablement dans l'esprit des autres. La postérité (...) se prête peu à ces égorgements d'un homme par un autre [Dangeau par Saint-Simon], ce dernier eût-il tous les talents du monde (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 11, 1851-62, p. 5).Je sens que la fortune et la graisse de cet homme ont été faites avec l'égorgement des paysans (Goncourt, Journal,1877, p. 1195).Nom de Dieu! cria-t-il, en voilà un égorgement!... Alors, aujourd'hui, c'est l'ouvrier qu'on force à manger l'ouvrier! (Zola, Germinal,1885, p. 1259):
2. Mon Rapilly a été inflexible, il n'a voulu lui donner que ses 120 francs... Je n'ai jamais vu d'égorgement aussi féroce accompli avec des apparences aussi bonhommes. Goncourt, Journal,1876, p. 1110.
2. [Le compl. du nom désigne une chose]
a) [Une chose pouvant être personnifiée ou désigner des pers. p. méton.] Action d'anéantir une valeur, une institution, en usant de la violence ou de la terreur; action de réduire un pays à l'impuissance, à la dépendance. C'est le commencement de l'égorgement systématique des Pays-Bas et du pays wallon (Faure, Hist. art,1914, p. 468).L'égorgement de la Hongrie continue. Ce pays ne veut pas mourir et la lutte continue (Green, Journal,1955-58, p. 262):
3. ... ce mot, Ordre, signifie : faux serment, parjure (...) égorgement de la liberté, étranglement du droit, viol des lois, souveraineté du sabre, massacre, trahison... Hugo, Nap. le Pt,1852p. 198.
b) [Une œuvre littér. ou esthétique] Action d'attaquer violemment, de dénigrer une œuvre dans un article de façon à lui enlever la faveur du public; action de huer une représentation, un concert. L'ouverture [d'Obéron] obtint les honneurs d'un égorgement en public (Berlioz, À travers chants,1862, p. 237).Au « Figaro », c'est un curieux égorgement de la peinture par la critique (Goncourt, Journal,1881, p. 113).Ah! on le lui arrangeait, son pauvre bouquin! C'était un égorgement, un massacre, toute la critique hurlant à ses trousses (Zola, Œuvre,1886, p. 206).
Prononc. et Orth. : [egɔ ʀ ʒ əmɑ ̃]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1538 esgorgement (R. Est., Dict. latinogallicum, s.v. jugulatio ds Rom. Forsch., t. 32, p. 52). Dér. du rad. de égorger*; suff. -ement1*. Fréq. abs. littér. : 66.